Critique de comics : Evil Empire tome 1

Encore une chouette sortie Glénat ! Evil Empire est le deuxième comics scénarisé par Max Bemis, et certainement pas le dernier que vous lirez. Découvrez comment une société peut basculer de la république au despotisme sans passer par la case attaque de zombie. Juste à cause des décisions humaines… Découvrez ma critique du comics Evil Empire, un récit noir mais passionnant !

Résumé : Reese est une rappeuse politiquement engagée, très virulente à l’égard de la campagne électorale en cours aux USA. Lors d’un concert, l’un des principaux candidats, Sam Duggins, vient lui rendre visite dans sa loge. En sympathisant avec elle, cet habile politicien espère secrètement pouvoir tirer profit de son public, et, pourquoi pas, s’assurer le soutien de la chanteuse. Le pays se retrouve alors déchiré dans un débat sur le sens du bien et du mal. Reese doit faire quelque chose si elle ne veut pas que le peuple américain se mette à soutenir les idées d’un homme fou…

Evil Empire

Les premières pages nous montrent une société américaine complètement corrompue, où plus aucune loi n’a cours, où chacun a le droit d’agir comme il lui semble sans craindre de répercussions d’une police totalement corrompue au service d’un empire tout-puissant. Une anarchie totale, qui est apparue non pas suite à une épidémie ou une catastrophe quelconque, mais bien suite à des décisions d’humains ayant perdu toute humanité. C’est via les flashbacks, qui constituent la majorité du récit, que l’on découvre comment on est arrivés là. C’est le personnage de Reese, artiste engagée, qui nous fera découvrir cet univers. Elle-même découvre les dessous de la politique après y avoir été mêlée suite à sa rencontre avec Sam Duggins, puis un scandale lié à son oeuvre. C’est un des seuls personnages que l’on peut qualifier de « pur » dans cette histoire qui fait la part belle aux hommes corrompus. La campagne électorale bat son plein, entre le candidat républicain, Laramy, et le candidat démocrate, Sam Duggins. Mais un scandale redistribue les cartes, et la campagne médiatique qui suit souligne les idées de plusieurs personnalités qui revendiquent le droit à la justice personnelle, en dehors d’un encadrement de la loi. Cette prise de parole libère celle des autres, et le pays s’embrase.

evil empire 1

Les nombreux retournements de situation sont surprenants, surtout le twist final qui vous bluffera totalement ! Les manipulateurs sont partout dans cette histoire ! La scénariste est décidément très doué, j’avoue que les comics au thème politique ne sont pas du tout ma tasse de thé habituellement, mais Evil Empire est tellement bien écrit qu’on se laisse totalement happer par l’histoire. Je n’ai pas pu m’empêcher de penser à Star Wars, notamment à la réplique de Padmé Amidala lorsque Palpatine annonce la proclamation de l’empire : « So this is how liberty dies… with thunderous applause. » Le titre même de cette oeuvre fait référence à Star Wars, tout comme la dernière réplique de ce tome 1. Oui, une république peut se transformer en empire subitement, et sous les applaudissements.

Evil Empire planche

Lorsque j’ai refermé ce livre, j’ai eu une drôle de sensation. Le plaisir d’avoir lu un récit solide était mêlé d’un peu de malaise. Un peu d’angoisse même, qui a mis un peu de temps à me quitter. Cette histoire est effrayante car elle est réaliste ! Face à la montée des extrêmes un peu partout dans le monde, il est difficile de ne pas se poser la question : « est-ce que cette histoire pourrait se réaliser dans les prochaines années ? ». Si, comme moi, vous êtes plutôt du genre cynique lorsqu’il s’agit de politique et de l’état du monde actuel en général, cette lecture ne va rien arranger, je vous préviens !

Evil Empire variant cover

J’ai peu de remarques sur le côté graphique de cette oeuvre, qui ne sort pas franchement du lot. Les dessinateurs sont Ransom Getty, puis Andréa Mutti pour les deux derniers chapitres. Ce changement ne se fait pas particulièrement subtilement, ce qui est dommage. Mais dans tous les cas, les dessins ne sont pas l’attrait majeur de ce comics, le scénario est tellement prenant qu’on les oublie… Par contre, les variant cover sont très belle et très impactantes ! Max Bemis, le scénariste d’Evil Empire, est un musicien ayant une carrière prolifique aux Etats-Unis. Il a commencé sa carrière de scénariste il y a trois ans seulement, et a déjà travaillé pour Marvel, après une première oeuvre très personnelle, Polarity, puisqu’elle évoque un maniaco-dépressif qui se découvre des pouvoirs de super-héros. Il est lui-même atteint de cette maladie, ce qui promet un ton très juste sur un sujet pas évident à aborder. Je le note sur ma liste « à lire » !

Une lecture qui sort du lot et que je recommande, même s’il vaut mieux que les histoires dérangeantes ne vous rebutent pas totalement pour l’apprécier. Bonne lecture !


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