Résumé :L’alter ego d’Erica est une super-héroïne. Ensemble, elles vont se venger du garçon qui leur a fait du mal…
Erica vient de commencer une relation avec le beau Thomas, un artiste, comme elle. Mais un matin, après une soirée, elle se réveille à moitié nue, sans souvenir de la veille, avec des noms écrits au feutre indélébile dans des endroits très intimes de son corps. Parmi ces noms, ceux des amis de Thomas. Et celui de Thomas.
Pour tenter de survivre à cette épreuve, Erica va se créer un alter égo, Erica Strange, une super-héroïne, et dessiner ses aventures sous forme de comics. Ensemble, elles vont chercher la vérité et tenter de faire la lumière sur ce qui leur est arrivé.
Public averti.
Attention aux triggers warning : agression sexuelle, blâme de la victime, idées suicidaires, tentative de suicide.
Mon avis :Incroyable : Quelle histoire profondément féministe !C’est la première fois, dans mon parcours de lectrice, que je passe par autant d'émotions lors d’une lecture.Cette histoire est vraiment incroyable.Erica est vraiment incroyable.
Erica, l’héroïne, a été agressée sexuellement. Son intégrité physique a été bafouée alors qu’elle était évanouie. Jusqu’où ? Elle n’a plus aucun souvenir de la soirée.Elle connaît ses agresseurs, ils ont écrit leurs noms (entre autres) sur son corps.Ils sont dans son lycée, parmi eux celui de Thomas, son crush. Elle se pensait en sécurité.
Morceau par morceau, elle va tenter de remettre le puzzle de cette soirée dans l’ordre. Elle n’hésite pas à confronter ses agresseurs, et essaye au passage de préserver l’image que sa mère se fait d’elle et son amitié avec sa meilleure amie, dont le petit ami a lui aussi écrit son nom sur une partie de son corps (entre autres). Elle tente de faire le moins de dégâts collatéraux possible, elle questionne sans bousculer, elle amadou pour en savoir plus… Elle a honte. Elle s’excuse presque. Pièce, après pièce, elle impact peu à peu le mal qui lui a été fait. Chaque nouvelle pièce lui fait perdre un peu plus pied. Elle se tient sur le fil de la folie qui l'entraîne vers des pensées suicidaires, comme seule issue. Après son agression, Erica va être bousculée dans un tourment de slut-shaming, culture du viol, classisme, harcèlement… Elle va subir et ne plus le supporter.
L’autrice confronte l’héroïne à des altercations d’une grande violence. Le drame est palpable. Erica est palpable. Bon sang, d’un bout à l’autre du roman, je lui ai parlé à voix haute pour la soutenir, lui insuffler de la force.
Face à sa voix de narration, l’autrice nous propose d’écouter celle de Thomas et par extension celles de ses acolytes. Et bon sang, c’est insoutenable. Insupportable de l’entendre geindre son incompréhension, ses craintes concernant l'hypothèque que représentent les "répercussions" de cette “affaire” sur son avenir. Putain de connard oui. Je ne sais pas trop ce que l’autrice a voulu faire en nous donnant ce point de vue ? Il y a bien quelques remords, des regrets, mais aucun d’eux ne mesure l’horreur qu’ils ont infligée, ou alors c’est trop timide. C’est réaliste, ça c’est certain, mais pour quel effet ? Est-ce une manière de dire, comme Adèle Haenel : "Les monstres ça n'existe pas. C'est notre société. C'est nous, nos amis, nos pères." ?MediapartLive: Adèle Haenel brise un nouveau tabou dans le cinéma - YouTube
Je ne sais pas.Je crois que je ne suis pas assez mature pour adhérer à cette partie-là de l’intrigue.
Sous couvert de fiction, cruellement d’actualité, l’autrice nous propose une leçon de courage et de résilience. Elle nous donne les clés pour réagir et accompagner au mieux toutes les Erica de nos entourages, parce qu’il y en a : Chaque heure, environ 9 personnes sont violées, ce qui représente près de 205 viols par jour. Dans 74 % des cas, la victime connaît son agresseur.
Cette histoire m’a bouleversée, et même plus, elle m’a tétanisé par sa véracité.
Ce titre rejoint ma sélection « La romance, un outil au service des luttes féministes ! » à retrouver dans le webzine Les Romantiques du mois de Juin 2021
Au plaisir.
Aux survivantes : On vous croit. Toujours. #MeToo.
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