Pubère la vie : à l’école des genres – Dr Kpote

Pubère la vie : à l’école des genres – Dr Kpote

Parution le 31 aout 2023

Pubère la vie : à l’école des genres
Par Dr Kpote (Didier Valentin)
Chez les Éditions du Détour

Avertissements de contenu : violences sexistes et sexuelles, discrimination, racisme, islamophobie, propos violents.

À la veille d’une nouvelle année scolaire, Pubère la vie : À l’école des genres, nous emmène au cœur des salles de classe, partout en France, pour découvrir sans filtre comment les ados appréhendent les questions d’égalité liées aux genres. Né·es à l’ère de #MeToo, ces jeunes qui se heurtent à des injonctions contradictoires au quotidien doivent jongler et se situer, tant bien que mal, entre une éducation parfois genrée et patriarcale et de nouvelles normes d’égalité de genres et de masculinités.
Ce livre propose le point de vue d’un travailleur social rompu à parler autant d’IST, de harcèlement que de sexisme, à l’oral comme à l’écrit, avec un ton mordant et beaucoup d’humour. Dr Kpote raconte comment il parle de déconstruction avec des jeunes en pleine construction et s’attache à ne pas faire payer l’addition des générations passées à des jeunes, hommes en particulier, en quête de repères, et qui seront les adultes de demain.


Voir un mec quarantenaire cisgenre et hétéro écrire un livre sur la santé sexuelle et affective, je dois dire que ça m’a titillé. Je ne connaissais Dr Kpote que de nom, voyant quelques uns de ses tweets passer sur mon feed une fois de temps en temps. J’avais peur d’un livre condescendant et ouin-ouin, j’avais clairement tort.

Si le ton employé m’a fait tiqué à plusieurs reprises, très familier et très verbal, je dois dire que Dr Kpote doit faire un travail merveilleux en milieu scolaire si Pubère la vie est à l’image de son énergie. A la plume, on s’y habitue et surtout on comprend qu’elle permet de dédramatiser deux heures qui sont généralement subies par les jeunes dans les collègues, lycées, centre de réinsertion ou pénitencier. Et c’est marrant parce que même si elles sont obligatoires trois fois par an, j’en ai jamais vu la couleur dans ma scolarité. (Hormis si on compte les cours d’anatomie que l’on a en S.V.T au collège, ce que je doute fortement.)
De nombreuses choses sont abordées dans cet essai : le sexisme, l’homophobie, la perception des genres… Dr Kpote souligne également qu’il n’y a pas un profil type de jeunes : il s’adresse à des adolescents, des jeunes adultes, des mineurs isolés, d’autres qui purgent des peines en prison… La pluralité des exemples est vraiment important pour un ouvrage du genre et ici, c’est réussi.

Ce qui est également important à souligner, c’est la remise en cause de Dr Kpote. Comme le dit la quatrième de couverture, cela fait plus de vingt ans qu’il fait ce travail de prévention. En vingt ans, tout change ! les lois, les profils des jeunes, les tabous, les questionnements… La parole queer s’est libérée, par exemple, on n’attribue plus les MST qu’aux toxicomanes et aux homos.
Il y a une remise en cause professionnelle avec les changements de générations mais également personnelle que l’on peut sentir entre les lignes de Pubère la vie. Déjà, il cite énormément ses sources de connaissances, surtout sur les sujets où l’on peut considérer pas légitime comme justement la cause queer, le sexisme, l’endométriose. Les chapitres concernés par ces sujets commencent généralement par une bibliographie mise en situation et c’est aussi génial que frustrant car ça donne envie d’aller fouiner de ce côté là alors que ma pile à lire me regarde en fronçant des sourcils.

Pubère la vie est une lecture qui ne m’a pas déçu, je suis certain qu’elle parlera autant aux professionnels, aux jeunes et aux parents. (Ainsi qu’aux curieux comme moi, évidemment). Une lecture nécessaire pour palier à trois cours de prévention sexuelle et affectif que l’on a jamais eu.


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