Comme une image (Magali Collet)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : Magali Collet

Éditions : Taurnada

Parution le : 06 Octobre 2022

256 pages

Thème : Thriller

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

Coup de cœur !

 Résumé 

  « Lalie a 9 ans, un teint de pêche et des joues roses. Elle a aussi deux frères et des chatons, une belle-mère et deux maisons.
C'est une enfant intelligente et vive, une grande sœur attentionnée et une amie fidèle.
C'est la petite fille que chacun aimerait avoir.
D'ailleurs, tout le monde aime Lalie.
Tout le monde doit aimer Lalie.
C'est une évidence.
Il le faut.
»
   Livres de l'auteur déjà lu : La cave aux poupées - Les yeux d'Iris

 Ma chronique 

Un grand merci à Joël et la maison d'éditions Taurnada pour m'avoir cette nouvelle lecture !

  Que c'est bon de retrouver ce que j'aime comme thème et c'est avec une joie non dissimulée que je vous présente "Comme une image". Une couverture qui donne déjà le ton, avec ce regard bien plus intelligent que celui d'une petite fille de 9 ans qui devrait d'abord penser à s'amuser et aimer sa famille, plutôt que chercher comment faire pour ne pas montrer son intelligence. Car oui, Eulalie qui préfère qu'on l'appelle Lalie et ce que tous font depuis le début, est très intelligente. Elle a connu un élève comme elle, qui observe, comprend plus vite que son ombre et s'ennuie dans son niveau. Lalie ne veut pas devenir comme lui, sauter des classes, aller loin de sa famille et elle décide tout naturellement de cacher ses capacités. Aimée par papa et maman, ces deux derniers vont vivre des moments difficile. Papa trompe maman qui veut le récupérer, un bébé en cours de création qui va devenir le petit frère Charlot de Lalie et un petit Malo avec l'autre femme pour ne pas user du mot mis dans le livre. Lalie voudrait retrouver sa vie d'avant, celle où elle était le centre du monde de ses parents, sans Charlie et Malo, sans la séparation de ses parents, sans même le moindre changement. Car sur ce dernier point, Lalie ne supporte pas le moindre oubli, le moindre étonnement. C'est une petite fille qui a besoin de stabilité, qui aime s'habiller différemment des autres et les couleurs sont importantes pour elle. Être une enfant qui a besoin d'être rassurée surtout suite à ses bouleversements qui lui changent la vie ne sera pas de tout repos, surtout lorsque les parents ne se rendent compte de rien.
    Des erreurs de parcours du côté des parents ? Assurément, mais il n'y a pas que cela. Le monde des adultes est dur pour les enfants qui n'ont pas l'attention demandée, même si c'est beaucoup, même si l'égoïsme prend une part importante. Le récit est essentiellement du point de vue de notre future adolescente qui a besoin de modifier son comportement en permanence. Les problèmes d'adultes, ces problèmes qui sont entre ses parents l'affectent forcément. Je en cherche aucune excuse aux actes que Lalie a pu faire, je cherche à comprendre le pourquoi et le comment aurions-nous pu éviter certains drames. Parfois sans que nous nous en rendions compte, nous parlons à nos petits normalement, sans chercher à diminuer nos mots, nos phrases en les impliquant dans nos décisions qui ne sont pas forcément des moments évident pour eux. Imaginez que vous ne cessiez de dire devant eux, sans vraiment vous en rendre compte qu'une personne de votre famille est malsaine, méchante, à abattre. Que cette personne ne mérite pas ce qu'elle a, qu'elle devrait mourir, que c'est une voleuse etc. Les mots ont des impacts rien que pour nous, car dans notre esprit en le disant nous nous disons que c'est de trop. Mais un enfant c'est une éponge à émotions et ce petit être va prendre en compte nos mots. Et les prendre en compte signifie surtout que leur confiance en nous est grande et leur cerveau va absorber tout ce que nous pourrions dire de méchant.  Lalie vit des jours, des semaines, des mois avec une maman qui est amère, qui en veut à son ex et surtout à la femme plus jeune qui a mis le grappin dessus. Les discussions entre Lalie et sa mère Carmen sont intenses et les questionnements vont aller bon train.
