Le mardi sur son 31 – trois pour le prix d’un

Si je n'ai pas posté de chronique de lecture ces derniers temps, c'est qu'il y a une, deux, voire trois bonnes raisons. Tout d'abord, j'ai attaqué un ouvrage d'un petit millier de pages et, forcément, ça demande du temps. Parallèlement, je me suis lancée dans une autre lecture plus courte, mais que je peine à avancer car elle m'enthousiasme bien moins que prévu. Et à côté de cela, viennent de sortir deux livres sur l'auteur sur lequel je fais ma thèse et, en furieuse quête d'inédits et de nouvelles informations, je n'ai pas pu résister et les ai commencés tout aussi vite.

Alors, pour vous donner un petit aperçu des voix si différentes, et presque contradictoires, que je découvre en ce moment, j'ai décidé de profiter du mardi sur son 31 pour vous donner à voir un extrait de la page 31 des trois livres en cours ...

Pour deux d'entre eux, j'ai un peu triché. L'un est un ebook, et j'ai donc artificiellement compté les pages à partir du premier chapitre. Un des autres étant accompagné d'une grande préface, j'ai compté 31 pages à partir du début du texte. Ces précautions prises... voici mes trois extraits :

Le mardi sur son 31 – trois pour le prix d’un
    Envoyée spéciale, de Jean Echenoz, aux éditions de Minuit.

Et rien ne se présente qui pourrait accélérer ce jeu sinon récupérer des chemises au pressing de la rue Legendre puis, chez le retoucheur de la rue Gounod, un pantalon vert pas mal acheté la semaine dernière en solde, deuxième démarque, on ne résiste pas à la deuxième démarque. C'est fort peu, certes, mais cela peut ter un bon moment en procédant avec méthode.

Je dois avouer que je suis en train de passer à côté de ce livre. Je me suis arrêtée plusieurs fois, au cours de ma lecture, étonnée, pour aller lire en détail les critiques dithyrambiques que je trouve partout. Je comprends, je trouve même parfois la veine parodique tant vantée ça et là, mais rien, le ton, bien que léger, n'opère pas sur moi et, pour l'instant, je ne vois qu'une guirlande de personnages de carton-pâte, faisant des bêtises pour me faire rire lorsque je les trouve seulement stupides. J'essaie vraiment de m'accrocher, car j'aimerais parvenir au bout de ce livre et comprendre ce qui a tant plus chez lui mais, pour l'instant, c'est un échec.

Le mardi sur son 31 – trois pour le prix d’un
    La Maison dans laquelle de Maryam Petrosyan, aux éditions Toussaint Louverture.

Chacal Tabaqui m'avait appelé " petit ", pourtant lui-même ne paraissait pas avoir plus de quatorze ans. Mais de loin seulement, car de près, on aurait pu lui en donner trente. Il portait trois vestes dépareillées les unes sur les autres, par-dessus des t-shirts de couleurs différentes - un vert, un rose, un bleu, - mais rien de tout cela ne parvenait à dissimuler sa maigreur. Ses vestes étaient pourvues de plusieurs poches, toutes bien garnies. Et autour de son cou pendaient quantité de colliers, insignes, amulettes, pochettes, épingles et autres clochettes, le tout affreusement usé et d'une propreté douteuse. A côté de lui, vêtu d'une simple chemise blanche et d'un jean bleu, la tenue de Lord semblait presque banale. Et bien trop propre.

Pourquoi du veux du Chemin Lunaire ? me demanda-t-il.

C'est un passage très représentatif de l'univers à la fois fantaisiste et cruel de La Maison dans laquelle, qui sort bientôt et que je suis en train de lire avec un grand plaisir. A la fois métaphore filée du passage à l'âge adulte et aventure adolescente dans une maison un peu étrange à laquelle Poudlard n'aurait rien à envier, le roman de Maryam Petrosyan est une curiosité dont on décroche... très difficilement.

Le mardi sur son 31 – trois pour le prix d’un
    Journal intime 1894-1895 de Jean de Tinan, édition de Jean-Paul Goujon, aux éditions Bartillat.

Las - je sais trop maintenant qu'elle n'est pas celle que j'ai rêvée - il y a des taches de boue partout , j'ai sali, saccagé tout pour m'échapper - maintenant tout est sale et saccagé, et je suis prisonnier comme avant.

J'ai constaté que ma prison était laide - ne valait-il pas mieux me la figurer un palais !

Juste le plaisir de lire des mots nouveaux d'un des auteurs qui nous est le plus cher. Ce livre ne sera sans doute pas chroniqué sur le blog, puisque c'est surtout un document de travail inestimable pour la thèse, mais tout de même, je suis effrayée tout autant que ravie devant un tel pavé jusque là inédit.

Si je chroniquerai certainement le deuxième livre de cette liste, demeure un gros point d'interrogation pour le premier. Je prends tous les encouragements à continuer disponibles... et dans tous les cas, je vous dis à très bientôt !