Dark Plagueis - James Luceno

Dark Plagueis - James LucenoDark Plagueis, James Luceno

 Editeur : Pocket

Nombre de pages : 574

Résumé : Dark Plagueis est l'un des Seigneurs Sith les plus brillants qui aient jamais existé : nul n'égale son talent à commander l'ultime pouvoir sur la vie et la mort. Dark Sidious, son Apprenti, étudie secrètement la voie des Sith tout en poursuivant publiquement son ascension au sein du gouvernement. Plagueis et Sidious visent la domination galactique et l'éradication de l'Ordre Jedi. Mais peuvent-ils défier l'impitoyable tradition Sith ? Le désir de règne absolu de l'un et le rêve d'éternité de l'autre contiennent-ils le germe de leur destruction ?

- Un petit extrait -

« Cent ans plus tôt, le Maître Twi’lek de Tenebrous avait ouvert une petite entaille dans le tissu de la Force, permettant au Côté Obscur d’être senti par l’Ordre Jedi pour la première fois depuis plus de huit siècles. Cela avait été le commencement de la Revanche des Sith. Maintenant, l’heure était venue d’élargir cette entaille pour qu’elle devienne un trou béant, une plaie ouverte dans laquelle la République et l’Ordre Jedi seraient attirés, à leurs risques et périls. »
- Mon avis sur le livre -

 «  Est-ce que tu connais l’histoire tragique de Dark Plagueis le Sage ? », demande innocemment le Chancelier Suprême Palpatine au jeune Anakin Skywalker. Non, bien évidemment. Normal, le rassure-t-il aussitôt : « Ce n’est pas le genre d’histoires que racontent les Jedi. C’est une légende Sith ». Et voici que le « vénérable » politicien se métamorphose l’espace d’un instant en conteur, relatant la quête d’immortalité de ce grand Seigneur Noir des Sith qui ne craignait rien de plus que de perdre son pouvoir mais qui, en dépit de toute sa sagesse et puissance, ne put empêcher son propre Apprenti de le tuer durant son sommeil. « Quelle ironie », n’est-ce pas ? Pourtant, la chose est loin d’être surprenante si l’on prend en compte l’ambition avide des Sith : chez eux, point d’attachement, point de sentimentalisme. A partir de l’instant où un allié devient une menace, ou risque seulement de le devenir, le Sith l’élimine sans hésitation ni remord. Chez eux, la relation Maitre-Apprenti n’a qu’un sens purement utilitaire : à partir du moment où le Maitre n’a plus rien à apporter à l’Apprenti, à partir du moment où l’Apprenti en sait autant voire plus que le Maitre, alors le Maitre n’est plus qu’une gêne, un obstacle sur la voie de la toute-puissance. Et puisque le Maitre a enseigné à son Apprenti que les obstacles devaient être réduits à néant, l’Apprenti ne fait qu’appliquer les leçons de son Maitre en réduisant celui-ci à néant … Comme le Maitre l’avait fait avec son propre Maitre avant lui.

Car l’ascension de Dark Plagueis débuta également par le meurtre de son Maitre, qui dans son agonie lui délivra un ultime conseil : « Etre puissant dans la Force est une chose. Mais se croire tout-puissant, c’est inviter la catastrophe » ... Conseil que visiblement, tout sage qu’il était, Dark Plagueis ne suivit pas. Tout absorbé par ses recherches effrénées pour comprendre les secrets de la mort et ses expériences macabres pour vaincre cette dernière, le Seigneur Sith laissa toute latitude à son Apprenti pour organiser les machinations économiques, politiques et sociétales qui feront sombrer la République Galactique dans le chaos, pour mieux la faire tomber entre leurs mains … Si la Règle des Deux de Bane avait eu son intérêt et utilité pour le renouveau des Sith, l’heure est selon Plagueis venue de la dépasser, de l’abolir : son Apprenti ne doit pas perdre son temps à convoiter le pouvoir et chercher comment le lui arracher, mais bien plutôt consacrer toute son énergie et son intelligence à œuvrer avec lui à l’avènement du Grand Plan Sith. Intimement persuadé qu’il contrôle parfaitement la situation, Dark Plagueis ne se doute pas une seule seconde que Dark Sidious ne partage pas les mêmes visions de l’avenir que lui, et que s’il semble suivre scrupuleusement ses enseignements et recommandations, il poursuit dans l’ombre ses propres objectifs. Et tout puissant qu’il soit, Dark Plagueis ne peut prétendre à l’omniscience ou à l’omnipotence : « Souvenez-vous que l’imprévu peut se produire », encore une leçon qu’il n’a pas mis en application. Et lorsqu’il le regrettera, il sera déjà trop tard …

