Brocélia (Jean-Marc Dhainaut)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : Jean-Marc Dhainaut

Éditions : Taurnada

Paru le : 07 juillet 2022

252 pages

Thèmes : Thriller/Fantastique/Paranormal

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

Coup de cœur !

 Résumé 

  « Meghan Grayford, une jeune journaliste passionnée par l'exploration de lieux abandonnés, a localisé un vieux manoir dans la forêt de Brocéliande : ses occupants semblent avoir fui précipitamment…
En se faufilant dans cette bâtisse isolée, Meghan ignore encore que son histoire n'est pas peuplée de magie et de fées, mais d'horreur et de sang…
La nuit, quand tout est calme, le Manoir Brocélia se réveille…
La nuit, quand tout est calme, les atrocités de son passé reprennent vie…
La curiosité est un vilain défaut… Meghan aurait mieux fait de s'en souvenir…
Un thriller aussi terrifiant que captivant, dans la lignée des investigations paranormales d'Alan Lambin.
»    

 Ma chronique 

Merci à Joël des éditions Taurnada pour cette lecture !

  J'avais déjà eu l'occasion de découvrir l'auteur, Jean-Marc Dhainaut avec "Les prières de sang" (chronique que vous pouvez retrouver ici) où nous avions un des personnages en première ligne qui ici est présent également. Il s'agit de Alan Lambin qui a sa propre série (donc il va falloir que je me penche dessus, car lire un seul livre ce n'est pas assez mdr). Brocélia est le spin-off si je peux dire, même si le livre peut se lire indépendamment des autres, la preuve j'y suis bien arrivée et nous apprenons très peu de choses de ce qui a pu se produire avant.. Et ce fut un véritable carton. Avec du mal à dormir, car je voulais savoir me permets d'indiquer que c'est un coup de cœur et pour plusieurs raisons.
    L'histoire se passe en Bretagne et dans des coins et recoins que je connais très bien (ayant vécu de très nombreuses années dans le Morbihan, j'ai pas mal vadrouillé.) Autant dire que c'est un véritable retour dans le passé avec les us, coutumes et les traditions qui ne lâchent rien. Je n'ai pas eu envie de rire lorsque l'héroïne se fait cracher dessus et frapper, parce qu'un petit village qui vit un peu en autarcie, un petit village où les habitants n'aiment déjà pas ceux du village voisin parce qu'ils ne sont pas de chez eux, cela même à notre époque existe encore. Et il faut bien comprendre que les mentalités anciennes sont "données" de génération en génération. C'est un pan de vie que l'auteur nous laisse entre les lignes, entre ce manoir (qui est bien caché dans la forêt de Brocéliande) et le passé que les murs ont vécu sans le vouloir. Meghan aime l'urbex, même si elle travaille sous couvert d'un journal. Alors qu'elle doit pondre un article pour la revue, ce qu'elle a apporté ne vaut rien. Son chef la pousse à trouver autre chose, de mieux, de plus sensationnel, un article qui pourrait faire pleurer dans les chaumières tout en intégrant un peu de paranormal. Son meilleur ami Janis lui reparle de ce manoir, celui dans lequel elle a déjà mis les pieds il y a un an. Un manoir abandonné, perdu dans la forêt de Brocéliande qui intrigue bon nombre de personnages. Si au début elle ne veut pas y retourner, elle ne va pas avoir le choix. S'enclenche ainsi de multiples phénomènes qui feraient peur au plus courageux des hommes, ou des femmes.
    "Ne reste pas" aurait pu être le sous-titre. Meghan va faire des rencontres toutes plus dangereuses les unes que les autres. Les superstitions se prêtent parfaitement aux lieux, les légendes ont toujours une part de vérité. Si les sorcières, druides, fées et korrigans font partie du folklore, pour Meghan c'est une réalité. Ce n'est pas parce que nous ne les voyons pas qu'ils n'existent pas. Les phénomènes paranormaux titillent l'esprit, vouloir croire et voir sont deux choses différentes. J'ai adoré la façon dont Alan prend en main l'une des dernières scènes. Le respect, c'est ce qui va de paire avec les êtres humains, vivant ou non. Certains manquent cruellement de savoir-vivre, mais une part de noirceur ne cessent de se propager. Il suffit d'un peu de lumière pour résoudre certains événements et parfois de la compréhension et des explications. Le récit ne cesse de surprendre tant par les rebondissements surnaturels que par le personnage de Meghan. Cette jeune femme est têtue comme une mule, lorsqu'elle a une idée en tête et le sujet, rien ne pourra l'obliger à arrêter, même si les menaces, le danger et proche, très proche d'elle.     La première expédition, un an après ce qu'elle a cru voir ne sera pas de tout repos : passer un village qui déteste son visage, traverser une forêt qui ne veut pas ouvrir la voie vers la maison maudite et entrer dans le manoir pour prendre des photos entre autres. Facile à dire, compliqué dans la réalité. Un vrai premier contact où les fantômes du passé ne veulent apparemment pas être dérangés et pousse les visiteurs indésirables à fuir les lieux, auquel cas, il sera bien trop tard pour rester parmi les vivants. Elle n'est pas seule, elle ressent des présences, mais toutes ne sont pas hostiles et c'est là qu'elle va s'accrocher. Rechercher ce qui se passe derrière ses murs, qui les a vu en premier, quels sont les drames vécus sur ces terres ? Est-ce un être humain vivant qui s'amuse ? Impossible de dire oui, car les phénomènes sont trop nombreux, les visions trop succinctes et surtout se faire "traverser" par un courant d'air glacé tout en perdant la notion du temps... à moins que Meghan ne rajoute beaucoup d'alcool dans ses céréales le matin, il se passe bien quelque chose. La vérité est terrible, les crimes affreux et il va falloir remonter très loin pour  trouver ce qui a pu tout déclencher. Les murs ont des oreilles ? Ici les murs ont la mémoire des crimes.     