La rentrée n’aura pas lieu

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La rentrée n’aura pas lieu
Stéphane Benhamou
Éditions Don Quichotte
Roman
176 p., 00,00 €
EAN : 9782359495676
Paru en août 2016

Où?
Le roman se déroule en France, principalement dans le Sud du pays et à Paris, même si la première ville citée est Sainte-Menehould. On passe notamment par les péages autoroutiers ainsi que par les lieux de villégiature suivants : Lyon, Orange, Valence, Marseille, Castellane, Gardanne, Gap ou encore Millau, Virsac, Courchevel, Montagnac, Saint-Arnoult, Lançon, Châteauroux, Saintes, Saint-Martin-en-Ré, Cogolin, Eygalières, Le Luc, Biarritz-La Négresse, Agen-Porte d’Aquitaine, Montélimar-Nord, Nîmes-Ouest, Gallargues-le-Montueux, Cambarette Nord, Confrécourt. Bien entendu le PC routier de Rosny-sous.Bois y jour son rôle ainsi que Moustiers, au cœur des gorges du Verdon, qui devient le lieu symbolique de la résistance.

Quand?
L’action se déroule du 27 août au 15 septembre, dans un futur plus ou moins proche.

Ce qu’en dit l’éditeur
Comme chaque année, pour les traditionnels retours des vacanciers, Bison futé avait prévu que les 26 et 27 août seraient des journées noires sur les routes. Mais aux péages, comme dans les gares et les aéroports, on ne vit personne revenir. Onze millions d’Aoûtiens avaient, semble-t-il, décidé de faire la rentrée buissonnière.
Cette année-là, sans se concerter, sans obéir au moindre mot d’ordre, 11 millions d’Aoûtiens ne reprirent pas le chemin du travail et de l’école à la fin août.
Pandémie de burnout face à la crise qui n’en finissait plus, au terrorisme qui, on ne cessait de le répéter, ne manquerait pas de frapper encore, abstention généralisée devant la menace de moins en moins fantôme d’une élection présidentielle terrifiante?
Tous ceux qui avaient l’habitude de chroniquer et de disserter doctement, observateurs et acteurs de la vie politique, économique et sociale, se trouvèrent aussi désemparés pour comprendre le phénomène que le gouvernement pour trouver des solutions à cette rentrée buissonnière.
Les patrons menacèrent de licencier en masse, les banques de bloquer les comptes des « déserteurs » et, passé le mouvement de sympathie amusée des premiers jours, l’agacement puis la colère s’emparèrent de ceux qui avaient repris le travail.
Les Aoûtiens, eux, ne demandaient chaque jour qu’un autre jour pour reprendre le souffle qui leur avait manqué quand il s’était agi de prendre le chemin du retour.
Objets de toutes les préoccupations, sujets des études les plus alarmantes et cibles des haines les plus féroces, les Aoûtiens découvraient un nouveau monde et une vie dont ils étaient privés jusqu’à cette rentrée.

