C'est lundi, que lisez-vous? #459

Ce rendez-vous hebdomadaire consiste à vous présenter chaque lundi mes lectures passées, en cours et à venir en répondant à trois questions :-)

ROMAN ADO

C'est lundi, lisez-vous? #459

Dempsey, 15 ans, vit seul avec sa mère et sa petite sœur Chéryl depuis que son père les a abandonnés. Il a tellement de colère en lui qu'il ne s'exprime que par la violence, des mots, des poings, des actes. Coupable une fois de plus, il est envoyé en Maison de Redressement.

Livia, 15 ans aussi, subit des violences intrafamilailes. Aussi secrète que son apparence est osée, elle s'exprime par le dessin, même si elle dévoile peu ses productions.

Salomon, 16 ans, a eu une transplantation cardiaque 10 ans avant, entraînant une superprotection maternelle, qui rassure et étouffe. Voulant s'en émanciper, il demande à partir quinze jours en camp de vacances.

Violette, la cinquantaine, vit seule en Ardèche et accueille chaque année en août un ado déjà abîmé par la vie. C'est ainsi qu'arrive Dempsey... puis Livia, en urgence. A situation exceptionnelle, évènements exceptionnels!

Tout ce petit monde va se croiser, s'affronter, apprendre à se connaître, à se côtoyer, à se rassurer, à calmer ses défenses, s'ouvrir aux autres et surtout à eux-mêmes. Ils seront aidés par Aaron, Chelsea, Yvoire, Arthur, Erin et quelques autres.

C'est un roman coup de poing (sans mauvais jeu de mots) que nous délivre Nancy Guilbert. Un roman qui montre que la vie peut être belle, que les humains ne sont pas tous mauvais, que la bienveillance, l'entraide, l'amitié existent et que l'adage du temps qui passe est vrai. Un roman poignant et fort qui nous délivre de beaux messages, nous met de beaux paysages dans les yeux, du baume au cœur et de l'espoir !

ROMANS

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2017. June Mitchell, 51 ans, est avocate d'affaires spécialisée dans l'environnement, chargée de conseiller les entreprises face aux différentes lois qui font et défont les mesures environnementales. Dans le cadre d'une procédure de pro-bono (une mesure de conseil voire même de soutien pour un meilleur accès et pour une meilleure application de la Justice en faveur des personnes défavorisées), elle doit revoir le procès de Maurice Da-Jon, un Noir accusé de viol sur sa petite amie 17 ans auparavant. Est-il vraiment coupable? A-t-il eu le droit à une défense impartiale et juste?

La voilà donc, assistée de Nicholas, à étudier les pièces du dossier, à aller parler à la victime, au coupable, aux témoins et familles. Et si elle est plutôt réticente, Nicholas est pleinement investi.

En parallèle, elle se doit de continuer à satisfaire ses clients, notamment une grosse entreprise qui extraie du charbon, tout en se démenant avec sa fille Karyn, dont elle a obtenu la garde à grand-peine. Lycéenne, cette dernière ne fait pas grand-chose à part la fête, ce qui excède sa mère, persuadée qu'elle a le potentiel et les moyens de s'accomplir. Au cabinet, la tension est palpable car beaucoup de collègues et associés estiment qu'ils n'ont pas à gérer des affaires d'ordre criminel et encore moins sur ce double sujet Noir/viol. En termes d'images, cela ne peut qu'être négatif. Ce qui se confirme par plusieurs parutions presse émanant d'un groupuscule suprémaciste qui discrédite le Cabinet et son dirigeant, fils de Juif.

