The mighty : anatomie de la chute d'une icône super-héroïque

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Ce n'est pas la première réinterprétation du mythe de Superman et ce n'est vraisemblablement pas la dernière. The Mighty est désormais disponible chez Urban comics, une dizaine d'années après sa parution chez l'éditeur Dark Horse, aux États-Unis. Comme la plupart du temps, ce sont les Américains qui ont décroché le gros lot : Alpha One est le super héros local qui défend la veuve et l'orphelin. Ses pouvoirs seraient dus à l'explosion d'une bombe atomique et depuis, il les place au service de l'humanité et principalement de la plus grande puissance mondiale, qui a instauré au fil des décennies d'activités de ce super héros (qui ne vieillit pas, ou presque) une force d'intervention spéciale, entièrement financée par tous les produits dérivés générés par sa popularité. Bref, tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si ce n'est que le chef de la sécurité, le capitaine Michael Shaw, vient d'être assassiné et que l'heure est venue de lui trouver un successeur. Ce sera Gabriel, jusqu'ici un de ses fidèles adjoints, qui a une particularité intéressante : lorsqu'il était petit, ses deux parents sont décédés tragiquement et il a été lui-même sauvé par Alpha One, qui est depuis devenu l'objet d'une sorte de culte personnel. Sa petite amie gère un bar et elle l'aide à garder les pieds sur terre, tout en lui rappelant la nécessité de consacrer du temps à sa vie d'homme et de famille, plutôt que tout miser sur un travail extrêmement chronophage. Dès lors, la relation qui va s'instaurer entre le super-héros sans peur et sans reproche et le nouveau superflic d'Amérique va être au centre du récit de The Mighty tandis que peu à peu, la belle vitrine va commencer à se lézarder, comme vous pouvez vous y attendre
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Toute la difficulté pour Peter Tomasi, c'était d'être capable de prendre le contre-pied des attentes des lecteurs, sachant qu'il devait nécessairement, à un moment donné, mettre à mal la grandeur et la magnificence de son super-héros iconique. On s'attend tous à le voir disjoncter et commettre les pires atrocités, mais bien entendu, l'évolution et l'explication de son comportement sera beaucoup plus subtile que cela. Plutôt qu'une bande dessinée super héroïque catastrophe, The Mighty évolue vers un thriller passionnant, où chaque minute compte, où il semble quasiment impossible d'échapper au regard et aux sens aiguisés de celui qui sait tout, qui peut tout, qui voit tout et qui pourtant a aussi ses failles et ses secrets. C'est Peter Snejbjerg qui s'occupe du dessin, dans un premier temps, et si à première vue son travail peut sembler plutôt quelconque, c'est en réalité cette apparence de banalité mais cette lisibilité maximale qui permet au récit d'aller de l'avant, avec naturel, comme une évidence imparable. Au bout de quelques épisodes, il doit céder la place à Chris Samnee, mais il continue d'assurer la mise en page, gardant ainsi une unité de storytelling appréciable. Samnee, c'est un véritable génie dans la gestion de l'ombre et du volume des planches, on ne refuse jamais de le voir à l'œuvre dans un comic book. Urban Comics propose l'intégralité de la série, y compris des récits courts signés Keith Champagne et Leonard Kirk, qui approfondissent le rôle pernicieux de Alpha One. Le discours de fond, celui de savoir si l'humanité a besoin qu'on lui prenne la main et qu'on lui mâche le travail, ou si au contraire la liberté véritable, c'est aussi accepter de se tromper et de commettre les pires erreurs, est une fois de plus mis en lumière avec brio, dans un récit susceptible de plaire au plus grand nombre et plus que jamais d'actualité.

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