Auteur : Damien Coudier
Éditions : EditionsExaequo
Parution le : 20 février 2023
128 pages Thème : SF / Horreur

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

"" Il sentit dans son être quelque chose se coincer, comme un frottement dans les mécanismes de la vie. La machine à supporter était sur le point de se briser. "
Elias le savait, ce monde était un leurre. Il s'apprêtait à découvrir les coulisses de la réalité, la véritable nature de l'univers et la place insignifiante que nous y occupions. Une soif de connaissance inextinguible et une mélancolie profonde l'avait conduit à sacrifier sa famille et sa vie sociale afin de trouver l'Architecte qui, selon certains récits apocryphes, serait le Grand Ordonnateur de la Création. Mais qui était-il vraiment ? Un Dieu ? Une Chimère ? Plus Elias se rapprochait de la vérité, plus il se détachait de son humanité, mais c'était le prix à payer pour lever le voile que le monde avait jeté sur nos yeux.
Partis à sa recherche, sa femme et son fils, découvriront que cette quête obsessionnelle pourrait bien mettre en péril le destin de tous.

Mise en abyme du monde moderne à travers une quête ésotérique et existentielle. Ce récit salutaire n'est pas sans rappeler les exercices cathartiques de Jason Hrivnak (La maison des épreuves) et délivre une réflexion sans fard sur la nature humaine.

Avec ce troisième roman, Damien Coudier poursuit sa quête de soi à travers une terreur existentielle. Mais cette fois, au-delà des reflets intimes, c'est l'humanité tout entière qu'il remet en question."

Je remercie l'auteur pour m'avoir envoyé ce livre. J'ai déjà au l'occasion de découvrir sa plume et sa manière de décrire les éléments qui l'entourent, qui nous entourent, nous permettant ainsi de réfléchir, de donner un sens, pas forcément à notre vie, mais un sens à ce que nous sommes. Avec l'Architecte, nous entrons au plus profond de nous même. L'auteur arrive à nous montrer nos peurs, celles que nous affrontons chaque jour et si le premier récit que j'ai eu entre les mains était sur le fait d'être "parent", celui-ci concerne tout le monde, quelque soit son âge, du moment que nous sommes en vie. L'auteur nous indique que le rêve est un anagramme de nous-même. Le rêve, les pensées, l'imagination, ce qui fait que nous sommes des êtres vivants, nous utilisons le rêve, conscient ou non afin d'aller "ailleurs". Rêver durant notre temps de sommeil est une forme de soupape de sécurité, tout ce qui nous tracasse évacue par là, tout ce que nous aimerions s'invite dans nos pensées. Le rêve, ou fantasme lorsque nous sommes éveillés et plus "conscient". Nous savons que nous le désirons. Le conscient, l'inconscient, le subconscient, tout ce qui fait que notre esprit, notre âme "vit" est là, avec des barrières qui nous protègent. Mais ces barrières, si elles disparaissent, si le mal qui peut nous ronger reste, ne devient plus latent, mais attaque ses frontières, NOS frontières, que va-t-il rester de nous ? Je ne vous ferais pas une analyse à la Freud, cela remonte à bien trop loin mes cours de psychologie, par contre ce récit, nous plonge dans notre moi le plus profond (oui je le redis) et ce qui en ressort n'est pas toujours ce qu'il y a de meilleur en nous, malgré ce qui nous entoure.

Elias a disparu depuis un an. Douze mois que son fils le recherche, que sa femme attend de savoir ce qu'il s'est passé. Pas de corps, pas de mort, mais où est-il ? Pourquoi est-il parti ? Que s'est-il passé vraiment ? Soren, son fils pense le trouver, à force de recherches, de questionnement, il suit une piste qui va le mener à plusieurs obstacles dont il n'a pas conscience. Comment réussir à surmonter ce qu'il va découvrir ? Le livre est découpé en plusieurs parties et nous suivons à la fois Julie la femme, Soren et Elias. Chaque rencontre va les rapprocher du même but, se retrouver au même point et pourtant aucun des trois n'imaginait pouvoir aller aussi loin. La maladie peut avoir plusieurs formes et celle que l'auteur nous met entre les mains est difficile à voir, à ressentir à combattre. Il peut y avoir autant de bonnes personnes autour de vous qu'elle sera toujours présente. Et il suffit d'une seule mauvaise pour vous plonger plus loin encore dans la noirceur. La mélancolie, ou dépression n'est pas juste un fait qui peut être balayé en un claquement de doigts. C'est un mal-être profond que j'ai connu dans le sens où j'ai perdu un membre de ma famille par cette saloperie. Être présent c'est bien, trouver les mots, c'est mieux, mais pour remonter l'autre, c'est difficile, car il ne faut pas se laisser entrainer et c'est là que c'est dangereux pour tout le monde. Il faut réussir à garder le sourire, à tirer celui ou celle qui est dans ce cas, lui garder la tête hors de l'eau tandis que nous, nous nous noyons peut-être à force de tirer sur la corde.

