Louis-Ferdinand Céline : Guerre

Céline, Faulkner, JoyceLouis Ferdinand Destouches (1894-1961), dit Louis-Ferdinand Céline, connu sous son nom de plume généralement abrégé en Céline, est un écrivain et médecin français. Il est notamment célèbre pour son roman Voyage au bout de la nuit (1932) récompensé par le prix Renaudot. Considéré, à l'instar de Faulkner et de Joyce, comme l'un des plus grands novateurs de la littérature du XXe siècle, Céline introduit un style elliptique personnel et très travaillé qui emprunte à l'argot et tend à s'approcher du langage parlé. Céline est hélas, aussi connu pour son antisémitisme avec des pamphlets virulents dès 1937 et sous l'Occupation durant la Seconde Guerre mondiale il est proche des milieux collaborationnistes et du service de sécurité nazi.

Guerre, roman inédit de Céline vient de paraître, retrouvé dans des conditions mirobolantes sur lesquelles je ne reviens pas, tous les médias en ont parlé. Je ne m’étendrai pas non plus sur les noms des personnages qui réapparaissent dans d’autres livres de l’écrivain, personnages fictifs ou réels, avec des identités qui diffèrent selon les ouvrages ou même au cœur d’un même livre, tout cela est expliqué dans les appendices et ne serait que recopie de ma part.

Je m’en tiens donc à la seule lecture de ce bouquin. Ecrit d'un seul jet (pas retravaillé donc, d’où des faiblesses et bizarreries) certainement en 1934, après la parution du Voyage au bout de la nuit, il s’agit d’un récit autobiographique romancé dont Ferdinand Bardamu (alias de Céline) est le narrateur.

Durant la Grande Guerre. Ferdinand est à l’agonie sur un champ de bataille en Flandres quand un soldat Anglais l’en tire et le conduit à l’hôpital dans une ville voisine. Une balle restée dans son oreille le rend fou de douleurs chroniques dans le crâne (« J’ai attrapé la guerre dans ma tête. Elle est enfermée dans ma tête ») Là, il va découvrir un univers et des personnages « pittoresques » ! Un médecin non qualifié qui voudrait l’opérer et extraire la balle mais se ravise grâce à l’intervention de Lespinasse, une infirmière bienveillante pour employer un euphémisme (« Elle passait le soir et sans en avoir l’air me réchauffait la bite un bon coup ») ! Un voisin de lit n’est pas mal non plus, Bébert/Cascade, un jeunot déjà maquereau de son état qui enseigne à Ferdinand tous les trucs à savoir dans le coin et avec qui il va faire les quatre cents coups. Plus tard, le gamin fera venir sa régulière, Angèle, pour la faire tapiner avec tous les soldats et officiers cantonnés dans la ville mais surprise ! La mignonne (« Elle vous portait le feu dans la bite au premier regard »), émancipé par sa séparation d’avec son Bébert, se rebiffe et le rabaisse. J’abrège, Ferdinand et Angèle trouvent une combine pour filer en Angleterre avec un miché de la donzelle. Ici s’achève le roman, la suite, inédite aussi, Londres, paraîtra prochainement.  

Si j’ai lu les principaux romans de l’écrivain, je n’en suis pas un fan absolu mais je reconnais que ça décoiffe sérieusement. Je comprends parfaitement qu’on n’aime pas de ce genre de littérature car Céline n’y va pas de main morte. L’écrivain branle la langue comme un cocotier et ça tombe comme à Gravelotte. Des phrases à l’emporte-pièce, des passages éructés, une langue torturée (« Elle avait de l’intrigue dans les mots qu’elle se servait, j’écoutais qu’elle m’y faisait sautiller de joye l’imagination »), de l’argot plein la bouche, du sexe cru tant et plus ; le lecteur se sent agressé physiquement quand il lit Céline. Et je ne vous parle pas du pessimisme et des méchancetés humaines points communs à l’ensemble de son œuvre.

Un bon roman, de ceux qu’on peut classer dans la rubrique « expérience de lecture » si elle existe ?


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