Les lieux sombres, de Gillian Flynn

Les lieux sombres, de Gillian Flynn Les lieux sombres, de Gillian Flynn

L’histoire

Début des années 1980. Libby Day a sept ans lorsque sa mère et ses deux sœurs sont assassinées dans leur ferme familiale. Rescapée par miracle, la petite fille désigne le meurtrier à la police, son frère Ben, âgé de 15 ans. Ce fait divers émeut tout le pays, et la jeune Libby devient un symbole de l’innocence bafouée.
Vingt-cinq ans plus tard, alors que son frère est toujours derrière les barreaux, Libby, qui ne s’est jamais remise du drame, souffre de dépression chronique. Encouragée par une association d’un type très particulier, elle accepte pour la première fois de revisiter les lieux sombres de son passé. C’est là, dans un Middle West désolé, dévasté par la crise économique et sociale, qu’une vérité inimaginable commence à émerger. Et Libby n’aura pas d’autre choix pour se reconstruire, et peut-être enfin recommencer à vivre, que de faire toute la lumière sur l’affaire, quelles qu’en soient les conséquences.

Mon humble avis

Je lis peu de thrillers, mais lorsque j’en ai un entre les mains (ou dans les oreilles en l’occurrence), je tombe généralement sur des livres qui m’aspirent complètement dans l’intrigue et que j’ai du mal à lâcher. Ce fut le cas pour Les lieux sombres, je suis donc très chanceuse.

J’ai connu Gillian Flynn avec l’adaptation cinématographique de son dernier roman (2012), Les Apparences en français, et bien sûr dans un soucis de cohérence absolue, le film sorti en 2014 conserve le titre original, Gone Girl (réalisé par David Fincher, avec entre autres Rosamund Pike, Ben Affleck et Neil Patrick Harris). Je vois plus de thrillers que ce que j’en lis et je suis rarement séduite par des films du genre, mais Gone Girl a été un véritable coup de cœur. J’avais envie d’en découvrir plus et je me suis donc jetée dans l’écoute fabuleuse du livre audio, histoire de continuer et renouveler le plaisir.

Pas d’inquiétude, je vais bien chroniquer Les lieux sombres mais cette petite introduction me semblait nécessaire puisque j’ai finalement passé toute l’écoute du livre à m’imaginer la protagoniste, Libby Day, sous les traits de Rosamund Pike en Amy. Pas que les personnages se ressemblent, du tout même, mais je ne sais pas. Les personnages de Gillian Flynn ont tous un je-ne-sais-quoi qui les rassemble. Peut-être le fait qu’ils semblent si réels, qu’ils soient si bien construits avec des qualités, des défauts, des motivations crédibles, etc.

Les lieux sombres, donc. Plusieurs points de vue présentent l’intrigue, ce qui permet à l’auteure de contextualiser les événements fatidiques des meurtres de la famille Day grâce à des flashbacks. Ce que je trouve particulièrement intéressant, c’est de connaître les conséquences, le résultat, puis de remonter petit à petit vers les causes, le pourquoi, le comment et surtout pour cette histoire précise, le « qui ? » (petite parenthèse : c’est probablement pour cela que j’adule la série How to Get Away with Murder qui utilise la même structure).

Le personnage de Libby est absolument fascinant : c’est une jeune femme qui n’a finalement jamais eu une vie « normale » (si une telle chose existe) et qui a vécu pendant plusieurs décennies grâce aux dons qui lui ont été faits, pour avoir été la seule rescapée d’une telle tragédie. Mais ces fonds se sont épuisés avec le temps et Libby se trouve dans une position où elle devrait trouver un travail mais c’est impossible pour elle. Pétrie d’angoisse, de gestes compulsifs (c’est une cleptomane) et encore enfermée dans le cercle de la dépression (elle a du mal à se lever la plupart des jours, a des pensées suicidaires, etc.), il est inenvisageable pour elle de devoir se lever tous les jours pour aller travailler. D’ailleurs, c’est ainsi qu’elle commence à enquêter sur les meurtres de sa famille et à remettre en question ce dont elle était persuadée jusque là : la culpabilité de son frère, Ben.

Un « fanclub » en quelque sorte d’histoires et faits divers sordides s’intéresse entre autres à son histoire – ce qui est sacrément malsain – au point où elle est encouragée à chercher la vérité, en échange d’une compensation financière bien entendu (elle n’aurait jamais accepté autrement). Petit à petit, Libby commence à vouloir, puis devoir découvrir la vérité. Cette dernière réserve d’ailleurs bien des surprises, toutes assez dérangeantes…

Bref, j’ai adoré et je le conseille vivement. J’ai appris récemment qu’il y avait aussi une adaptation cinématographique pour ce roman, Dark Places réalisé par Gilles Paquet-Brenner en 2015 avec Charlize Theron, Sterling Jerins et Nicholas Hoult. Je jetterai un coup d’œil à l’occasion !

Note : 5/5

Dark Places de Gillian Flynn chez Random House Audio, 2015 (édition originale : 2009), livre audio lu Rebecca Lowman, Cassandra Campbell, Mark Deakins et Robertson Dean.

Édition française, Les lieux sombres chez Sonatine (2010) puis Livre de poche (2011).


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