Les seigneurs, tome 2 : Le seigneur Cathare (Eva Justine)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : Eva Justine

Éditions : Juno Publishing

Paru le : 01 février 2019

298 pages

Thème : Historique

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

Fait partie de la série

Les seigneurs

J'ai adoré !

 Résumé 

  « An 1359 au pays de France. Un vent de jeunesse souffle sur la forteresse de Termes, depuis qu’Édric Montsalvat d’Aguilar en est devenu le seigneur. Il assume désormais cette charge avec fierté et honneur aux côtés d’Arthus le maître d’armes, l’homme qu’il aime. Cependant, leur amour résistera-t-il aux nombreuses épreuves mises sur leur chemin ? Lorsqu’un secret familial, caché depuis de nombreuses années, sera révélé quelles conséquences inattendues provoquera-t-il ? Entre amours interdites, amitiés indéfectibles, vengeances et trahisons sournoises, suivez la destinée des héros et pénétrez en pays Cathare, afin de vivre le quotidien d’un village abrité à l’ombre d’une forteresse moyenâgeuse. »    

 Ma chronique

J'avais adoré le premier tome lu il y a maintenant quelques années (oui, oui je suis une tortue xD) et vous pouvez retrouver mon avis sur ce premier seigneur ici. Depuis quelques temps j'essaye de lire mes livres qui sont dans des HAL (oui à ce rythme j'ai l’Himalaya à lire, plus la pile)  et j'ai donc ressortit ce second tome. Après avoir vécu les aventures d'Eloise et de Baudry, nous suivons Edric, le fils de Baudry dans sa forteresse, mais pas uniquement. Le résumé indique déjà les tendances sexuelles de notre jeune roi qui a bien appris sa leçon avec son père : être juste, ferme et sa porte de chambre doit être fermée en n'importe quelles circonstances, ce qui va le sauver. Aimer un homme pour un homme et une femme pour une femme est signe d'être possédé, un monstre, car l'amour se résume à être un homme pour une femme et inversement. Les massacres au nom de Dieu à ces époques pour enlever le mal d'une personne, l'inquisition portait bien son nom : fouille profonde jusqu'à la mort du possédé. Alors le troisième point est crucial, car même un roi ne peut échapper à la vengeance divine.