Presqu’unanimement présenté comme l’un, voire LE, meilleur roman de tout l’univers Légendes, ce récit m’a personnellement plongé dans un océan de perplexité. Je ne peux pas nier qu’il n’est pas mauvais … mais je suis loin de le trouver excellent non plus. Je l’ai trouvé plutôt quelconque, en étant généreuse. J’ai d’une certaine façon le sentiment de m’être fait avoir sur la marchandise : le titre me donnait l’impression que l’histoire allait tourner autour de Dark Plagueis, « le Sage », autour de ses recherches pour vaincre la mort et acquérir l’immortalité, et éventuellement autour de sa relation avec son Apprenti, celui-là même qui finira par le tuer … Mais en réalité, c’est bien plutôt l’ascension politique de Palpatine qui occupe tout l’espace ! Même son apprentissage Sith en tant que Dark Sidious est systématiquement éclipsé, bien caché derrière des ellipses temporelles anarchiques et toute une ribambelle de machinations destinées à déstabilisé l’équilibre de la République et donc du Sénat pour hisser le petit nobliau orphelin de Naboo au rang de Chancelier Suprême. Si vous voulez mon avis, ce roman aurait dû plutôt se titrer « le Chancelier Suprême Palpatine », le lecteur saurait au moins à quoi s’attendre, plutôt que d’espérer en apprendre plus sur cette « légende Sith » évoquée à demi-mots dans le film. Les faux espoirs, les espoirs déchus et déçus, il n’y a rien de pire pour un lecteur ! Et difficile, ensuite, d’apprécier l’histoire une fois qu’on a compris qu’on n’y trouverait pas ce qu’on venait y chercher ….

Pourtant, ceux qui me connaissent le savent, je suis généralement friande de tout ce qui est machinations, complots, manigances et conspirations, surtout si elles se jouent sur le plan économique et politique. J’aurai pu, donc, apprécier tout de même ce roman en dépit de ma déception initiale. Mais non : ces machinations, complots, manigances et conspirations étaient tellement confuses qu’elles m’ont laissé de marbre. Nos deux Dark emplissaient leurs conversations d’allusions à tous ces petits trafics, mais au final, impossible de saisir ne serait-ce qu’un petit peu quelle était leur stratégie globale. On devinait que l’idée était de semer chaos et mécontentement un peu partout dans la galaxie, histoire de mieux diviser le Sénat pour ensuite mieux y régner, on devinait qu’il fallait déstabiliser les plus hautes instances et progressivement miner la confiance des gens envers les Jedis … mais pour le reste, impossible de comprendre exactement en quoi leurs actions contribuaient à servir cet objectif. On aurait dit deux gamins qui jouent aux stratèges militaires en sortant des tas de grands mots, comme s’il suffisait d’agiter un bâton par-ci par-là pour dévier le cours d’une rivière, de l’histoire. Tout s’éparpille dans tous les sens, ça ne veut au final plus dire grand-chose, et c’est bien dommage, car ç’aurait été fort intéressant de comprendre comment on en est arrivé au contexte socio-politique quelque peu anarchique dans lequel prend place la prélogie. D’ailleurs, les seuls passages que j’ai véritablement apprécié, ce sont ceux qui relient ce récit désordonné aux films : comment la si jeune Padmé est devenue reine de Naboo, le basculement du Comte Dooku, mais aussi la première rencontre avec le petit Anakin. Voir ces événements avec un autre point de vue était plutôt sympathique.

En bref, je pense que je peux m’arrêter ici, car vous l’aurez bien compris : je suis très loin de partager l’enthousiasme collectif qui entoure ce roman. J’ai trouvé que le récit avait cette très fâcheuse tendance à tourner en rond, à s’éterniser inlassablement, le tout pour n’apporter finalement que peu de choses : on n’en sait pas vraiment plus sur les recherches et trouvailles de Dark Plagueis (qui auraient pourtant pu, je pense, apporter un éclairage intéressant sur certains points encore obscurs de l’univers), et l’ascension politique de Palpatine ressemble finalement à celle de n’importe quel génie opportuniste capable d’œuvrer sur différents plans. Qu’il soit adepte du Côté Obscur ne joue absolument pas dans son parcours … Quant au reste, difficile de véritablement cerner les implications de leurs actions, ça part vraiment dans tous les sens, c’est bourré de longueurs et de considérations pseudo-philosophiques parfaitement inintelligibles. C’est peut-être cette impression de confusion qui tend beaucoup à louer la « complexité » du récit, mais être complexe pour être complexe, en perdant le lecteur dans des entremêlas qui ne ressemblent plus à rien, ça n’est pas gage de qualité selon moi. Ça marche peut-être sur les lecteurs les moins exigeants, les plus facilement influençables, mais pour un lecteur qui apprécie de saisir les choses pleinement pour savourer la grandeur d’une machination … c’est juste un agglomérat d’agacement. Dommage, car il y avait des tas de choses à creuser dans cette époque de la chronologie, avec ces personnages, je pense !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois