James Osmont aux p'tits oignons

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Je suis ravie d’inaugurer cette nouvelle rubrique des interviews avec James Osmont, l’enfant terrible du thriller indépendant. Pas de maison d’édition donc, mais des kilos de talent et une recette qui ne vous laissera pas de marbre : du noir, du noir, du noir et un soupçon de poésie sur fond de musique dark.

James Osmont, c’est le papa de Regis et Sandrine (chroniques ici et ), thrillers psychiatriques, et il a remporté récemment le prix des Petits mots des libraires 2017 catégorie découverte polar avec Regis.

James Osmont, c’est aussi une très belle découverte littéraire et humaine, l’auteur qui m’a fait connaître le monde de l’auto-édition.

Oxymore et Beurre salé : Hello James ! Merci de bien vouloir répondre à cette interview gourmande et littéraire. Alors, plutôt saucisson ou chou à la crème ?                                            James Osmont : Hahaha ! Alors si le saucisson est Corse ou si le chou est maison déjà ? Nuance...Sans rire je crois que je suis plus saucisson... mais pitié ne rentrons pas dans la psychanalyse tout de suite !

OEBS : Haha, j'adore. Que manges-tu/bois-tu en écrivant ?

JO : j'aimerais dire whisky et beuh afghane pour me la jouer poète maudit mais en fait juste du café, mais du bon au percolateur, plutôt fruité, amertume modérée type moka d'Éthiopie j'adore... Et je mange rien, juste des ongles parfois...

OEBS : Si tu étais une pâtisserie ?...

JO : Le croissant aux abricots.

OEBS : La recette d'un bon livre pour toi ?

JO : c'est difficile à dire, mais plus je prends de l'âge (écoutez-le !) plus je m'attache au style, à la musique des mots, au rythme... il y a des histoires qui m'ont retourné le cerveau ou fait voyager loin mais je me souviens récemment d'avoir adoré découvrir fred vargas (honte à moi !) juste pour son style incomparable... alors que ses histoires sont pas plus transcendantes que ça en terme de "polar à l'ancienne", je sais pas si c'est clair ce que je dis.  OEBS : Si si, je vois bien, j'adore Fred Vargas pour son style.

OEBS : Que penses-tu de mes choix de recettes pour tes livres Regis et Sandrine ? (Pavlova et Macarons aux poivrons)

JO : la pavlova et la douceur sucrée de la meringue pour REGIS, même en y ajoutant quelques fruits exotiques bien acides, ça me renvoie au fait que beaucoup de gens ont trouvé ce personnage "attachant" alors que j'y décris un monstre dont n'importe qui se scandaliserait au journal télévisé, ça veut dire surtout que j'ai réussi à le rendre très humain alors qu'on a tendance à se protéger de ces malades là en les caricaturant, c'est une facilité, une défense, on voudrait les croire très différents de nous (notamment à travers les thrillers) alors qu'en réalité...pour le macaron au poivron j'y vois le raffinement du macaron, la complexité à bien les réussir donc je pense que tu appuies sur l'aspect plus ciselé, plus abouti du tome 2, mais aussi sur un accord étrange, surprenant mais un brin écœurant, parce que ce qu'il advient de SANDRINE est forcément suffoquant, difficile et peut-être encore plus clivant... étrangement c'est un personnage très névrosé, qui nous ressemble beaucoup plus que REGIS, mais c'est justement pour cela que les gens se défendent plus, s'y attachent moins parce que tout au fond on sait bien que ses travers pourraient assez facilement devenir les nôtres...donc plutôt bien vu quoi !

OEBS : Etre auteur indépendant, c'est caviar et petits fours, ou soupe à la grimace ?

JO : C'est pain de mie et tarama. C'est réception de l'ambassadeur mais dans la salle communale qui sent la chaussette. C'est se satisfaire comme d'un Goncourt quand tout ce petit système bien opaque et bien fermé te fait l'aumône, ou bien c'est tracer sa route en total "do it yourself" en saisissant les opportunités, sans être naïf et en gardant la tête bien froide quant à la place qui est la tienne. je ne suis pas/plus un gratte-papier, ce que j'ai réalisé en un an est un succès inespéré qui doit donc forcément être le fruit d'un certain talent et de beaucoup de travail - et il faut que j'en aie conscience parce que je suis quelqu'un qui doute beaucoup -, mais ça ne fait pas de moi un "romancier" en puissance.

 OEBS : Tu ne penses pas que ça permet par contre plus d'échanges et de reconnaissance des lecteurs ?

 JO : oui niveau interaction c'est énorme même si très chronophage, très riche humainement bien que parfois un peu étrange et pas évident à gérer... pour la reconnaissance je ne sais pas, peut-être qu'un écrivain gagne aussi en noblesse en restant à distance et un peu mystérieux... en tout cas j'ai bien senti que le public est en demande de sortir de son rôle de simple consommateur, les gens aspirent à devenir des relais de communication, à pouvoir dire ce livre j'ai contribué à le faire exister, un peu comme la ferme bio où on s'emmerde à aller chercher ses légumes, c'est un acte de consommation mais aussi de militantisme.

OEBS : Une recette à nous donner ?...

JO : Le poulet aux pruneaux ! prenez une belle volaille de qualité, émincez pruneaux, oignons, poitrine, zests d'orange fourrez le poulet, enduisez-le de beurre, huile d'olive, sel, poivre, fines herbes et zou au four a 200°C un quart d'heure pour que la peau dore bien puis baisser à 160°C et laissez une bonne heure et arrosant régulièrement. parce que la peau de poulet bien réussi, comme tout ce qui est très mauvais pour la santé, qu'est-ce que c'est bon ! Ha y'a un moment faut apporter un peu de liquide aussi en plus du gras donc moi j'arrose à mi-cuisson pour déglacer les sucs avec du vin blanc sec. une fois que vous aurez mangé ça vous ne tolérerez plus qu'on vous serve un blanc cotonneux surcuit.

OEBS : Punaise arrête j'en ai l'eau à la bouche...Enfin quelle question aurais-tu aimé que je te pose ?

JO : ce que j'écoute en ce moment même ? parce que la vie c'est des vibrations, même quand on est pas jean-claude vandamme, et la vibration c'est la lumière, le vent, le magnétisme entre les gens, et la musique... je crois à tout ça parce que sinon l'inspiration n'existerait pas, la création non plus et le souffle de vie encore moins... donc la musique ce n'est pas un trompe-silence, un bruit de fond, c'est un fluide vital pour moi, et mes lecteurs en ont bien pris la mesure, certains ont même été convertis je crois !

OEBS : Et donc...qu'écoutes-tu en ce moment ?

JO : Dead To Me - "Cuban Ballerina"     

 OEBS : Whaou, ça décoiffe !

JO : rock n'roll jubilatoire, pop, festif, punk, mélancolique, tout ça à la fois. Faut mettre la basse bien fort quand on écoute ça !

Merci à James Osmont de m'avoir ouvert la porte de sa cuisine personnelle, j'espère que vous aurez pris autant de plaisir que moi dans cette parenthèse pleine de peps. Si vous n'avez pas encore lu Regis et Sandrine, RV sur la page de l'auteur. Les livres sont également présents dans certaines (trop rares) librairies. Dernière info, les couvertures des romans de James Osmont sont les oeuvres de Laurent Fièvre, un artiste bien dark à découvrir !

A très bientôt pour un nouvel auteur sur le grill !