Au sortir de la guerre, les habitants du village où vit Brodeck, sont méfiants et blessés. Aussi, quand arrive l’Anderer, l’autre, avec ses carnets de notes et de croquis, les esprits s’échauffent. Sous couvert d’observer et de dessiner la nature, n’est-il pas là simplement pour les espionner ?

Un soir, Brodeck entre par hasard dans l’auberge du village pour demander du beurre. Il y trouve bon nombre d’habitants réunis. A la fureur qui anime les hommes, à leurs poings serrés, aux couteaux qu’ils tiennent dans leurs mains, il comprend qu’il est arrivé malheur à l’Anderer. Lui, dont le métier est de faire de brèves notices sur l’état des forêts et des rivières, est sommé aussitôt de faire un rapport sur la disparition de l’étranger.

Dès lors, Brodeck se sent traqué. Il a peur de finir comme l’étranger. Il est ignoré, méprisé par les villageois. Il décide malgré cela de faire en parallèle un rapport secret auquel les autres n’auront pas accès.

Le rapport de Brodeck est une histoire sombre et mystérieuse. Jamais auparavant, je n’avais vu de cases qui exprimaient autant l’émotion pure. Les visages usés, menaçants, effrayés sont dessinés avec un talent immense. Les dialogues sont rares, la neige est omniprésente et ajoute encore plus à l’atmosphère menaçante. Mais dans certaines cases, elle est tout simplement poétique.

Si le scénario est aussi sombre, c’est parce que la guerre a laissé des traces sur tous, certains sont tombés plus bas que terre. Les souvenirs que note Brodeck sur le camp où il a été interné sont d’une grande violence. Les gardiens y sont dessinés sous la forme de monstres et m’ont rappelés les nazis. Pourtant, il n’y aucune notion de date ou de lieu, ce qui en fait une histoire universelle.

J’ai apprécié l’émotion brute qui jaillit des cases, les silences qui en disent long, les paysages grandioses, la fragilité de Brodeck.

J’ai été embarquée dans cette histoire en noir et blanc du début à la fin et j’attends la suite avec impatience. C’est après seulement que je lirai le roman de Philippe Claudel qui a inspiré Larcenet.

• Album: 160 pages
• Editeur : Dargaud (10 avril 2015)
• Collection : Rapport de Brodeck (Le)
• Langue : Français
• Dimensions du produit: 29,2 x 23,6 cm
• A partir de 16 ans
• Prix landernau 2015

biographie de l’auteur par les éditions Dargaud