Profession du père

En 1961, Émile a 12 ans un mois et six jours. Le dimanche 23 Avril, son père déclare : « C’est la guerre ! ». Il a fait bien des choses dans sa vie : footballeur, chanteur, pasteur… Mais surtout, il a été conseiller du général de Gaulle. L’autodétermination établie pour l’Algérie est alors pour lui une vraie trahison ! C’est pourquoi, André Choulans demande à son fils de l’aider. Ensemble, ils vont tuer le général de Gaulle. Pour cela, il y a des exercices physiques à réaliser. Des pompes, des haltères. En slip, au milieu de la nuit. Entre les coups portés sur lui ou sur sa mère. Entre les mauvaises notes, le placard dans lequel il faut rester à genou pendant des heures et les privations de nourriture. Entre les interdictions d’inviter qui que ce soit à la maison et les lettres OAS (Organisation de l’Armée Secrète) à écrire à la craie sur un maximum de murs de la ville.

Des actes, des cris, des pleurs qui resteront à tout jamais gravés dans l’esprit d’Émile qui a grandi comme il a pu dans environnement violent, terrifiant, cruel. Dans cet environnement de fou, du fou qu’était son père. Avec à ses côtés une mère indifférente et, en lui, ce désir de vouloir que son papa soit fier de lui. Puissant texte sur la relation père fils, sur la famille, sur l’accomplissement de soi, sur l’Histoire, sur la maladie aussi, Profession du père laisse la parole à Émile lui-même, ce petit d’homme sensible et courageux qui a bien vite perdu, s’il l’a connue un jour d’ailleurs, sa légèreté d’enfant. Ses mots sont on ne peut plus francs et tranchants. Ils illustrent les coups, tous les coups, révèlent les plaies éternellement ouvertes. Infiniment délicat, habile, à travers le mal (Mal?) qui a décidé de s’occuper du destin de son personnage (peut-être de lui?), Sorj Chalandon livre ici un roman d’une grande émotion tout à fait mesurée.

Profession du père

Présentation de l’éditeur :
« Mon père a été chanteur, footballeur, professeur de judo, parachutiste, espion, pasteur d’une Église pentecôtiste américaine et conseiller personnel du général de Gaulle jusqu’en 1958. Un jour, il m’a dit que le Général l’avait trahi. Son meilleur ami était devenu son pire ennemi. Alors mon père m’a annoncé qu’il allait tuer de Gaulle. Et il m’a demandé de l’aider. Je n’avais pas le choix. C’était un ordre. J’étais fier. Mais j’avais peur aussi… À 13 ans, c’est drôlement lourd un pistolet. »

Sélection Prix des Lecteurs du Maine Libre 2015