C'est le point de départ de ce roman, la procédure pro bono qui m'a donné envie de le lire. L'application de la Justice aux Etats-Unis si elle nous semble connue grâce aux séries TV est en réalité bien plus complexe et j'avais pu en comprendre davantage grâce au film la Voie de la Justice avec Michael B. Jordan, et surtout au passionnant et révoltant documentaire d'Ava Du Vernay sur le 13e Amendement. Ce roman aborde ces points mais d'une manière non frontale et nous permet d'être aux côtés de quelqu'un (June) qui sans être contre le pro bono, n'est pas quelqu'un d'engagé pour les droits des Noirs mais pour la Justice. Elle est d'ailleurs convaincue de la culpabilité de Da-Jon. Ce roman nous montre bien les délais qui sont ceux des avocats, dans cette procédure comme dans d'autres, ce qui oblige, ou permet, à June et Nicholas, de (devoir) s'occuper d'autres affaires qui leur incombent. Du coup, si on se focalise uniquement sur le pro bono, l'histoire peut sembler traîner en longueur. D'autant que s'intercalent les déboires maternels de June avec sa fille. Personnellement, cela ne m'a pas dérangée car cela nous permet d'avoir un regard d'ensemble. Je m'interroge seulement sur le fait que, finalement, Da-Jon est peu questionné par June, sa parole et sa version sur cette affaire sont peu recueillies, alors qu'il est tout de même la première personne concernée.

Un roman intéressant mais dont je sais que je ne garderai pas une impression durable mais qui m'a tout de même permis d'apprendre.

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La Hurlevent.Jeanne CHAMPION. Le Livre de Poche

La Hurlevent
C'est ainsi qu'est nommée Emily Brontë, en référence à son roman. Et pour mieux nous les faire connaître, elle et son œuvre, Jeanne Champion dialogue avec elle dans un échange presque épistolaire.
Pour parfaire son portrait, elle entremêle ses écrits et ceux de ses sœurs, amis et biographes, entre lettres, romans, poèmes, documents et essais
Au fil de la lecture, on pénètre dans le presbytère familial, Haworth, auprès de Patrick leur père, de la Tante Branwell qui coud dans sa chambre, de Tabby la domestique... Et on s'éloigne de cette terre de landes vers les pensionnats, la Belgique, les amours et espoirs déçus, le monde extérieur et la maladie qui rongent...
Et ainsi se dévoilent les caractères, d'Emily bien sûr, la plus "sauvage", la plus attachée à sa terre natale, mais bien sûr de Charlotte, la plus "sociale", d'Anne la pas si timide, de Branwell, le plus torturé. Car il est impossible de parler de l'un des membres de cette famille sans évoquer les autres, tant ils sont liés
J'avais lu cette passionnante "biographie" à l'adolescence, il m'a plu de la relire après avoir (re)découvert leurs écrits me permettant de davantage m'immerger encore, dans ce que fut leur vie et les conditions, dans ce que fut leur époque, dans ce que furent leurs émotions, dans ce qui demeurent leurs œuvres.
D'autres suivront, et notamment la nouvelle traduction des Hauts de Hurlevent, rebaptisés, comme il se doit, Les Hauts de Hurtebise aux Belles Lettres dans une magnifique édition toute parée de bleu.

BD / MANGA

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Les sortilèges de Zora - Tome 1 - Une sorcière au collège. Judith PEIGNEN et Ariane DELRIEU. Vents d'Ouest, 2021

Zora est une jeune ado, mais surtout une sorcière. Et sa grand-mère est persuadée que l'envoyer dans un collège avec que des humains lui fera le plus grand bien! La voici donc à ne pas pouvoir exercer de magie dans un lieu qu'elle appréhende, jusqu'à une certaine rencontre...

Zora y découvre les histoires d'amitié, le besoin d'indépendance, les moqueries des camarades, les élans amoureux, ce qui nous plaît beaucoup en tant que lecteurs! D'autant qu'elle a quand même de la répartie! Un premier tome bien prometteur!

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Cet épais roman graphique est passionnant! Ne surtout pas se laisser rebuter par le graphisme, qui passera au fil de la lecture! Tiphaine Rivière nous plance à côté d'un jeune homme devenu professeur de collège d'une banlieue défavorisée et qui va parler à ses élèves de classes sociales en citant l'oeuvre de Bourdieu.

