Soigne, maltraite et tais-toi – FERENC & François SANZ

Par Lamouche

Soigne, maltraite et tais-tois : Céline Bousssié, parcours d’une lanceuse d’alerte
Par
Ferenc & François SANZ
Chez La Boite à Bulles

Avertissements de contenu : Violences institutionnelles, médicales, psychologiques & physique, harcèlement, mort d’enfants, validisme.

Le combat de Céline Boussié, la lanceuse d’alerte qui a dénoncé les actes de maltraitance de l’IME de Moussaron…

Céline Boussié a toujours eu la fibre sociale. Ce qu’elle aime, c’est aider les autres. En 2008, elle intègre l’IME de Moussaron pour prodiguer des soins aux résidents polyhandicapés.

Mais, alors qu’elle pensait avoir décroché le job de rêve, c’est une réalité tout autre que découvre Céline : à Moussaron, les équipements et locaux sont vétustes, le personnel insuffisant et, de fait, les pensionnaires subissent des traitements indignes. 

Pendant 5 ans, elle essaiera de composer avec ce peu de moyen. Pendant 5 ans, on lui reprochera de se mêler de ce qui ne la regarde pas. En 2013, pour Céline, lancer l’alerte devient une nécessité.

Les réactions ne se feront pas attendre : sanctions financières, menaces, vandalisme… Elle sera licenciée puis inculpée pour diffamation – comme trois autres employé.es avant elle.

Mais elle ne baissera pas les bras et n’aura de cesse de se battre pour que cesse cette maltraitance institutionnelle et que soit reconnu son statut de lanceuse d’alerte.


Je suis handicapé, j’ai été en psychiatrie mais j’ai eu la chance d’être quelqu’un de verbal et de dit fonctionnel. Ce n’est malheureusement pas le cas de tous mes adelphes handicapés, enfermés en IME, en EPHAD et dans ces endroits qui devraient correspondre au soin et à la bienveillance, non à la maltraitance. Soigne, maltraite et tais-toi est un coup de poing qui permet de rappeler la tristes situation du care en France, rappelé maintes et maintes fois par l’ONU.

Un coup de poing. Cette bande-dessinée reprend l’Affaire « Moussaron », un institut médical et éducatif pour des jeunes en situations de handicap. En 2013, Céline Boussié lance l’alerte sur les situations autant immondes et illégales dans lesquelles les jeunes de l’IME sont détenus. Deux autres femmes ont déjà essayés, plus de dix ans plus tôt, mais elles ont été condamnées à la place des gérants de ce lieu.
François Sanz et Ferenc, dans leur retranscription de ce qu’il s’est passé, mettent en lumière Céline Boussié, une mise en lumière nécessaire pour cette lanceuse d’alerte qui en a bavé et bavé par une institution – je me répète – qui est censée soigner et protéger.
L’encre de Ferenc est claire, l’handicap n’est pas recouvert d’un voile de pudeur. Il est là, présent par cette société qui met en difficulté, qui ne permet pas aux soignants de soigner et non de garder. La plume de François Sanz montre combien la réalité peut être salie par des gens qui préfèrent l’argent à l’humain. Une seconde fois, les deux auteurs permettent à Céline Boussié de lancer cette alerte, une alerte qui sera et est malheureusement toujours d’actualité.

Lorsqu’il s’agit d’évoquer les violences subies par les enfants et les jeunes placés à Moussaron, l’avocat adverse énonce que ce sont des choses « normales » dans le milieu. Dans le domaine du médical, il y a un manque flagrant de personnels, ce qui entrainent les burn-out et les actes violents des autres. Le médical, le soin et la psychiatrie est un grand cercle vicieux qui finit éternellement par emmener la violence dans des lieux qui ne devraient pas en voir.

Soigne, maltraite et tais-toi est une lecture terriblement nécessaire. Dans son alerte, Céline Boussié a porté la parole et les droits de celles et ceux qui n’étaient pas en capacité de le faire. Ce genre d’œuvre est important.
Les deux personnes présentes sur l’image, trinquant sur une plage, sont les anciens propriétaires de Moussaron, après le procès.