    Lalie a du mal avec les émotions, les sentiments. Dire qu'elle ressent quelque chose serait presque juste si cela ne concernait pas les chatons. Ce besoin qui la pousse à continuer des expériences et le fait d'entrer dans sa tête nous fait dire qu'il se passe quelque chose en elle et je ne pourrais pas a=parler de psychologie pour elle, car elle est petite et qu'il est difficile de donner des termes médicaux dans ce cas. Pourtant la folie serait bien en train de s'installer, mais passons. Le résumé laisse une trace de froid sur les bras, dans le dos et le regard de notre Lalie est parfait pour nous montrer que nous, lecteurs, nous ne faisons pas fausse route. Est-ce facile pour nous car ce n'est pas notre enfant ? Forcément, personne ne peut imaginer qu'une petite fille serait capable de tels stratagèmes, d'être ainsi. Les enfants sont sages comme des images, impossible de croire qu'ils soient mesquins, cruels et bien plus encore. L'intelligence est un élément qui revient beaucoup dans l'histoire et je dois admettre que les réflexions de notre Lalie sont véritablement forts. Elle se reprend elle-même, car oui les fautes existent même à l'oral  (et comment !)  et son regard est dénué de compassion. Elle existe, elle est là, alors à quoi cela sert d'avoir des frères ? Des chats ? Un chien ? Si ce n'est pour tenter des expériences, piquer une crise de jalousie ou tout simplement forcer ses parents séparés à lui offrir les plus beaux cadeaux ? Tout le monde sait qu'un enfant qui vit chez ses parents par alternance va forcément avoir de belles choses afin que les adultes se sentent moins coupables, pas vrai ?     Le récit montre la façon dont Lalie évolue, dont ses pensées souvent froides que nous adultes n'avons pas forcément même si nous avons une barrière qui nous dis que tenter tel ou tel phénomène c'est mal, elle n'a pas cette barrière. Lalie n'a pas cette forme de protection et cela se ressent de plus en plus. Les mois passent et le caractère de la petite fille fait froid dans le dos. Le climat dans lequel vit la petite fille n'est pas forcément sain et cela n'arrange rien, bien au contraire. Les événements se suivent et nous ne pouvons que constater impuissants que l'escalade dans la violence ne s'arrête pas. Physique ou psychologique, la violence est forte, froide et va toucher tout le monde. Qui serait capable de penser que la mort de quelqu'un pourrait lui servir ? Les plans sont machiavéliques et nous imaginons que quelqu'un va s'en rendre compte, que cela va s'arrêter et ainsi que les vies seront plus saines, soignées, prêtes à reprendre de manière moins drastiques. La psychologie de l'enfant est décortiquée sans pour autant mettre des mots dessus. Les maux des adultes eux vont nous mettre sur la piste et le fait que certains d'entre eux sont faibles de natures, mais par-dessus tout ils ne peuvent pas imaginer ce qui se cache derrière une photo. Ce récit ne cesse de surprendre par les personnages qui usent de leur capacité minime pour comprendre ce qui se passe sans imaginer un seul instant que le malheur et le danger sont bien plus proches qu'ils ne le croient.     