Au fil d'interviews, de lectures, d'échanges, de rencontres, de questionnements, les élèves vont s'interroger sur ce qui fait ce qu'ils sont, leurs goûts, et donc leur placement sur l'échelle sociale. Cela va les conduire à discuter avec leurs parents (de manière parfois houleuse), à se remettre ou non en question. C'est vraiment très bien fait et très très accessible.

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Calamity Jane - Tome 1 - La fièvre. Adeline AVRIL. Delcourt, 2021

Calamity Jane, on connaît tous, mais son enfance? C'est avec cette question qu'Adeline Avril a décidé décrire sur cette héroïne du Far West, doté d'un franc caractère et d'une farouche volonté de liberté et d'indépendance.

Laissée seule avec ses petits frères et sœurs, Jane doit s'en occuper, mais sa petite sœur est malade et il lui faut la soigner, aussi décidé-t-elle de partir chercher le médecin. Mais son chemin est bloqué par la Cavalerie qui lui intime de faire demi-tour. Ils barrent le passage car le chemin de fer doit passer là.

En parallèle, une petite Indienne approche souvent de la propriété, ce qui fait peur aux enfants qui tentent de l'effaroucher.

J'ai adoré ce premier tome autant que son postulat. Je me souviens d'un dessin animé vu il y a quelques années sur l'enfance de Jane qui m'avait beaucoup plu. Je continuerai la série!

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Irena - Tome 1 - Le ghetto. Jean-David MORVAN, Séverine TREFOUEL. Glénat, 2017

Ce n'est que maintenant que je découvre enfin cette série sur Irena Sendlerowa, une mère de famille et résistante polonaise, reconnue Juste parmi les Nations et qui a contribué à sauver près de 2500 enfants juifs.

Membre de la Croix-Rouge, elle permet aux habitants du ghetto d'avoir un peu de quoi se nourrir, se vêtir et de chaleur humaine. Toujours le bon mot, la bonne parole, la bonne attitude ou pensée réconfortante, Irena illumine autant que possible leur vie. Mais un jour, une femme vient la solliciter pour une aide aussi inédite que dangereuse, aussi importante que viscérale: sa sœur est mourante et elle lui demande de recueillir son neveu. Faire sortir un enfant du Ghetto, Irena ne peut le faire seule et ne peut agir sans le consentement de son partenaire et de sa hiérarchie. Et en le sauvant lui, elle se doit d'en sauver d'autres. C'est ainsi que cela commence.

Cette histoire est aussi passionnante que poignante et montre bien tous les rouages nécessaires au sauvetage de ces enfants. Ce ne peut être l'œuvre d'une seule personne! Si le dessin m'a quelque peu rebutée au départ, je m'y suis vite faire, trouvant même qu'il collait très bien à l'atmosphère décrite. Hâte de poursuivre.

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Sous le couvert de la fiction, les autrices nous narrent de vraies catastrophes écologiques, animalières et humaines: celles des marées noires. Elles impactent la vie des habitants des zones côtières concernées qui doivent se démener entre nettoyage et déboires administratifs et politiques. Ainsi la narratrice nous raconte-t-elle le combat de son grand-père pour faire condamner une entreprise pétrolière américaine de la responsabilité de l'échouage de son navire. Une procédure qui durera 14 ans et qui a impacté leur vie à tous niveaux.

Un album aussi nécessaire que révoltant.

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À 14 ans, Dita Adlerova vit dans le ghetto de Terezín, à Prague mais elle est arrêtée avec ses parents et envoyée à Auschwitz où ils intègrent un block spécial. Leurs vêtements et effets ne leur sont pas retirés, leurs cheveux ne sont pas rasés. Dita fait la connaissance de Freddy Hirsch, un jeune homme que tous respectent et qui lui confie la direction de la bibliothèque. Une bibliothèque constituée de 8 livres, en plus ou moins bon état. Mais que les Nazis ne doivent surtout pas découvrir.

