Le grand marin de Catherine Poulain

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J’attendais avec impatience de lire ce livre, dont j’avais beaucoup entendu parler, et dont le sujet me fascinait. Je n’ai pas été déçue !

Lili quitte son petit coin de France où l’on devine qu’elle a vécu un drame, et se met en tête d’aller pêcher en Alaska. Un départ comme une fugue, une fuite, presque un suicide, pour « se tuer » au travail et oublier.

Avec un physique fragile et des accents de petite fille, Lili parvient à se faire embarquer pour une saison de pêche à la morue noire. Au milieu d’un équipage masculin, elle découvre le métier et sa rudesse, s’exténue dans des tâches harassantes, lutte contre la douleur, contre elle-même peut-être… De retour au port, elle s’enivre avec les autres, « repeint la ville en rouge » comme ils disent et cherche avant tout à repartir, toujours plus, toujours plus loin.

Un semblant de douceur dans ce monde brut avec la rencontre du grand marin, un homme dur et doux, toujours en quête lui aussi, deux êtres épris de liberté qui refusent finalement de s’attacher, puisque l’attachement semble contre leur nature.

A travers ce récit, on découvre une terre difficile, des personnages qui fuient, qui se fuient ou se cherchent eux-mêmes. L’écriture est belle et traduit à la perfection les souffrances de l’âme et du corps. Les dangers du métier de pêcheur, le sort des natifs, les ravages de l’alcool et la souffrance des séparations, la vie et la mort intimement mêlées jusqu’à se confondre, voici les ingrédients d’un magnifique roman, que j’ai adoré !

Catherine Poulain a exercé de multiples métiers, toujours très physiques, sur des terres plus ou moins hostiles.

Le grand marin est paru aux éditions de l’Olivier en février 2016 (19€). Il est son premier roman, autobiographique.

Morceaux choisis :

« Ils étaient vivants, eux, et le sentaient à chaque instant. Ils étaient dans la vie magnifique, luttant au corps à corps avec l’épuisement, avec leur propre fatigue et la violence de l’au-dehors. »

« – Peut-être aussi que je voulais aller me battre pour quelque chose de puissant et de beau, je continue en suivant des yeux l’oiseau. Risquer de perdre la vie mais au moins la trouver avant… Et puis je rêvais d’aller au bout du monde, trouver sa limite, là où ça s’arrête.
– Et après ?
– Après quand je suis au bout, je saute.
– Et après ?
– Après je m’envole.
– Tu t’envoles jamais, tu meurs. »


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