En manque d'air (Dana B. Chalys)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : Dana B. Chalys

Éditions : auto-édité

Paru le : 18 septembre 2016

202 pages

Thème : Contemporain

disponible sur Amazon

J'ai adoré !

 Résumé 

  « Siana et Michaela sont deux amies réunies par leur souffrance passée. A travers deux nouvelles, découvrez comment chacune a pansé ses blessures.
"Je me noie"
À vingt-cinq ans, Siana n’a connu que l’obésité morbide. Au bord du gouffre, elle tente la dernière chance et subit un rétrécissement de l’estomac par acte chirurgical. En retrouvant un poids normal, elle pensait pouvoir faire la paix avec son corps... mais son passé a laissé des séquelles aussi bien physiques que psychologiques. Elle ne s’aime pas. Le regard de Bastien, frère cadet de Michaela et photographe, pourrait bien changer sa vision d’elle-même.
"Oxygène"
Michaela, alias Miki, est un ancien mannequin de vingt-huit ans. Belle, aisée et épanouie, elle aime sa liberté plus que tout. Lorsqu’elle rencontre Raphaël, vingt-deux ans, smicard et père célibataire, elle est loin de se douter que leurs univers si différents, au lieu de se heurter, pourraient bien se compléter.
»
 

 Ma chronique 

Je suis tombée par hasard sur ce livre, dans les offres "promotionnelles" sur zonzon et le sujet semblait intéressant. De plus, je voyais passer le nom de l'auteure sans vraiment m'y attarder, alors je me suis dis, pourquoi pas ! En manque d'air est composé de deux nouvelles "Je me noie" et "Oxygène. Deux histoires qui se regroupent dans le sens où nous suivons deux meilleures amies dans les deux, nous focalisant d'abord sur Siana puis Miki (Michaela). Je dois admettre que j'ai eu un coup de coeur pour "Je me noie", alors que "Oxygène" n'a pas eu l'effet escompté. L'écriture est fluide dans les deux cas, c'est le sujet en lui-même qui ne m'a pas paru abouti, comme s'il manquait quelques explications et émotions dans cette dernière.