Ce roman graphique m'a permis d'apprendre sur Dita Adlerova que je ne connaissais pas, sur l'existence de cette bibliothèque et d'approfondir mes connaissances sur certaines pratiques à Auschwitz. Cet album est tour à tour lumineux et sombre. Le trait en rondeurs de Loreto Aroca nous rend d'autant pus sensibles et émus. Même si certains éléments m'ont laissée parfois circonspecte, j'ai aimé apprendre (encore et toujours).

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J'ai voulu lire cet album car il est (un peu) question de Boulogne-Billancourt. C'est dans cette ville qu'habitaient Louise et sa famille. Elle allait au collège Jean de La Fontaine dans le 16e arrondissement et était très attachée à sa professeure de Lettres, avec qui elle a correspondu jusqu'à son arrestation en janvier 1944, avec sa famille.

En 2010, lors de travaux de rénovation du collège-lycée, des lettres et un cartable sont retrouvés. Ils appartenaient à Louise. Voici le point de départ de cet émouvant album qui nous les retranscrit, un peu dans l'histoire, intégralement à la fin.

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Ce manga one-shot nous emmène à Taïwan auprès de Lin Chu-sheng qui, pour se trouver et s'accomplir, a fui université et maison parentale, guitare sur le dos. Ainsi se présente-t-elle à une annonce pour devenir agent funéraire. Et là-bas, ce métier en combine en réalité plusieurs qu'elle va découvrir au fur et à mesure. Le but : respecter la fin de vie, les morts mais aussi, et surtout, les (sur)vivants. Un manga émouvant !

POESIE

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Choix de poèmes.Jean-Louis GIOVANNONI. Editions Unes, mars 2024

Ces poésies choisies par leur auteur dévoilent des pensées torturées souvent tournées vers la Mort, la manière de la vivre, de faire face à son inéluctabilité, de rester parmi les vivants, de songer à ceux qui ont disparu...

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

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Présentation de l'éditeur Imposante et énigmatique, coincée entre le paravent et le bureau d'angle d'une petite bibliothèque au cœur de Tokyo, Sayuri Komachi attend patiemment ceux qui décident de venir la voir. Hommes ou femmes, jeunes ou vieux, salariés ou retraités..., ils sont tous au carrefour de leur vie. À chacun, la mystérieuse bibliothécaire propose un ouvrage totalement inattendu, bien loin de celui qu'il était venu chercher. Et derrière cette lecture imprévue se dessinent toujours les premiers jalons d'un nouveau départ.
Un roman choral poétique qui célèbre le pouvoir des livres et l'importance qu'une personne attentive et attentionnée peut avoir sur le destin d'autrui.

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Emma s'est imaginée entremetteuse mais quelle déconvenue lorsqu'elle constate, grâce à son beau-frère, que celui qu'elle escomptait pour son amie Harriet, s'est, en réalité, entiché d'elle, pour contracter un beau mariage, de convenances...
J'en suis là ! J'aime le ton, et même si je sais que l'opinion, le point de vue d'Emma sont ceux de son époque et de son rang social, je ne l'apprécie pas spécialement, la trouvant assez condescendante.

3/ Que vais-je lire ensuite?

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Présentation de l'éditeur Au volant de son camping-car, accompagné de Flip, son fidèle pitbull, Will Bear sillonne les routes d'une Amérique ravagée par les coupures de courant et envahie de drones géants. En tant que mercenaire itinérant, il accomplit sous de multiples identités diverses missions, parfois au péril de sa vie : assassinats, pose d'explosifs, transport de prisonniers... Mais sa bonhommie naturelle et ses microdoses quotidiennes de LSD l'aident à garder le sourire. Jusqu'à ce qu'une jeune femme l'appelle sur l'un de ses téléphones, pourtant intraçables. Elle prétend être sa fille biologique et se dit en grand danger. Est-ce la vérité ou un piège mortel ? Faut-il se débarrasser d'elle ou au contraire saisir cette opportunité pour enfin changer de vie ? Jouant avec les codes du roman noir et de la dystopie, Dan Chaon nous propulse dans un monde dominé par la violence et la technologie - un univers à la fois si loin et si proche du nôtre.

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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois