

Quatrième de couverture ...
Anne, une jeune aristocrate, a repoussé les avances de Frederick, un officier de marine qu'elle ne jugeait pas de sa condition.
Huit ans plus tard, sa famille connaît des revers de fortune. Son père décide alors de louer le château familial à l'amiral Croft, qui n'est autre que le beau-frère de Frederick. Celui-ci, devenu riche, a conservé la conviction que la jeune Anne manquait de caractère et se laisser trop aisément persuader...
L'ultime chef d'œuvre de Jane Austen (1775-1817), achevé un an avant sa mort, offre la satire d'une société engoncée dans ses principes, ainsi qu'une galerie de personnages croqués avec un humour mordant.
La première phrase
" Sir Walter Elliot, de Kellynch Hall, dans le comté de Somerset, n'avait jamais touché un livre pour son propre amusement, si ce n'est le livre héraldique. "
Mon avis ...
Dernier roman achevé de Jane Austen, Persuasion est un classique qu'il me tardait de découvrir depuis un long moment. Après avoir adoré Orgueil et préjugés, et apprécié Raison et sentiments ou encore Northanger Abbey (un peu moins Mansfield Park), j'ai enfin pu faire la connaissance d' Anne Elliot. Sans surprise, j'ai de nouveau passé un bon moment de lecture en compagnie de la plume vive et mordante de Jane Austen.
Anne Elliot a tout juste vingt-sept ans lorsque sa route croise celle d'un ancien soupirant : Frederick Wentworth. Des années plus tôt, influencée par l'avis plus que tranché de lady Russell, notre héroïne avait cru bon éconduire son prétendant. Lady Russell se refusait en effet à voir son amie épouser un jeune officier de marine, jugé sans fortune et à l'avenir plus qu'incertain.
C'est toujours un vrai bonheur de retrouver l'univers austenien. J'aime plus que tout les histoires d'amour imaginées par Jane Austen, tout comme sa manière de dépeindre l'aristocratie et la haute bourgeoisie de son époque. Persuasion diffère à mon sens des autres romans de l'autrice (même si je n'ai pas encore lu Emma). Anne est une héroïne plus âgée. Elle essuie les plâtres d'une passion amoureuse déjà établie, mais qui n'a pu se conclure par un mariage du fait de l'orgueil mal placé de sa famille. De ce fait, Persuasion aborde la question de l'amour à travers le temps. Au fil des pages, le lecteur ne souhaite savoir qu'une chose : Frederick Wentworth est-il toujours épris de notre héroïne ? Des retrouvailles sont-elles envisageables ?
Promu capitaine, Wentworth finit en effet par revenir sur ses terres. Il s'est fait un nom et souhaite se marier, mais garde la conviction que, par son refus il y a huit ans, Anne manque de caractère et se laisse trop aisément influencer.
Menant grand train, la famille d'Anne est quant à elle quasiment ruinée. Sir Walter Elliot se voit contraint de louer sa propriété de Kellynch pour partir s'installer à Bath, où lady Russell séjourne chaque hiver. Le domaine familial est ainsi loué à l'amiral Croft, qui sert dans la Royal Navy, ainsi qu'à son épouse. Or celle-ci n'est autre que la sœur de Frédéric Wentworth.
Persuasion est un roman permettant de rencontrer des membres de la Royal Navy, tandis qu'une grande partie de l'intrigue se déroule dans une ville d'eau (qui avait déjà son importance dans Northanger Abbey) : Bath. Jane Austen rend sans doute ici hommage à deux de ses frères, officiers de marine l'un et l'autre.
Je dois dire que j'ai beaucoup aimé le personnage d'Anne Elliot. À la différence de son père et de ses sœurs (Mary et Elizabeth), elle se montre humble et conciliante. Peu considérée dans sa famille (on l'écoute assez peu), c'est une héroïne que je trouve touchante. Elle n'a certes pas le côté piquant d'Elizabeth Bennett ( Orgueil et préjugés) mais l'on s'attache à elle du fait de ses nombreuses qualités. J'ai apprécié suivre l'évolution de son personnage, tout comme le fil de ses pensées.
Seul bémol à ma lecture, j'ai trouvé que l'intrigue manquait de rebondissements. Il m'a fallu attendre la seconde moitié du roman pour que les pages tournent à toute vitesse. Côté intrigue, je n'ai donc pas été emportée autant que je l'aurais souhaité. Reste que j'apprécie toujours autant la plume de Jane Austen, et que les illustrations de Hugh Thompson offrent ici une véritable plus-value à l'ensemble.
Extraits ...
" La première partie du concert étant finie, quelques personnes proposèrent d'aller prendre du thé. Anne resta assise à côté de Lady Russell, et fut débarrassée de M. Elliot. Elle était décidée à parler à Wentworth si le hasard l'amenait auprès d'elle malgré la présence de Lady Russell, qui l'avait certainement aperçu. La salle se remplit de nouveau, et Anne eut à attendre une longue heure de musique. Elle était fort agitée, et ne pouvait être tranquille tant qu'elle n'aurait pas échangé avec lui un regard ami. "