Les Derniers Américains – Brandon TAYLOR

Derniers Américains Brandon TAYLOR

Les Derniers Américains
De
Brandon TAYLOR
Chez La Croisée

Avertissements de contenu : Violences verbales et physiques, description graphique de blessures, agression sexuelle, viol, racisme, sexisme, pro-vie, avortement, élitisme, validisme.

Ils sont étudiants à lowa City et rêvent de devenir poètes, pianistes, danseurs… Des jeunes remplis de doutes et d’ambition, aux portes de l’âge adulte. Parmi eux Seamus, Noah, Fatima et Fyodor, socialement opposés, qui s’attirent et se déchirent. Pour eux, vient l’heure des choix : faut-il s’accrocher à ses idéaux ou s’accommoder des exigences du monde – et à quel prix ?


Auteur qui a déjà fait ses preuves, Brandon Taylor nous rajoute du brillant dans nos étagères avec Les Derniers Américains.

Brandon Taylor nous présente ses personnages et narrateurs avec une écriture lente, appliquée, dans les détails. Cette plume peut paraître fastidieuse mais elle est tant maitrisée qu’au contraire, elle nous accompagne paisiblement dans les sujets difficiles abordés dans Les Derniers Américains.
Ce titre est juste. J’ai eu l’impression de lire l’une de ces tragédies grecques ou encore l’un de ces romans de Zola où le destin et la réalité sont écrasantes pour nos humains. Ces humains-là sont un peu spéciaux : ce sont quasiment tous des artistes. Danseurs, poètes, pianistes… et un équarrisseur de viandes. Ces humains-là sont terriblement réels : certains se sont endettés pour deux décennies afin d’être là où ils sont, d’autres n’ont pas à se soucier de l’argent et ils y a ceux qui travaillent en plus d’étudier ou qui travaillent tout court car étudier n’a jamais été une option. Dans un microcosme universitaire, Brandon Taylor nous offre une vision juste du monde d’aujourd’hui où il faut réussir pour être.

Si certains personnages nous paraissent de prime abord tout à fait antipathiques (coucou Seamus), Brandon Taylor finit par nous créer une certaine tendresse pour chaque personnage, même les pires. L’humanité est ainsi, grise et même un peu fade.
Les chapitres alternent les points-de-vue des différents personnages, leurs problèmes, comment iels gèrent les cours, le travail, la vie en société, l’humain. Iels sont nombreuses et même si ma tête de linotte n’arrivait parfois pas à placer qui est qui, on s’en remet vite. L’écriture nous guide et nous rappelle qui est qui.

Les Derniers Américains est une découverte qui m’a laissé sans voix, si bien que j’ai mis sacrément de temps pour terminer cette chronique. C’est un roman dense que je recommande vivement à celles et ceux qui aiment les tranches de vie réalistes et queer.