  "Je me noie" est donc la première nouvelle qui m'a fait pleurer. Oui, j'ai pleuré, sans honte en lisant ce que Siana a ressenti et ressent toujours. C'est extrêmement rare que je lâche les larmes, alors je le souligne. Cette nouvelle peut parler à n'importe qui, pas forcément une personne qui a été obèse ou qui l'est toujours. Cette histoire est pour tous eux qui se sentent mal à l'aise dans un corps, qui n'arrivent pas à s'aimer tout simplement. Le regard des autres, il faut réussir à passer par-dessus, j'ai mis personnellement plus de 20 ans à y parvenir, alors lorsque Siana qui a 25 ans, se voit toujours comme une obèse alors qu'elle a dû passer des opérations pour tenter d'être comme tout le monde se cacher, c'est compréhensible. Siana a eu durant 13 longues années de souffrances psychologiques et physiques. Les mots ont des impacts que les imbéciles ne comprennent pas. Ils restent en mémoire, ils nous torturent et s'amusent à ressortir à chaque fois qu'un semblant de perte de confiance s'annonce. Les émotions sont fortes, une femme (ou un homme) est un être humain qui a le droit au respect. Malheureusement certains oublient vite qu'un regard de travers, une parole en l'air peut faire mal. L'histoire de Siana est touchante, car elle se bat chaque jour avec ce qu'elle a subit et ce qu'elle voit encore. Le miroir est son pire ennemi, pourtant elle est plus que fine. Sa meilleure amie, Miki, ancienne mannequin va l'embarquer chez son frère Bastien photographe professionnel pour l'aider à avancer une fois de plus.     Bastien est un bad boy, une vision qu'il montre aux autres parce qu'il pense que c'est ce que tout le monde veut de lui : montrer une belle gueule, il est très doué niveau photographie. Et de plus, il aime les femmes, les belles femmes, les mannequins. Miki ne les met en relation uniquement pour qu'elle puisse effectuer une thérapie par la photo. Si au départ Bastien se montre réticent, il va chercher à la connaître, à comprendre pourquoi elle garde le visage sans expression. Seuls ses yeux arrivent parfois à lâcher une émotion insoutenable. Les a priori de ses deux sont forts. Siana est raisonnable, elle sait qu'un homme comme lui ne la regardera jamais, même si cela ne l'empêche pas de rêver qu'un jour son prince charmant saura la voir. Quant à lui, il ne comprend pas et admet qu'il ne pourra probablement pas comprendre un jour ce que cela fait d'avoir autant de réflexions sur son poids, sur sa vie, sur son physique. Ils vont apprendre à s'apprivoiser, non sans qu'une Miki se retrouve sur leurs chemins afin de surveiller que son abruti de frère ne plombe pas plus Siana. C'est dans ce récit que nous comprenons le lien ente les deux femmes et les souffrances qu'elles ont dû affronter et ainsi remonter la pente. Miki est plus forte dans le sens où rien ne l'atteint, une véritable mère pour Siana qui n'a plus qu'elle.     "Oxygène" concerne donc Miki, cette jeune femme qui s'est reconverti en tant qu'esthéticienne. Les débuts du mannequinat n'ont pas été simples, mais elle a réussi et dorénavant, à 29 ans, elle travaille à son compte. Par hasard, elle aide une vieille dame en allant chez son voisin et se retrouve face à deux enfants, des jumeaux et leur père de 22 ans. Le choc est bien là, mais elle découvre rapidement que c'est un papa poule qui adore ses enfants de 6 ans. Le passé de Raphaël et sa manière de fonctionner impressionne Miki. Il n'a quasiment rien, fait tout ce qu'il peut pour que ses enfants aient à manger. Deux mondes totalement différents qui se confrontent. Miki a un cœur énorme, nous l'avions déjà vu dans la nouvelle d'avant. Ici elle prend conscience de ce que c'est que d'être parent. Les responsabilités, moins de frivolité, plus de concret. Quant à Raphaël, il découvre que le bonheur peut être simple, s'il se laissait aller avec la bonne personne. C'est une nouvelle, comme la première, mais ici j'ai eu le sentiment de manque. La relation va trop vite, alors que dans la première Sianna et Bastien prennent leur temps pour se découvrir et les émotions sont plus exposés également.     Entre Miki et Siana c'est à la vie, à la mort. Si l'une d'entre elles se sent mal, l'autre est là pour l'aider et inversement. Les carapaces entre elles sont fissurées, mais devant les autres, c'est différent. La peur de se montrer, celle d'ouvrir son cœur, les deux femmes ont des plaies qui ne sont pas visibles et font ce qu'elles peuvent pour s'en sortir. Ce que j'ai apprécié dans "Oxygène" c'est de revoir Siana et de voir l'évolution et le bien que lui fait Bastien. Et ce dernier évolue également en prenant sur lui afin d'ouvrir les yeux. En parlant de lui, avec sa sœur ils s'aiment comme chien et chat. Un amour vache qui est à la fois amusant et convainquant. Miki ne lâche rien quand il s'agit de ses proches et elle les pousse à bout pour qu'ils se surpassent.     Deux récits différents, mais ô combien éprouvants. Je me suis énormément attachée à Siana, ses sentiments, ses besoins, sa passion lorsqu'elle parle enfin de tout ce qui est en elle, de tout ce qu'elle a subit. Un combat qui n'est pas de tout repos tant physiquement que psychologiquement. Cette phrase : la solution de facilité... C'est abject de croire que si une personne n'est pas parfaite, c'est à cause d'elle et que l'opération est une solution de facilité. Les examens, le suivi, la manière de vivre après, car tout est différent... Il faut de la volonté. Miki a une peur différente, celle de se marier avec un abruti et préfère les faire fuir. Une peur qui ne la lâche pas et pour cause, avec ce qu'elle connait de son monde, elle sait que les abrutis sont nombreux pour toucher son argent, sa plastique et tout ce qui va avec. Les deux femmes sont adorables, tigresses si besoin pour se protéger mutuellement. L'écriture est fluide et les mots sont forts pour faire ressentir des émotions. La société ne fait pas de cadeau, il faut savoir passer outre, ce qui n'est pas simple. Le jugement est facile, la langue se délie pour pouvoir écraser les autres qui ne montrent rien de plus qu'un mal-être ? En quoi une personne est meilleure qu'une autre dans ce cas ?     En conclusion, j'ai eu un coup de cœur pour l'histoire de Siana et Bastien, qui prend son temps, qui décortique les sentiments et les raisons du mal-être de l'un et de l'autre, car pour comprendre, il faut savoir véritablement ce que l'autre ressent. La scène de fin où Siana parle enfin de ce qui lui pèse est magnifique, car elle met des mots sur ses maux, emportant avec elle un Bastien qui prend en pleine figure ces années de souffrance. L'histoire de Miki et Raphaël est plus douce, malgré la peur qui les envahit. Deux récits qui ne peuvent pas laisser indifférent, il y aura forcément l'une des deux, voire les deux qui vont vous toucher.    

 Extrait choisi :  

 « — Qu'est-ce qui te plaît, chez moi, alors ? demanda-t-il simplement.
Siana se sentit rougir. Elle baissa les yeux au grand dam de Bastien. — C'est ta capacité à aimer peu de personnes mais à les aimer fort, confessa-t-elle du bout des lèvres. J'ai beau savoir que je n'ai absolument aucune chance avec toi,, ça ne m'empêche pas d'espérer qu'un jour tu me mettes sur le même pied d'égalité que toutes ces femmes sublimes que tu fréquentes. Je ne crois pas que mon physique me rend inférieure à elles. Mais je suis peut-être la seule...
Un long silence suivi sa dernière phrase
. Il fallut à Siana tout son courage pour oser lever de nouveau les yeux vers Bastien.
L'homme les vit remplis de larmes. Une étrange sensation résonna alors dans sa poitrine et se répandit dans tout son corps. Si certaines choses lui échappaient encore, il pensait comprendre pourquoi il se sentait différent avec Sianna : elle attendait de lui qu'il soit lui-même et rien de plus, comme si elle trouvait que ses défauts étaient aussi beaux et précieux que ses qualités.

Elle était sans doute la plus proche de la vérité
car c'était ce savant mélange qui rendait une personne unique.
»