  Édric Montsalvat d’Aguilar, Arthus son maître d'armes et Willibert son garde du corps sont amis. Une amitié très forte, tels des frères de sang, mais cela va au-delà. Entre Edric et Arthus, il s'agit d'un amour si profond que quiconque les regarderait vraiment se rendrait compte que c'est un amour pur qu'il faut protéger. Et c'est ce que fait Willibert qui est heureux pour eux deux (car il peut avoir plus de femmes bien entendu), mais surtout leur amitié est indestructible de part tout ce qu'ils ont déjà vécu ensemble. Sauver une vie, tout ça est plus important que le titre même si... Bref, cela ne reviendra pas sur le tapis, car l'auteur nous offre de belles surprises avec ce second tome. Et j'attends de pied ferme le suivant, parce qu'il est impossible de laisser les circonstances de cette façon. Bref, vivre dans la forteresse de notre seigneur Edric nous permet de vivre une aventure hors du commun. L'arrivée d'une guérisseuse est toujours un événement, mais ici c'est presque la venue du messie. Linette est attendue et elle a de nombreux droits qui l'aident à faire son travail correctement. Cette femme est une véritable pépite, arrivant avec sa puce, elle est douée dans son domaine (il vaut mieux) et a mis de côté l'amour et ce qui va avec. Déçue des hommes et surtout de son mari, elle ne cache pas sa méfiance envers eux. Ce n'est pas une ingénue, c'est une femme qui a des valeurs, qui ne veut pas d'ennuis et éduquer sa fille au mieux. Jusqu'à ce qu'un homme entre ses murs arrivent à faire fondre la glace autour de son cœur. Mais ça, c'est une longue histoire qui entraine aussi sa sœur dans un nouveau monde.
  L'histoire de Willibert est de celle qui font pleurer et donner des envies de meurtres sur le fameux de Brassac (dans le tome 1) et ici, si vous n'avez pas lu ce tome (ce qui serait vraiment dommage de se priver d'une sacrée bonne histoire) nous allons tous les retrouver. Brassac est bien présent et déjà à cette époque, nous avons des différences entre ceux qui ont de l'argent et du pouvoir et ceux qui n'en ont pas. Les traitements de faveurs dans les prisons sont bien différentes. Va-t-il passer par le fil de l'épée ? Affaire à suivre, à moins que ce ne soit déjà fait, ou pas, il va falloir le lire, je vous le dis ! Nous retrouvons Baudry et Eloise pour mon plus grand plaisir entre les murs de leur forteresse et Eloise a gardé la forme, la langue sortie. C'est une femme de caractère qui a tout de même combattu contre un ours, alors Baudry ne lui fait toujours pas peur. Entre eux, l'amour est toujours au beau fixe et de toute manière, s'il devait aller voir ailleurs, je ne suis pas certaine qu'il garderait son services trois pièces en un seul morceau. Les revoir m'a fait chaud au coeur et grâce à eux, l'histoire de notre cher Edric est mise en avant : l'amour sincère ne  peut être mis au banc de la société, pas comme certains dépravés qui ont du mal à comprendre que certaines barrières devraient être mise.
    La cruauté n'échappe à personne, jalousie, trahison et médisances sont le lot quotidien de tout nos héros des temps pas moderne, mais un peu tout de même. Ils ne sont pas nés à la bonne époque pour vivre leur amour au grand jour, mais cela n'est pas si grave. Les murs n'ont pas de yeux, seules les oreilles de Willi sont en action et c'est tant mieux. Il les le gardien de leur secret et le sera jusqu'à ce qu'il quitte la forteresse. J'ai adoré ce qui arrive à Brassac, sans pour autant être totalement satisfaite de son sort. Les vilains ont encore de la ressource, des moyens, des méthodes peu orthodoxe et je n'ose imaginer le troisième tome avec eux et ce qu'ils pourraient bien en ressortir. Edric est un bon roi, protecteur de ses terres, de ses gens, il a du mal parfois à ne pas montrer son enclin envers Arthus qui aimerait moins de "gentillesse" vis-à-vis de ses autres compagnons d'armes. Les personnages sont nombreux et si faciles à suivre, avec leur propre passé, ce qu'ils ont déjà vécu, ce qu'ils subissent. Les peurs, les craintes, l'espoir et les liens d'amitié indéfectible qui font que ce tome est encore plus riche en émotions.     Les descriptions, j'en suis admirative. J'ai vécu aux côtés des personnages dans le froid (bon, ça ce n'était pas compliqué vu les températures extérieures ici), avec leurs douleurs, leurs plaisirs, leurs mots durs ou leur gentillesse. Les paysages à couper le souffle, les chasses dans les forêts, les gages qui rendent Edric encore plus jeune qu'il n'est, mais c'est si drôle. J'ai eu un coup de coeur pour beaucoup de personnages, Willi bien entendu, mais aussi le capitaine qui arrive : Arnaud Saint Gondrin qui va faire chavirer des cœurs, mais surtout il va montrer que la jeunesse n'est pas un problème, s'il est capitaine si jeune, c'est qu'il a de très bonnes compétences et pas un bras long. C'est un récit qui n'a pas toujours d'actions à proprement parler, mais il y a tellement de révélations au fil des pages que cela va tout seul. L'envie de lire l'histoire n'est pas uniquement pour les combats, mais bien pour tout ce qui entoure les personnages, leur vie qui est intéressante en oubliant parfois les intrigues de la cour, qui ne sont pas si loin. J'ai aimé la façon dont Baudry s'amuse avec certains de ses visiteurs, son caractère patient est en totale contradiction avec celui d'Eloïse, ils se complètent admirablement et l'on peut retrouver ces traits de caractères entre Arthus et Edric.
    Nous avançons dans la vie de chacun qui se lie aux autres. La légèreté ne dure qu'un temps, l'hiver approche, les petites faiblesses peuvent se montrer désobligeantes. Le texte est fourni en vocabulaire de cet ancien temps qui ne fait pas toujours rêver, sauf si l'on est un home et encore. Fluide, c'est un récit riche en expressions anciennes, avec des avancées grandissantes dans chaque chaumière. De l'humour, il y en a tout comme quelques scènes intimes qui restent soft (merci pour l'oubli de vulgarité et le fait de ne pas s'étaler durant des pages). Ces scènes sont décrites quand les sentiments s'étalent, autrement la porte se ferme et le lendemain matin le sourire aux lèvres est là. L'amour, l'amitié, les sentiments sont là, les noirs desseins de certains personnages aussi. J'ai adoré Louise et ses idées de cuisine, mais aussi Blanche qui vit tout sauf un conte de fée durant de longs moment.
    En conclusion, un second tome admirable qui n'a qu'un défaut : la police d'écriture est vraiment trop petite, j'ai mis un temps fou à le lire à cause de cela. Le récit est prenant, on se laisse entraîner dans les histoires amoureuses et peu romanesques par moment. La vie d'une forteresse tandis que d'autres complotent dans l'ombre est fascinant, surtout lorsque nous plongeons complètement auprès des personnages par la plume de l'auteur. Je vais être honnête, je préfère largement cette série à l'autre fantastique du même auteur bien entendu, pour la richesse du texte et les révélations. Alors la question fatidique : à quand le troisième tome ?
 

 Extrait choisi :  

« — Allons ! Ne sois pas désobligeante envers les jugements de ton époux.
Elle poussa un soupir exaspéré.
— Un séjour prolongé dans l'un des cachots lui permettrait peut-être de calmer ses ardeurs. Ou alors, enferme-le dans une geôle remplie de gueuses trompées par leur époux, elles sauraient quoi en faire. Savez-vous que les femmes peuvent être très méchantes quand elle le veulent ? Il me revient en mémoire l'histoire d'une paysanne qui avait décidé de punir son mari volage d'une façon délicieuse.
— Que lui a-t-elle fait ? questionna Estienne alarmé par son sourire machiavélique.
— Elle l'a assommé de vingt coups de tisonnier, puis l'a jeté aux cochons. Ils n'en ont rien laissé, les braves petits. Pfiout ! Plus d'époux. Ce fut comme s'il n'avait jamais existé.
— Pour autant il n'en aura pas tiré la leçon de ses incartades, s'exclama Estienne.
— C’est vrai ! Cette punition fut radicale, mais il n'avait qu'à y penser avant.
— De quelle manière la meurtrière a-t-elle été châtiée ? s'informa Baudry.
— Sans corps, le prévôt n'a jamais pu prouver ce qu'elle avait fait. Elle a donc pu vieillir tranquillement. Elle a été futée, ne trouvez-vous pas ?
Baudry et Estienne se regardèrent. Oui, les femmes pouvaient donner des frissons autres que ceux de plaisir. Le pire étant peut-être qu'Eloïse ne soit pas choquée de ce qu'elle racontait.
»