Le mystère Henri Pick David Foenkinos Gallimard

le mystere henri pick

Dans les années 90, inspirée  par un roman de Richard Brautigan, une drôle de bibliothèque voit le jour aux Etats-Unis : la bibliothèque des manuscrits refusés.

Cette étrange et noble idée fait son chemin jusqu’en Bretagne, dans la presqu’île de Crozon, où Jean-Pierre Gourvec, bibliothécaire épris de littérature, décide de réserver un coin aux manuscrits refusés. De nombreux écrivains viennent alors faire le deuil de leur œuvre en la déposant sur les étagères.

Débordé par son travail, Jean-Pierre fait appel à Magali Croze, qui ne lit pas grand-chose mais qui intègre la bibliothèque armée de « cette qualité indéniable : sa rapidité à répondre à une offre d’emploi ».

Après le décès de Jean-Marie Gourvec, c’est cette même Magali qui reste seule à bord de la bibliothèque. Peu à peu, les manuscrits refusés tombent dans l’oubli….

Quelques années plus tard, Delphine Despero, une talentueuse éditrice parisienne originaire de Crozon, passe l’été chez ses parents. Elle est accompagnée de son amoureux, Frédéric Koskas, écrivain tourmenté, qui travaille à son second roman, et qui peine à se remettre de l’échec de son premier, car, affirme-t-il, « il y a pire violence que de ne pas être publié : l’être dans l’anonymat complet ».

Leur pas les mènent un jour à la bibliothèque du village où ils font la découverte d’un manuscrit écrit par un certain Henri Pick. A la lecture de ce roman qui mêle habilement les derniers jours d’un amour et la mort de l’écrivain russe Pouchkine, Delphine a l’intuition fulgurante qu’elle est tombée sur un chef-d’œuvre. Pour le publier, elle a besoin de l’accord de la veuve et de la fille de l’auteur, qui est décédé depuis deux ans. Celles-ci demeurent sceptiques. Lui, si taciturne et si calme, qu’elles n’ont vu jamais vu noter autre chose que des listes de courses, aurait donc écrit ce roman d’amour bouleversant ? Et d’ailleurs, si absorbé par son travail dans sa pizzeria , quand aurait-il trouvé le moment pour écrire ? Néanmoins, convaincues toutes deux d’avoir manquées quelque chose d’important, elles acceptent finalement d’éditer le roman. Celui-ci, nimbé du mystère de son auteur, connaît un succès retentissant en France et à l’étranger.

Le mystère Henri Pick est avant tout une enquête que l’on suit avec grand intérêt. Henri Pick est-il réellement l’auteur de ce roman ? Peut-on affirmer qu’il adorait Pouchkine parce qu’il avait appelé sa pizzeria Staline ? Cette enquête, on la suit à travers les pérégrinations de Jean-Michel Rouche, critique littéraire parisien sur la touche et complétement ruiné. Ce looser vieillissant en est persuadé :  Henri Pick ne peut pas être l’auteur de ce roman. Il décide coûte que coûte de le prouver et se rend donc à Crozon. Ce personnage est mon préféré et celui dont j’ai aimé observer l’évolution. On le découvre fatigué, perdant ses cheveux et ses espoirs, plutôt antipathique. Mais cette enquête et la rencontre avec les gens de Crozon vont le transformer. Il est aussi le seul finalement qui se rebelle contre le système du succès.

On éprouve beaucoup d’empathie pour les différents protagonistes, qui chacun à sa manière sera percuté par la découverte de ce manuscrit. Ceci tient au grand attachement de l’auteur pour ses personnages. J’ai beaucoup apprécié l’importance que chacun a dans ce livre car ils ont tous une existence propre aux yeux du lecteur.

Ce livre est aussi une plongée dans les coulisses du monde de l’édition. Il aurait pu s’appeler autopsie d’un succès crée de toutes pièces. Toutefois, ici, point de règlement de compte féroce ou malvenu. David Foenkinos préfère manier sa plume avec légèreté et humour et nous embarquer dans son univers fantasque et moqueur.

D’ailleurs, je dirai que le maître mot de ce roman est l’humour. On sourit, on rit beaucoup. J’ai encore dans la tête des scènes d’anthologie. Fréderic Beigbeder clamant « Pick, c’est moi » ou bien  la veuve Madeleine et son franc-parler breton face à François Busnel dans la Grande Librairie….

J’ai tout aimé dans ce livre. Le style léger comme une bulle de champagne ; les personnages qui ont chacun leur importance dans le récit et qui vont évoluer avec la découverte du manuscrit d’Henri Pick ; les nombreuses références à la littérature et à l’écriture ; et bien sûr l’enquête sur le véritable auteur de ce manuscrit retrouvé….

Dès les premiers chapitres , on se sent bien dans ce roman qui accueille chaleureusement son lecteur.

Un conseil : entrez et mettez vous à l’aise !

Le mystère Henti Pick  David Foenkinos

Collection Blanche Editions Gallimard

Avril 2016

19,50 euros

EXTRAITS

« Les lecteurs se retrouvent toujours d’une manière ou d’une autre dans un livre. Lire est une excitation totalement égocentrique. On cherche inconsciemment ce qui nous parle. »

« L’écriture fournit des alibis extraordinaires. Ecrivain est le seul métier qui permette de rester sous sa couette toute la journée en disant « je travaille » »

« Selon lui, la question n’était pas d’aimer ou de ne pas aimer lire, mais plutôt de savoir comment trouver le livre qui vous correspond. Chacun peut adorer la lecture, à condition d’avoir en main le bon roman, celui qui vous plaira, qui vous parlera, et dont on ne pourra plus se défaire. »

 « L’homme s’en était sûrement voulu d’avoir précipité un peu les choses, regrettant de lui avoir proposé de la menotter dès le premier soir, mais il avait lu que les femmes adoraient ça. »

Biographie de l’auteur :

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