Le Tombeau scellé, tome 1 : Gideon la Neuvième – Tamsyn MUIR

Le Tombeau scellé, tome 1 : Gideon la Neuvième – Tamsyn MUIR

Le tombeau scellé, tome 1 : Gideon la Neuvième
Par
Tamsyn MUIR
Chez Actes Sud, collection Babel

Avertissements de contenu : nécromancie, mort, descriptions explicites de blessures,

Élevée par une flopée malveillante de nonnes sclérosées, de serviteurs antédiluviens et de squelettes, Gideon est fin prête à laisser derrière elle une vie de servitude et la perspective d’un au-delà sous forme de cadavre réanimé. Elle embarque donc son épée, ses bottes et ses revues pornos, et prépare son évasion. Mais son ennemie d’enfance ne lui rendra pas sa liberté avant un dernier service.
Harrowhark Nonagesimus, Respectable Fille de la Neuvième Maison et magicienne osséo surdouée répond en effet à l’appel de l’Empereur. Celui-ci a convié les héritiers et héritières de chacune de ses loyales Maisons à prendre part à un concours impitoyable mettant à l’épreuve leurs compétences et leur intelligence. Si Harrowhark réussit, elle deviendra une servante immortelle et tout-puissante de la Résurrection. Mais nulle nécromancienne ne saurait accéder au rang de Lycteure sans sa cavalière. Sans l’épée de Gideon, Harrow échouera et ce sera la fin de la Neuvième Maison.


Depuis sa sortie dans les pays anglophones, le roman de l’autrice néo-zélandaise fait des émules ! Gideon la Neuvième a deux équipes : celles et ceux qui détestent ce premier tome et celles et ceux qui deviennent complètement accros à la trilogie (qui, finalement, sera une quadrilogie).
Évidemment, je suis tombé dans la seconde catégorie.

La narration que nous propose Tamsyn Muir est vraiment très intéressante. Le point de vue est externe mais prisonnier des pensées… jamais trop sérieuses de la fameuse Gideon. Cette focalisation interne rend le roman autant abordable que cru car Gideon, comme toute personne élevée par des nonnes démoniaques, est très portée sur le cul. Cela nous offre des moments très drôles où elle se retrouve à plutôt reluquer les autres nécromanciennes plutôt que d’entrer dans la puzzle géant dans lesquels les héritières et héritiers des neufs Maisons sont empêtrées.
Tamsyn Muir, avec Gidéon la Neuvième, nous faire rire et pleurer en moins d’un chapitre ! C’est très fort de sa part. Ses personnages sont complets, même à travers des yeux peu fiables de Gidéon. Là est le tour de mains ! Chaque nécromancien et chaque cavalier ont leur propre caractéristique qui les rend eux. Malheureusement, Gidéon était pas fiable et donc on se perd vite avec ses pensées. J’ai eu beaucoup de difficultés à remettre des descriptions sur des visages. Le fait qu’il y en aie autant n’aide pas. (J’ai une petite mémoire.)

Le world-building de Gidéon la Neuvième est impeccable ! La Douzième maison est sombre, sale, vide. Harrow et Gidéon sont les dernières de cette lignée qui semble vouée à la fin. Devenir Lycteur offre l’immortalité, mais à quel prix ? Nos héroïnes ne le savent pas encore, ni le lecteur.
Cette absence d’informations est frustrante. Gidéon est une femme très bornée, sans trop de volonté de faire les choses qu’on lui dit de faire. Harrow est une porte de prison. La Neuvième Maison n’est que mystères… De ce fait, le moi-lecteur est un nouveau-né dans cet univers complexe. Comme Gidéon, nous n’avons pas les codes. Cela peut vite nous perdre, ce qui est dommage.
Dommage, car ce flou peut nous faire lâcher le livre. Ce n’est pas une chose à faire ! Surtout pas ! Car si personnellement j’ai été attaché directement à l’ouvrage, son histoire et ses personnages, je comprends tout à fait qu’on pourrait abandonné. Pourtant, si vous le faites, vous rateriez une œuvre magistrale.

Tamsyn Muir est magistrale. Sa plume est magnifique, poétique dans la noirceur. Nous lisons son livre avec le souffle coupé et le cœur en vrac. Parfois, les larmes montent suivis de la nausée. On ne décide pas ce qu’elle veut nous faire ressentir. Gidéon la Neuvième est une réussite accomplie que je recommande vivement.