Meghan adore décrypter les choses pour les rendre concrète. Elle va avoir besoin de l'aide de Alan Lambin, un homme d'une soixantaine d'années, ancien enquêteur en paranormal (et pour avoir lu une de ces histoires, elle était terrible !) Tous deux, enfin tous trois avec Mina, la compagne et un peu plus que cela de Alan, se sont connus dans un des récits (vivement que je le lise celui-là xD). C'est d'un ami, mais surtout enquêteur que Meghan a besoin. Mina va le pousser sur la voie car elle sent qu'il le faut. Entre Mina et Alan c'est tout meugnon et ils sont tous deux un brin "paternaliste" avec Meghan, comme s'ils voulaient la protéger. En même temps, vu la façon dont la jeune femme se retrouve vite dans le pétrin, ce n'est pas une mauvaise idée. Je dois admettre qu'après avoir déjà traversé la forêt de Brocéliande en long, en large et en travers avec des ados, c'est déjà facile de se perdre si nous loupons un chemin, alors avec ces entités qui s'amusent aux dépends de Meghan nous comprenons parfaitement bien les longues marches pour retrouver l'entrée du manoir, en évitant des puits par exemple. Enfin, comme les portes étranges qui s'amusent avec les corps. Je n'ai jamais été sceptique au fait que nous ne sommes pas seuls, je n'ai pas eu cette "chance" de pouvoir être dans un tel lieu. Bercée par les légendes, je raffole de ce que les auteurs arrivent à nous faire ressentir en une seule lecture. Ces lieux connus pour ma part et tout ce qui les entoure. Ce n'est pas de la magie, mais plutôt un événement qui change la vie à jamais.     Le paranormal arrive lentement et nous imaginons tellement, surtout avec le début qui nous fait penser que des morts sont bloqués à jamais. Ce qui n'est pas totalement vrai ni faux. Il a falloir démêler tout cela et ce n'est pas une mince affaire. Les éléments arrivent tranquillement les uns après les autres et lorsque nous nous disons que c'est à cause de ça ? Perdu, un rebondissement débarque. Les personnages sont intéressants et donnent envie d'en savoir plus (donc vous l'avez compris, je vais voir pour les précédents). De  la bonté, de la gentillesse, mais le monde n'est pas un nuage blanc rempli de bisounours. Nous avons des Melvin qui poussent pour avoir la place, la promotion quitte à écraser les autres, ou qui offrent des roses (attention aux épines) ou encore qui ne font que se montrer pour faire peur. Le premier chapitre ne fait que donner des indications, il s'agit du haut de l'iceberg comme j'aime à dire souvent, derrière ce drame se cache bien plus que cela. Est-ce qu'il va y avoir une note d'espoir ? Oui, c'est tout ce que je dirais. Chacun va accepter ce qu'il va voir, ce qu'il va comprendre et parfois l'héritage n'est pas aussi éloigné que nous le croyons. Certaines légendes sont expliquées sans prendre des pages, il n'y en a pas besoin pour comprendre d'une manière générale. L'échange est particulier et il faut rester sur ce fait : certains événements ne demandent pas à être décryptés, ils sont là parce que cela devait se produire. Parfois il vaut mieux ne pas chercher à tout comprendre.     En conclusion je pourrais en dire encore sur mon ressenti, sur la plume qui est entraînante, sur les personnages que j'ai passé sous silence, mais non. Je pense que ce que j'ai pu mettre en avant est largement suffisant pour comprendre que c'est un coup de cœur que j'ai eu pour ces pages en Bretagne. Une bonne dose de paranormal, un brin de thriller à faire hérisser les poils des bras, des légendes et du vécu, tout cela est mis entre ces lignes. Si vous désirez frissonner, enquêter sur des faits réels et plonger au cœur de Brocéliande, N’HÉSITEZ PAS !    

 Extrait choisi :  

 «  Implorant une pitié divine pour sortir de ce cauchemar, Meghan poussa la grille du cimetière comme pour répondre aux murmures de son instinct. Le seul chemin qui s'offrait à elle. Ici pas de gardien pour la renseigner. Des alignements de pierres tombales, dont certaines effondrées, enveloppées dans un voile de brume.
Elle paniqua en entendant se refermer violemment la grille par laquelle elle était entrée. Elle s'y précipita. Il n'y avait plus moyen de l'ouvrir. Son regard alternait de chaque côté de l'allée à la recherche d'une issue. Elle avançait lentement, se frictionnant les épaules pour se réchauffer.
Elle s'arrêta soudain devant une tombe : celle de Nolwenn Le Cozic, une amie d'enfance avec qui elle avait partagé les bans de l'école. Nolwenn Le Cozic, épouse de Lionel Arzel. La photo d'elle ne faisait aucun doute, mais elle semblait si vieille... »