Mécano - Mattia Filice (entre *** et ****)

 Je dois cette lecture à l'avis de la journalisteLéa Salaméqui en recevant surFrance Interl'auteurMattia Filicea fait l'éloge de sa première oeuvreMécano. J'ai voulu le lire aussi, parce que j'aime l'univers de la SNCF (ses agents et leur disponibilité, les services rendus, le côté fonctionnel, le côté aussi de service public qui me tient tant à cœur), les voyages en train (assurément mon transport en commun préféré). Je le dis en toute franchise et sans second degré : j'aime le train et tout ce qui s'y rapporte !

Mécano Mattia Filice (entre ****)

Et puis, j'ai découvert Mécano, j'ai aimé certains moments de cette autofiction, un peu moins d'autres. J'ai eu de l'intérêt et puis un peu d'ennui. Je ne partage pas l'avis dithyrambique de Léa Salamé même si je vois le boulot immense qu'il a fallu pour composer ce livre cohérent au nombre de pages conséquent (autour de 370, tout de même).

Grâce à Mécano, j'ai compris la pression de tous les instants d'une conduite à grande vitesse avec un paquet de personnes dépendantes d'une conduite irréprochable ; j'ai compris la formation de haut vol indispensable pour assurer un service de qualité et sans erreur, une formation exigeante à la hauteur des enjeux et des risques. J'ai compris les prises de décision de tous les instants, l'absolue nécessité de respecter les règles de conduite (le code de route ferroviaire, les nombreux signaux) et de les retenir. J'ai aussi lu l'esprit cheminot, celui d'appartenir à un clan avec ses codes, ses sigles, son langage, sa hiérarchie aussi. J'ai lu les luttes sociales et j'ai moins aimé les banderoles déposées n'importe où et avec un risque majeur d'accidents.   

Bien sûr, Mécano doit son estime littéraire à la forme qu'il épouse, une prose littéraire intéressante, qui m'a fortement rappelé celle de Joseph Ponthus et ce fut à tort parce que rien n'égale pour le moment le génial À la ligne (un écrit salvateur qui m'a marquée définitivement). La comparaison, même si elle n'est pas voulue, a été déroutante : quand À la ligne se veut incisif et bref, Mécano prend le temps de dire quitte à redire et se noie dans les anecdotes. Là où Joseph Ponthus a réprimé des scènes, Mattia Filice les a prolongées ou répétées. D'un côté le court, de l'autre le plus long (et parfois très long... comme un TGV voire un double TGV). C'est peut-être cela qui m'a moins plu et qui m'a un peu éloignée de Mécano,... ce côté incisif perdu dans les détails.

Toutefois : chapeau bas à Mattia Filice pour cette première œuvre originale qui, malgré quelques menus défauts (et c'est normal pour un premier livre), est un tour de force majeur littéraire, qui appelle à d'autres écrits (c'est ce que je lui souhaite). Et je suis complétement d'accord avec Miss LéaMattia Filice est assurément un écrivain qui ne doit surtout pas s'arrêter d'écrire.

Éditions P.O.L


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