La petite barbare - Astrid Manfredi *** et mon lot FNAC 2015 ( RL 2015 #3 -4-5-6-7)

La petite barbare d'Astrid Manfredi *** 
Renommé à sa sortie officielle, La petite barbare s'est appelé précédemment La barbare. Pourquoi ce changement d'intitulé ? Mystère et boule de gomme.
La petite barbare - Astrid Manfredi *** et mon lot FNAC 2015 ( RL 2015 #3 -4-5-6-7)Clairement, ce roman a souffert de mon manque d'empathie pour son héroïne. La (petite) Barbare croupit en prison pour avoir séduit un jeune homme et ne pas lui avoir porté secours pendant qu'il se vidait de son sang en raison des tortures infligées par les quatre potes de la donzelle. Cette histoire m'a évidemment fait penser à l'affaire du gang des barbares et le supplice de la victime Ilan Halimi. Plus l'héroïne réclame sa liberté, rêve de futur, hurle son désir de meilleur, plus je me suis éloignée d'elle. Certes son enfance ne fut guère rose, oui, elle vient d'un foyer brinquebalant, pas super équilibré. Oui, elle paie sa peine à la société en effectuant ses années de prison mais à chaque fois qu'elle évoque son avenir, je n'ai cessé de penser au décédé qui, lui, n'en a plus. Astrid Manfredi possède une écriture vive, moderne, alerte : pas de faux-semblant, elle va droit direct au fond des choses. Certaines de ses phrases tombent parfaitement. Il y a de la rudesse chez elle, qu'elle a su communiquer à son héroïne. Néanmoins, j'aurais aimé voir l'humanité, je n'y ai vu que de la consommation. Et puis, malgré la justesse de l'histoire, je n'ai guère été emballée : du déjà vu (fait divers sordide)/lu (Karine Giebel et son désormais célèbre Meurtres pour rédemption que j'ai copieusement détesté), une prose vulgaire habituelle (voilà, quitte à passer pour une vieille schnock, je me dis que le vrai challenge maintenant pour les écrivains francophones n'est plus de retranscrire le français de la rue (trop facile) mais de rédiger une noble histoire et de composer avec le subjonctif imparfait par exemple, sans fautes... Si, si c'est possible.)
Éditions Belfond 
RL 2015 #3 

une nouvelle LC avec Jérôme : chouette, chouette, chouette 
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Sœurs de miséricorde de Colombe Schneck *** 
La petite barbare - Astrid Manfredi *** et mon lot FNAC 2015 ( RL 2015 #3 -4-5-6-7)Colombe Schneck traite dans Soeurs de miséricorde du cas de travailleurs immigrés à travers sa vaillante héroïne Azul. Bolivienne au grand cœur, celle-ci n'hésite pas l'expatriation pour faire vivre sa famille restée au pays. Subissant des horaires de dingue, souvent mal payée, jamais elle ne se plaint. Courageuse et généreuse, elle laisse sur son sillage bienveillance, sagesse et autorité. De sa patrie où les hommes font plus d'enfants qu'ils ne se marient, n'assument pas leurs responsabilités et se carapatent à la moindre difficulté, Azul a laissé l'essentiel : sa famille ! Clairement, Soeurs de miséricorde vaut le coup d’œil pour son héroïne. J'ai moins accrochée à la prose certes efficace de Colombe Schneck mais qui manque de fluidité et de lyrisme. J'ai passé un moment agréable avec toutes ses femmes débrouillardes. L'auteure a su me les faire aimer.
Éditions Stock RL 2015 #4
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La déchirure de l'eau de John Lynch **
La petite barbare - Astrid Manfredi *** et mon lot FNAC 2015 ( RL 2015 #3 -4-5-6-7) La déchirure de l'eau narre une quête, celle d'un garçon en recherche de son père (ou du moins du souvenir de ce dernier).  Chaque chapitre est un instantanée de sa vie, de sa petite enfance à l'âge adulte, terminé par une lettre au trop tôt disparu. J'ai trouvé le scénario mince et convenu (oui, j'étais en très grande forme lorsque j'ai reçu ce lot : plus je lis, plus j'exige !). La correspondance épistolaire ne m'a guère enthousiasmée : je l'ai trouvée plombante, surannée. Rien ne m'a retenue au récit, à ce héros. Je rêvais d'Irlande, d'Histoire, je n'y ai entrevu qu'un texte parmi tant d'autres. C'est doux, joli, gentil mais il n'y a pas de surprise, pas d'idée extravagante. Je ne peux pas reprocher l'écriture assez lyrique de John Lynch mais voilà,  La déchirure de l'eau ne m'a pas embarquée et c'est comme cela !
