Ravel - Jean Echenoz (entre ** la première partie et *** la seconde partie)

J'aime beaucoup l'écriture de Jean Echenoz, son style sympa, accessible, à la limite du pote. J'aime et là je reconnais que j'ai été hérissée par le discours complètement creux utilisé dans Ravel dans la première partie du livre (j'ai même failli abandonner la lecture, lassée par l'accumulation de noms illustres rencontrés, sans traitement derrière. J'ai senti l'absence de fond et le talent gâché, surtout que Jean Echenoz est tellement capable de mieux, mais tellement mieux). Heureusement, le traitement du Boléro et son double contrefait ainsi que celui de l'état de vieillesse du héros sauvent une histoire mi-figue mi-raisin. 

Ravel - Jean Echenoz  (entre ** la première partie et *** la seconde partie)

Dans Ravel, Jean Echenoz relate, ou disons, imagine les dix dernières années de la vie du compositeur génial. Cela débute par un voyage aux States (avec un voyage en croisière) et une tournée triomphale, puis un retour en Europe. Cette partie m'a laissée aucune souvenir : à part des visages, des noms et des villes cités, on a rien, mais absolument rien (et l'auteur se dispense de toute interprétation et s'en défend... et là je me dis "que de pages totalement inutiles".). Puis vient l'histoire du Boléro et là, l'intrigue et l'esprit d'imagination de Jean Échenoz s'emballent : on sent l'incarnation des personnages, on visualise la dualité artistique mise en avant par le personnage, on sent aussi le boulot de recherche de l'auteur, son implication de créateur aussi. J'ai aimé découvrir qu'une composition musicale est aussi une histoire, que chaque note et chaque ton respectent un univers, que les changer bouleverse l'équilibre et modifie durablement l'intrigue construite (un peu comme un code informatique ou un codage séquentiel génétique est perturbé et ne renvoie pas la même information suite à une seule altération). J'ai trouvé fin et juste aussi le traitement de la fin de vie de Ravel : la lente décadence. C'est dit et explicité avec finesse et classe, tout en respect, à l'image de ce compositeur, qui n'a jamais perdu attendrissement et perfectionnisme, suffisamment modeste pour reconnaître le talent d'un autre (si tant que cet autre existe ou a existé) avec son oreille absolue. 

Moralité : Jean Echenoz a une plume fantastique qui amplifie tout : le discours creux et le néant, le sublime et le nourri. Dommage que son Ravel ne soit pas aussi homogène que l'univers du compositeur qu'il est censé honorer.

Éditions de Minuit

emprunté à la bibliothèque

autres avis :  Keisha,

du même auteur : Des éclairs Envoyée spéciale - 14  - Vie de Gérard Fulmard

 


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