Ce que j’en pense
***
Voilà une petite fable bien sympathique qui nous met une très grande partie des Français en scène. Je veux parler de tous ceux qui prennent leurs vacances en août et se donnent rendez-vous dans le Sud du pays. Pour son premier roman, Stéphane Benhamou a choisi de faire durer le plaisir en imaginant que ces aoûtiens décident de rester sur le lieu de villégiature au lieu de reprendre le chemin du bureau ou de l’école.
Du 27 août au 15 septembre, cette « parenthèse inattendue » a quelque chose de sympathique et d’effrayant. Après tout, qui n’a pas rêver de pouvoir prolonger ses vacances. Mais si des millions de personnes le font en même temps, cela pose quelques problèmes. Un premier rapport ministériel explique que la fin août n’a pas opéré « comme le sas habituel entre repos et travail. Quelque chose s’est déréglé dans la mécanique inexorable de la rentrée et a laissé une béance à sa place. Les gens ne veulent plus parler. Ils attendent chaque jour le lendemain pour gagner une nouvelle journée et se sentir plus forts. Septembre est un rivage que ne peut atteindre, pour l’instant, ce monde flottant. »
Michel Chabon, dont la profession consiste à rédiger les messages d’information sur les panneaux d’autoroute – et qui se retrouve du coup sans occupation en raison d’une circulation quasi inexistante – est chargé d’analyser cette « sorte de grève générale sans préavis ni revendication. »
Il se rend à Moustiers au bord du Verdon, devenu en quelques jours le lieu symbolique d’un mouvement qui met en cause la place du travail dans la société, les cadences infernales qui mènent au burn-out, l’exaspération face à une économie qui tourne au ralenti, la peur du terrorisme ou encore la démission du pouvoir.
De fait, au sommet de l’État, c’est la sidération qui domine et les solutions tardent à venir. « Ce qui se passe aujourd’hui est d’une gravité qu’il ne faut ni sous-estimer ni exagérer. » Du côté des patrons, des banquiers et des «rentrés» le ton est plus dur, les slogans plus directs. Il faut couper les vivres à ces dangereux sécessionnistes, avant qu’ils n’infestent la société avec ce «virus qui avait infesté le corps national en mai 1968 et dont l’organisme n’avait jamais pu guérir. »
D’un côté on ressort quelques tubes dont la bande son marque bien la volonté de profiter de l’arrière-saison, de l’Aquoiboniste de Gainsbourg à l’Auto-Stop de Maxime Le Forestier, de l’Été indien de Joe Dassin au Sud de Nino Ferrer, en passant par Le lundi au soleil de Claude François, tandis que de l’autre on réclame des licenciements en masse, l’arrêt des approvisionnements et le retrait de l’argent dans les distributeurs bancaires : « Pas de rentrée, pas d’argent. La peur va changer de camp. »
Michel, qui retrouve Martine, sa chef du personnel, allongée au bord de la rivière et pas forcément décidée à regagner son bureau, va devenir le porte-parole de ces aoûtiens qui hésitent entre déprime et révolution.
Si leur histoire va se terminer assez vite, elle nous aura permis de découvrir, sous couvert d’un conte bien enlevé, les racines du mal français, les arcanes de la politique, le jeu des extrêmes et une nouvelle sociologie du travail. Le tout en moins de 200 pages qui se lisent avec les images des dernières vacances et ce refrain tout aussi nostalgique en tête :
«Le lundi au soleil
C’est une chose qu’on n’aura jamais
Chaque fois c’est pareil
C’est quand on est derrière les carreaux
Quand on travaille que le ciel est beau…

68 premières fois
Blog motspourmots.fr  (Nicole Grundlinger)

Autres critiques
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Extrait
« Depuis le début des années soixante-dix, dans tous les ministères – celui de Michel, les Transports – comme à l’Intérieur et au Tourisme, on s’employait à disqualifier le « suivisme moutonnier » (le terme ne devait pas sortir dans des rapports destinés au public) qui voulait que tout le monde parte en même temps aux mêmes endroits. On lançait des campagnes d’information, finançait enquêtes et sondages pour rendre tendances d’autres destinations que le littoral. Les vacanciers modernes et responsables y auraient d’autres préoccupations et plaisirs que ceux de s’entasser sur les mêmes plages et de bouchonner ensemble sur les routes. Mais rien n’y faisait. On continuait à partir en masse au mois d’août – onze millions de Français en congés pour au moins trois semaines – et la France se complaisait dans cette vie ralentie.
Les bilans de la saison touristique étaient présentés avant même la fin août dans les ministères concernés. Et les conclusions, que son chef de service donnait à relire à Michel, se répétaient d’année en année : la masse ne savait pas vivre. Pour elle, on avait saccagé le littoral et bétonné les dernières trouées d’azur. »

A propos de l’auteur
Auteur pour d’autres d’une vingtaine d’ouvrages et sous son propre nom d’autant de films documentaires, Stéphane Benhamou prend généralement ses vacances au mois d’août. (Source : Éditions Don Quichotte)

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