Éditions Le Castor astral
RL 2015  # 5
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7  de Tristan Garcia ****  
La petite barbare - Astrid Manfredi *** et mon lot FNAC 2015 ( RL 2015 #3 -4-5-6-7)
Pourquoi Tristan Garcia a-t-il souhaité finir 7 romans par le moins réussi et le plus copieux ? J'ai bien compris la référence avec le chiffre 7  (7 romans et le dernier contient 7 parties) mais j'ai regretté ce choix. Honnêtement, c'est le roman du lot qui m'a le plus plu. Il sort de l'ordinaire et plonge ses héros/ ses lecteurs dans le fantastique. On commence avec Hélicéenne (une sorte d'Inception médicamenteuse), on continue avec Les rouleaux de bois particulièrement musicaux et télépathes, on plonge avec l'impressionnante Sanguine une mannequin au voisin d'enfance douteux. J'ai décroché avec La Révolution permanente un peu obscure à mon goût (des changements d'espace-temps mal gérés), ai repris du plaisir avec L'existence des extraterrestres (éternelle question) et enfin La septième qui malgré sa bonne idée de départ (l'éternité en plusieurs jours) m'a lassée. Bref, du très bon (Hélicéenne, Sanguine, Les rouleaux de bois), du correct (L'existence des extraterrestres) et du moins bon (le reste). Je sens l'auteur plus à l'aise à imprimer les esprits sur des textes courts. Sa prose est confortable, nourrie. Il n'y a rien à dire : Tristan Garcia a de l'imagination à revendre et franchement, cela fait du bien !
Éditions Gallimard (franchement l'éditeur n'a pas fait son boulot de conseiller littéraire sur ce roman-ci, ou alors, il veut vendre le livre plus cher en fonction du nombre de pages imprimées)  
RL 2015 #6
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Péchés capitaux de Jim Harrisson (non noté car abandonné après 150 pages lues : quand cela ne veut pas, eh bien ça ne veut pas !)   La petite barbare - Astrid Manfredi *** et mon lot FNAC 2015 ( RL 2015 #3 -4-5-6-7)Sunderson, flic à la retraite a une libido en éveil. Rien ne l'effraie, la jeunesse l'attire, tout est bon à prendre. Et visiblement la proximité avec une famille à problèmes, les Ames, surtout quand il commence à fricoter avec une descendante. Je n'ai pas adhéré à l'histoire (j'ai trouvé le rythme lent -mais lent-, les digressions sur les sept péchés capitaux me sont passées par-dessus la tête) mais je remarque que Jim Harrison est un petit coquin. Il sait évoquer la luxure à bon escient. La qualité de la plume est toujours là, il m'a semblé évident que Jim Harrison a laissé un peu plus de lui-même dans cette intrigue : l'évocation du désir sexuel à un âge avancé ne doit pas lui être complètement étrangère (un peu comme Philip Roth dans Un homme). Bien sûr, Monsieur Harrison s'amuse à titiller son lectorat, à le choquer avec une version trash de Lolita mais voilà, à tant espérer le moindre petit frisson, eh bien j'ai lamentablement lâché et je n'ai absolument pas envie de reprendre Péchés capitaux : je crois que la prose de Jim ne me convient pas. À la maison, je possède un exemplaire de Dalva depuis quinze ans, toujours pas lu : j'aurais dû y voir un signe... du destin ?
Éditions Flammarion 
RL 2015 #7
J'ai reçu et lu ces cinq romans dans le cadre du jury du prix FNAC 2015 et les cinq finalistes sont :
La septième fonction du langage de Laurent Binet (ed. Grasset)
Profession du père de Sorj Chalandon (ed.Grasset)
Il était une ville de Thomas B. Reverdy (ed. Flammarion)
La maladroite d'Alexandre Seurat (ed.du Rouergue)
D'après une histoire vraie de Delphine de Vigan (ed. JC Lattès)
Le/la lauréat(e) sera annoncé(e) demain !