A l’abri de la différence (4ème partie)

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A l'abri de la différence

La suite de A l’abri de la différence

Voici la suite du début du roman A l’abri de la différence, je rallongerai tous les lundis.

Lundi 04

différence

Émilie a bien failli casser sa loi du silence. Elle n’a rien demandé qu’elle sache : ni d’être là, ni nourriture. Être raisonnable ? Mais qu’est-ce qu’elle croit celle-là, et pour qui se prend-elle pour lui parler de la sorte ? Qu’elle s’occupe de ses enfants et qu’elle la laisse tranquille ! Qu’elle la laisse rentrer chez elle où elle acceptera de manger !

Ce n’est pas dans ses habitudes de gaspiller, mais elle ne mangera pas, elle refusera tout ce qui vient d’eux. Son estomac a bien réclamé, mais il s’est vite tu et Émilie est bien déterminée à le faire taire un bon moment. Son cœur a, en général, le dessus sur son corps. Quand elle décide, le reste suit. Sa force de caractère lui permet de tenir ce qu’elle décrète, tant que le cœur y est.

Lundi 11

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Les femmes sont de retour et débarrassent la table. La vaisselle est placée dans des bassines et à l’ancienne, elles descendent vers le bas de la grotte où elles trouvent une rivière souterraine. Quelques hommes les éclairent. L’eau est froide mais bien utile. Fatigués par la journée, les nouveaux habitants du lieu agissent en silence, l’esprit sûrement hors de ces murs. Les gestes sont rapides et efficaces, les tâches bien réparties… Une qui lave, l’autre qui essuie, une dernière qui range, un vrai travail d’équipe comme si elles se connaissaient depuis toujours. Très vite, les femmes sont prêtes à remonter. De nouveau, les hommes les encadrent avec la lumière et le petit groupe entame sa remontée vers la pièce principale.

Lundi 18

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À peine en haut, un son étrange attire leur attention. Ils s’arrêtent, le bruit reprend de plus belle. Des cris ? « Les enfants ! » Les femmes sont prêtes à se précipiter, mais les hommes les retiennent vivement.

— On ne sait pas ce qui se passe là-bas. Avançons doucement et discrètement.

Les affaires posées, les hommes en première ligne, le petit groupe avance vers la source du bruit. Le cœur battant à tout rompre, les femmes craignent pour leurs petits. Les cris sont de plus en plus forts et ne font plus aucun doute. Il s’agit bien de quelqu’un qui hurle.

Lundi 25

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Arrivée à la pièce principale, Anna n’en croit pas ses yeux. Ce qu’elle voit dépasse ce qu’elle peut imaginer. Pas dans la situation où ils se trouvent, cela ne peut être. Et pourtant, ce sont bien deux des hommes de Yan qu’elle voit occupés à agresser la jeune femme dont elle a la charge. Son sang ne fait qu’un tour. Elle se précipite sur eux. Émilie est déjà à moitié nue, les vêtements déchirés. Mais elle ne se laisse pas faire et se débat autant qu’elle le peut. Mais face à deux hommes, le combat est presque perdu d’avance. Anna hurle presque autant qu’Émilie.

Lundi 2

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— Laissez-la !

— Fiche-nous la paix et va voir ailleurs.

L’un d’eux la jette contre une paroi. Elle se relève et s’aperçoit que les autres regardent sans lever le petit doigt. Elle s’insurge.

— Mais bon sang, aidez-moi !

— Elle n’est pas des nôtres !

— Et alors, cela leur permet de tout faire ! Parce qu’elle n’est pas des nôtres, ils ont le droit de l’agresser, de la blesser dans son intégrité ! Et vous les femmes, vous pensez vraiment qu’elle le mérite ?!


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois