Gaspard est chargé de la télésurveillance d’un quartier de
Toulouse. Lucas est passionné par les girafes et ne supporte plus sa mère
grabataire. Zélie l’écolo observe avec rage les bûcherons élaguer les arbres
qu’elle admire depuis son balcon, sous le regard inquiet de son compagnon
Pierre, expert dans le transport de produits dangereux. Ahmed l’élagueur fait
son job sans se poser de question, et tant pis si Zélie le traite de tous les
noms. L’homme à la craie, lui, dresse l’inventaire des fleurs de bétons qui poussent
au bord des trottoirs et dans les fissures des maisons. Son voisin, obsédé par
les pelouses tondues au millimètre, ne supporte pas qu’il laisse son jardin
ressembler à une forêt vierge. Autant de personnages qui vont se croiser de
plus ou moins près, et sûrement pas pour le meilleur…
Un roman choral à la sauce Dessaint, c’est l’assurance de naviguer en eaux troubles. Personnages loufoques, situation inattendues, tension qui monte crescendo et final pour le mois surprenant, difficile de ne pas se laisser embarquer dans ce tourbillon tragi-comique. Ils sont tellement touchants ces bras-cassés aux combats dérisoires, chercheurs de bonheur illusoire. Les marqueurs de l’œuvre de Dessaint sont évidemment présents, entre solitude, marginalité et humanité. Et comme d’habitude, le fond du récit se double d’une maîtrise narrative ne souffrant d’aucune fausse note. Malicieux, culotté et cruel, cet envers de la girafe m’a permis de retrouver avec plaisir un auteur que j’apprécie particulièrement !
L’envers de la girafe de Pascal Dessaint. Rivages, 2025. 205 pages. 20,00 euros.