Il n'y a pas de fatalité dans cette histoire, tout est voulu, sauf les réactions des adultes, de ces grands hommes et femmes qui restent dans le flou total. Père et mère, belle-mère, institutrice, sœur, psy, tous vont devoir faire face à des moments terribles. Ces protagonistes ne sont pas tous décortiqués, si ce n'est la belle-mère qui est une pièce à part. Une personne qui n'est pas la mère, qui est celle qui a "pris" l'homme (je ne dis pas que la femme est la cause de tout, attention, je ne fais qu'indiquer ce qui est dans le récit et ce n'est pas non plus les pensées de l'auteur) n'a pas le droit de ressentir des sentiments vis-à-vis de l'enfant de l'autre. Cette femme laissée pour compte, qui ne devrait pas se montrer, qui devrait rester cachée et taire ses émotions. La place de chacun est difficile pour tout un tas de raisons. L'auteur nous montre bien que rien n'est simple et évoquer ne serait-ce que d'emmener l'enfant d'une autre voir un psy ? Quelle horreur, c'est que cette femme ne l'aime pas ! Vous imaginez le truc ? Lalie est douée, probablement une haut potentiel, mais tant qu'elle en fera pas de test, nul ne le saura. Comme nul ne peut savoir, ne peut imaginer qu'elle va aussi loin. Les pensées restent celles d'une enfant, même si elle se rattrape par moment sur son vocabulaire. Je me dis que c'est un sacré travail d'écrire sr une jeune fille de 10 ans qui doit rester par moment enfantine et tenter de comprendre le monde des adultes (avec ses subtilités entre autre) et augmenter la froideur des sentiments de ce petit bout qui veut aller jusqu'au bout pour garder son monde comme elle le désire.     Comment penser ne pas réussir à vivre sa vie comme les personnages l'entendent ? Comment une si petite chose serait capable du meilleur comme du pire ? Qui va ployer sous la coupe de l'autre ? Les parents ne savent plus ou donner de la tête : une mère qui devient dépressive suite aux nombreuses étapes de sa vie, un père qui s'en veut de beaucoup trop de choses comme d'aimer moins l'un de ses enfants. La grand-mère qui se laisse avoir, les institutrices qui changent d'idées suite à des indices judicieusement positionnés. J'ai imaginé la fin de multiples façons, mais pas de celle-là. Non, j'avais vu beaucoup plus, plus loin, médicales ou non. J'ai été surprise et ne peux m'empêcher de rire jaune en comprenant ce que ces personnages vont encore vivre au-delà de ces pages. C'est une façon de faire qui clôture cette aventure totalement tout en nous laissant imaginer une suite des plus glauques. Les miettes de pains laissés sur ce chemin nous montre la voie, pas besoin de plus pour comprendre la mainmise qui va se faire encore plus forte. Le gant de velours sur la main de fer ne va pas s'évaporer.     En conclusion, j'ai eu un coup de cœur pour ce titre. L'auteur ne cherche pas à enfoncer les adultes ni l'enfant. Elle cherche les bons mots pour nous amener à réfléchir, à comprendre que les actes sont horribles certes, mais si le contexte est trop adulte pour un enfant, est-ce que la moitié de la faute ne viendrait pas de notre part ? La psychologie est complexe, il faut des bases solides et saines que Lalie a perdu trop rapidement. Les adultes sont décryptés selon les drames qui leur tombent dessus et ont la capacité de mettre des œillères sur ce qu'ils pensent. Ces pensées qui feraient d'un enfant un monstre ? C'est impossible, pas vrai. Et pourtant...  

 Extrait choisi :  

« Seul Malo réussit à l'ancrer dans la réalité. Elle ne sait rien de la façon dont il perçoit effectivement l'absence de son frère. Elle aime à penser qu'il lui manque. Julien, lui est rongé par la culpabilité. Il passe tous ses week-ends en Picardie et partira tout à l'heure après le déjeuner. Elle le comprend même si son absence lui pèse de plus en plus. Comme souvent, ses pensées la ramènent à la douleur des belles-mères. Ces femmes qui accueillent des enfants qui ne sont pas les leurs, qui les élèvent en partie, qui les aiment, souvent, mais qui n'ont ni le droit de le montrer ni celui de se mêler de leur éducation. Ces femmes qui ne peuvent que subir le manque si d'aventure, le couple se sépare. Pas de droit de garde ou de visites pour elles, non. Absolument rien. On leur refuse le droit de trop les aimer, tout comme on lui refuse celui d'exprimer sa douleur... »