Stéphane Bellat / La chambre d’Hannah

Stéphane Bellat / La chambre d’HannahStéphane Bellat / La chambre d’Hannah La chambre d'Hannah
  • Auteur : Stéphane Bellat
  • Serie :
  • Genres : Contemporain, Historique
  • Editeur : Rebelle
  • Collection : Opalène
  • Publication: 12/ 03/ 2015
  • Edition: Broché
  • Pages : 301
  • Prix : 18€
  • Rating: Stéphane Bellat / La chambre d’Hannah

Résumé :

Paris, février 1992.

Pierre, 11 ans, est malheureux, coincé entre une vie terne et des parents qui se déchirent quotidiennement. Seul dans sa chambre, il rêve d'un frère ou d'une soeur qui viendrait rompre sa solitude.

Paris, février 1942.

Hannah, 11 ans, étouffe dans l'espace confiné de son appartement, mise à l'écart parce qu'elle est juive.

Leurs routes n'auraient jamais dû se croiser. Et pourtant, c'est arrivé. Car il existe entre eux un lien plus fort que le temps et la folie des hommes.

Avis de TeaCup :

Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Rebelle de m'avoir sélectionnée et fait confiance en m'envoyant ce SP estival.

Le résumé m'a beaucoup fait penser à " 14/14 " sorti chez Castelmore de Paul Beorn et Silène Edgar (même si on ne parle pas de la même guerre !), j'ai donc flashé sur " La chambre d'Hannah " et je venais d'acheter l'ebook à 0.99 avec la promo Rebelle quand j'ai reçu le SP papier. Le pitch est prometteur, le contenu est en grande partie à la hauteur... à part quelques bémols.

Déjà le point le plus gênant, vraiment, je n'ai cessé d'être chatouillé par cela tout du long : le ton. On a un positionnement un peu flottant de l'auteure et on n'arrive au départ pas à être sur si le narrateur est bien un enfant de 11 ans (parfois oui) ou un adulte qui raconte ce qu'il a vécu enfant (c'est bien ça au final). L'auteur lui-même souligne de temps en temps cette ambivalence par quelques formules et m'a encore plus perturbée " anticonformisme mot que j'apprendrais à connaître plus tard... " (positionnement d'un enfant, mais l'épilogue enfonce bien le clou : un adulte raconté ). Dommage, sans ça, ma note aurait été meilleure.

Autre petite déconvenue ; je m'attendais à suivre Hannah. On en parle dans le résumé, je pensais assister à un roman à deux voix et il n'en est rien. Ce qui est dommage, au lieu de nous raconter l'histoire de la guerre de 39/45 il aurait pu nous la faire vivre. Nous immerger.

Autre point négatif selon moi : le début ! Cinq chapitres au moins qui plombent. Il y a un côté un peu cliché en plus " poil de carotte " on pense au célèbre roman et entre ça, les déboires (normales même si c'est triste) d'un petit rouquin malaimé/malmené, qui a des fois tendance à jouer Caliméro (dans un but bien précis de l'auteur, mais à force c'était un peu lourd comme démonstration) le début du roman est rude. J'ai dû m'accrocheret je ne pouvais lire d'un chapitre à la fois. MAIS ! Il y a un mais, on commence à s'attacher à l'histoire, à se demander ce que cet échange à travers le temps va permettre et là, l'histoire charme.

Le roman part d'une belle idée, j'ai aimé les échanges, certaines prises de conscience, les histoires en rapport avec l'étoile et on sent derrière le livre un féru d'histoire qui s'est beaucoup documenté et veut faire passer un message fort. C'est un peu un devoir de mémoire intelligent ce livre... il n'y a presque pas de passages qui m'ont réellement ennuyée, j'ai appris des choses et ça pouvait être terrible (l'épisode du Vel' d'hiv' de l'intérieur fait frissonner).

Le roman va crescendo, mais ce qui a fait perdre encore un point à ma notation est la fin. Elle était selon moi logique ou prévisible. En tout cas je l'ai deviné assez vite et le voir dévoilé si lentement... trop lentement. On aurait aimé plus de nerf que le roman finisse sur les chapeaux de roues. Là, je crois que j'aurais eu presque un coup de cœur (à part ces histoires de narration mal étudiée, selon moi). Mais ce n'est pas ce qui se passe. Il vaut mieux surprendre son lecteur dans ce genre de cas, à la Agatha Christie qui dévoile un coup de théâtre en une longue scène que de les surajouter et de gâcher l'effet. Surtout que la fin quelque part fait prendre au roman une direction différente, un ton différent, qui tranche. Pas forcément en bien pour moi. Très pragmatique, moins dans le sentiment et tout est trop bouclé (plus ce n'était pas possible).

J'ai beaucoup réfléchi aussi à cette fin. Aime/aime pas ? Et finalement, je comprends la volonté de l'auteur et ce qu'il a voulu mettre en place pour la cohérence globale. Il a voulu créer quelque chose de cohérent même si pas totalement inédit. Donc j'aime bien cette volonté, cette réflexion tissée tout au long du livre. Même si ça manque un peu de subtilité et de magie pour le coup alors qu'il y en avait avant cela.

Dernier petit point, j'ai lu en alternance le papier et l'ebook pour des raisons pratiques. Je suis un peu désolée de voir que l'ebookn'a pas bénéficié d'une mise en page finie ; le texte n'est pas justifié par exemple. C'est du détail, mais pas que, ça finit de rendre un livre propre. Bizarrement, les accents aussi se baladent un peu avant ou après les lettres ?

En résumé : un roman qui part d'une belle idée et qui remplit une bonne part de son contrat. Peut-être aurait-il fallu pousser plus loin le concept (laisser parler Hannah) et " aplanir " la narration ou certaines scènes inégales au niveau de l'intensité. Reste un message fort, des quêtes d'identités et une idée en guise de fil rouge " et si on pouvait changer le passé ? ". Idée au combien porteuse qui fascine les lecteurs depuis longtemps, surtout sur un sujet aussi délicat que la Shoah.

Extrait :

- Vous pensez que ça recommencera un jour, tout ça ?
- En France, je ne l'espère pas. Je ne crois pas, non. Ailleurs dans le monde, c'est malheureusement possible. Il faut être vigilant, Pierre. Ne jamais se dire que c'est fini pour de bon. Ce n'est jamais fini pour de bon. La Première Guerre mondiale devait être la dernière. Vingt ans plus tard, tout recommençait.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois