Sandra Monteforte Gardent : Cher Ami Président

Sandra Monteforte Gardent, laurence peyrin,  Sandra Gardent, née Monteforte en 1973 à Grenoble où elle vit toujours, a suivi des études de psychologie jusqu'au niveau licence puis travaillé dans divers domaines. Aujourd’hui elle est correspondante de presse freelance pour Le Dauphiné Libéré, l'Essor et plusieurs autres publications. Après avoir remporté de nombreuses récompenses littéraires dans le domaine de la poésie et publié deux ou trois autres ouvrages, son roman Cher Ami Président est paru en fin d’année dernière.

« C'était lui. Lui et personne d'autre. Il endossait d'un coup le costume de la première personnalité de France. Le numéro Un. Il allait être le chef de la nouvelle société qu'il voulait mettre en place. Son initiateur. Il allait essayer de changer le niveau de vie des Français. Les rendre heureux et réussir une fois pour toutes, là où tous ses prédécesseurs avaient échoué. »

Je ne sais pas quelle malédiction frappe les journalistes du Dauphiné Libéré, mais après m’être farci l’épouvantable roman de Laurence Peyrin (La Drôle de vie de Zelda Zonk), celui-ci ne relève pas le niveau. Je serais bien incapable de vous dire quel est le sujet réel de Cher Ami Président. Si comme moi, vous pensiez entrer dans les arcanes du pouvoir, écouter aux portes des salons feutrés de l’Elysée, passez votre chemin. Certes il y a bien un président fraichement élu, mais tout ce qui relève de près ou de loin à la politique est tellement creux que c’en est affligeant, une compilation d’idées toutes faites sur les hommes politiques ; il y a moins à lire ici que dans votre quotidien habituel, sans parler des invraisemblances ahurissantes, mais j’en citerai deux pour exemple : le siège de campagne du futur élu est installé sur les Champs-Elysées, l’unique adresse parisienne qui ne pouvait accueillir ce local ; le parti d’opposition se nomme L’Union des Enfants de France, ce n’était pas sorcier de trouver un nom passe-partout, celui-ci est tellement improbable car prêtant trop facilement le flanc à la moquerie que les lunettes m’en sont tombées du nez… alors que je n’avais lu que deux pages !

Tout le roman est du même tonneau, fait d’un vide abyssal d’où rien ne surnage. L’angle psychologique est d’une pauvreté désarmante, que l’auteur parle du poids de la fonction, des rapports avec les subordonnés ou les adversaires. Et quand en seconde partie du bouquin, le président est largué par sa femme, je n’ai pas de mots pour décrire ce qui ressemble à une bluette écrite par une adolescente s’exerçant à l’écriture : « De nouveau célibataire, elle ne voulait pas s’engager ». Ajoutons à cela des lieux communs, en veux-tu en voilà, sur la solitude des hommes de pouvoir et n’en parlons plus.