C’est lundi, je dépoussière… Derrière le masque

C'est Lundi, je dépoussière..

Chaque lundi, Entre Les Pages vous propose un ancien article dont le texte et la mise en page ont été rafraîchis. De belles redécouvertes au programme ! Aujourd’hui, place à…

Derrière le masque de Louisa May Alcott

Derrière le masque

Derrière le masque (Behind a Mask or A Woman’s Power) est un roman de Louisa May Alcott. Cette dernière l’a publié sous le pseudonyme de A.M Barnard en 1866. Cela, sûrement en lien avec le caractère vicieux de sa Jean Muir qui s’oppose grandement à d’autres de ses célèbres personnages comme ceux issus de Little Women (Les quatre filles du Dr March) ou à des héroïnes plutôt passives comme Jane Eyre et à ce type de protagoniste que Miss Muir va devoir imiter pour conquérir les membres de la famille pour laquelle elle travaillera en tant que gouvernante.

L’histoire commence quand Jean Muir arrive au manoir des Coventry, qu’elle est présentée à la jeune fille dont elle aura en charge l’éducation, Bella, à la maîtresse de maison, à ses fils ainsi qu’à leur oncle, Sir John. Dès le premier jour, cette domestique apparaît comme la plus douce et ravissante des créatures. Elle est cependant dotée d’une forte personnalité qui installe doutes et méfiance au moins dans l’esprit de Gerald et de Lucia, bientôt officiellement fiancés. Qui sera capable d’échapper à son envoûtement ? Car, rapidement, le lecteur partage une partie du secret de Jean et la sait actrice et machiavélique. Son masque est parfait, ses intentions viles et sa résolution ferme.

Cet ouvrage raconte l’infiltration d’une personne de classe inférieure dans une demeure de la haute société, une personne intelligente et dangereuse qui a pour but de tromper toute la maisonnée pour y creuser son nid à l’abri des problèmes d’argent dans une société qui n’a « aucune pitié pour la pauvreté ». Jean Muir a déjà travaillé pour un ami des Coventry, Sydney, avec lequel elle a eu une aventure. Beaucoup de mystère entoure sa relation avec cet homme et son départ. Jean est-elle réellement menacée ? Que disent toutes les lettres qui se croisent sous ce toit où tous, à l’exception de Dean, une femme au service de Mrs Coventry depuis de longues années, sont séduits par Miss Muir, ses talents d’infirmière, sa voix, ses histoires drôles, ses bouquets de fleurs ou encore son audace face à un cheval insoumis.

L’entreprise de l’auteur de Eight Cousins ou d’Under the Lilacs déploie les projets et la malice d’une femme marquée par l’injustice avec beaucoup d’élégance. Elle manipule elle aussi ceux qui la lisent avec du suspense et des rebondissements jusqu’à la toute fin. Ce séjour au manoir est stressant et intrigant, énervant parce qu’il est impossible d’aimer complètement Jean Muir sans toutefois pouvoir la détester parfaitement non plus. Les esprits vengeurs sont ainsi : ils torturent. Un tel supplice est bien la preuve d’une lecture puissante.

Présentation de l’éditeur :
Mondialement connue pour avoir écrit des livres pour la jeunesse, Louisa May Alcott empruntait divers pseudonymes pour mettre en scène des histoires de vengeance et de pouvoir dans lesquelles les femmes se libéraient des préjugés pour lutter contre la domination masculine. En cela l’héroïne de Derrière le masque (1866) ressemble à s’y méprendre à Lady Audley, l’un des personnages de Mary Elisabeth Braddon. On y découvre une femme dont le comportement angélique trompe le milieu de l’aristocratie, dans lequel elle s’est introduite. Ce roman ambigu et féroce, qui met en scène la vengeance et la revanche amoureuse et sociale d’une femme, se situe dans la lignée des thrillers de Wilkie Collins, Mary Elisabeth Braddon et Charles Dickens. Louisa May Alcott (18321888) est l’auteur, entre autres, des Quatre filles du docteur March.

Featherduster