Il ne faut pas avoir honte de demander de l'aide, il ne faut pas avoir honte de regarder derrière soi et de se dire qu'on a pas avancé. Chaque personnage avance à son rythme et c'est bien. Il faut réussir à garder espoir et c'est là que la noirceur vous attrape entre ses griffes. En plus de cette Humanité qui se perd un peu pus chaque jour, l'auteur nous met "en garde" sur certains aspects de la société. Certains sont au plus juste, comme le fait de s'appuyer sur la tête du voisin pour rester au-dessus, ou encore de ne s'occuper que d'un écran alors qu'il y a des personnes vivantes en face de vous. Être si nombreux sur terre et pourtant se sentir seule avec toutes ces technologies, c'est ce que ressentent la plupart des personnes et c'est ce que les personnages mettent en lumière. Oui, il faut avancer, mais pas au détriment de la santé, ni de ceux qui nous entourent. Le mal peut vite se faire. Alors plonger dans cette mélancolie serait une solution ? Il faut une certaine force de caractère que tout le monde n'a pas et le voyage risque d'être mouvementé. Pour Soren qui va devoir faire des sacrifices et décider quel choix faire, un bien pour un mal, un mal pour un bien collectif ? Comment choisir ? L'être humain est fait de sentiments, d'émotions, de souvenirs, de chair et de sang. La vie est fragile, précieuse et pourtant il suffit de peu pour que tout bascule. Que faut-il faire pour que le bonheur résiste à tout cela ?

Le bonheur... Ces moments de joie, pour une naissance, pour un job obtenu, pour avoir mangé un aliment qu'on adore, pour un moment d'émotion intense. Le bonheur est un ensemble, un moment partagé ou non. Parfois le souvenir donne de la joie, parfois non. Quels sont nos besoins pour obtenir ces instants de pure joie qui ne seront pas mis dans une boite pour les enterrer six pieds sous terre ? Chaque personnage est aussi différent que chaque être vivant. Les croyances, les besoins, la vie à un, deux ou plus, les progrès que nous aimerions avoir ou au contraire qui peuvent rester sur le bas coté. Le sentiment d'exister pour quelqu'un d'autre ou uniquement pour soi. Elias est dans son monde et entraine son fils à le rattraper. Va-t-il réussir à le sauver ? À lui montrer la voie ? Et si c'était l'inverse qui se produisait ? Nous même sommes entrainés dans une spirale où le monde dépeint ressemble au notre, avec ses forces et ses faiblesses, avec ses lacunes surtout. Si nous n'y prenons pas garde, cela risque de devenir notre quotidien. Il faut réussir à se garder de petits moments de bonheur pour tenir le coup. Métro, boulot, dodo ? Non, merci, personnellement, j'adore mon fils, j'adore lire, j'aime mon boulot et le reste peu attendre. Rêver est ce qu'il y a de plus beau (non, promis je n'ai pas piqué la chanson !) et si nous arrêtons de rêver, qu'allons-nous devenir ?

Un voyage au Japon (parce qu'ils sont plus philosophes ou plus sages qu'un autre pays ?) afin de mieux appréhender certains faits. La culture semble plus qu'attirante, avec des cérémonies, des intrigues, des lieux chargés de souvenirs, d'émotions, remplis de bien-être. La sagesse s'acquiert avec du temps, des rides aussi et des rituels, sans oublier que parfois il suffit de drames pour se retirer d'un monde que vous ne désirez plus. Beaucoup de métaphores, de mondes différents sont ouverts à nos yeux afin de diversifier la manière de "voir" ce qui se passe pour tel ou tels personnages. La "folie", la maladie mentale, ou n'importe quelle maladie ne se vit pas de la même manière, car nous sommes tous différents, nous n'attendons pas les mêmes choses, nous n'avons pas la même famille ni les mêmes amis. L'auteur sait comment entrainer le lecteur sur ses routes, dans ses voyages oniriques, dans les méandres de la pensée humaine, ou canine.

" Une braise éclata, comme un avertissement à ne pas s'enfoncer trop longtemps dans la torpeur des souvenirs. Le feu commençait à s'éteindre, il attrapa quelques morceaux de bois pour en raviver les flammes et un autre pan de sa mémoire par la même occasion. Le temps, c'est la mémoire, sans mémoire nous n'aurions pas la notion du temps. Et puis il fallait d'abord se souvenir pour pouvoir bien oublier. Cela ferait partie de son tribut envers l'Architecte. Il croqua quelques fruits secs en guise de dessert et songea à ces repas, le soir en semaine, quand les corps éreintés venaient s'attabler, avec l'esprit et la joie laissés derrière eux. Ces moments sans appétit et sans mots, avec la télévision comme maître de cérémonie. Julie après avoir porté à sa bouche un morceau de gratin dauphinois lui demanda :
- Tu l'as mis à réchauffer combien de temps ?"