John Muir : Un Eté dans la Sierra

john muirJohn Muir (1838-1914) est un écrivain américain, né en Ecosse. Il fut l'un des premiers naturalistes modernes, militant de la protection de la nature. Ses lettres, essais, et livres racontent ses aventures dans la nature et la vie sauvage. Très lus à son époque, ils sont encore très populaires aujourd'hui. Son action a contribué à sauver la vallée de Yosemite et d'autres espaces sauvages. Le Sierra Club, qu'il a fondé, est à ce jour une des plus importantes organisations de protection de l'environnement des Etats-Unis. Ses écrits et sa philosophie ont fortement influencé la naissance du mouvement écologiste moderne. Un Eté dans la Sierra, récit écrit en 1911, vient d’être réédité en poche avec une très belle préface de Michel Le Bris.

1869, John Muir accepte la proposition de son ami irlandais Pat Delaney, accompagner la grande transhumance de ses moutons vers la Yosemite Valley ; de juin à septembre, Muir va convoyer deux milles « ballots de laine » avec Billy le berger, un Indien et un Chinois, Jack un petit chien et Carlo le gros Saint-Bernard, Delaney qu’il surnomme Don Quichotte pour son physique, faisant la liaison entre eux et la ville pour les ravitailler. Le job de John Muir n’est pas contraignant, contre quelques heures de taches simples, il a tout loisir pour explorer à sa guise le territoire traversé, et il va s’en mettre plein les yeux, conviant à la fête tous ses sens, mettant en pratique toutes ses connaissances et les élargissant.

Notre homme s’émerveille devant tant de beauté qu’offre la Nature sauvage et vierge, il observe et consigne, voire dessine tout ce qu’il voit. Les plantes, les arbres, les animaux de l’insecte aux mammifères font l’objet de descriptions et remarques très détaillées et parfois (allez, j’ose le dire) un peu soulantes. John Muir écrit très bien et n’a recourt qu’à un lyrisme raisonnable pour exprimer ses sentiments (« c’est une page grandiose du manuscrit des montagnes, et je donnerais volontiers ma vie pour être capable de la lire »). L’humour pointe parfois comme avec cette longue description du pantalon du berger (« Au lieu d’être aminci par l’usure, il est épaissi par la crasse, et sa stratification est d’une grande importance géologique ») à moins qu’il ne laisse le lecteur pantois avec l’épisode savoureux d’inconscience naïve face à un ours brun.

Toutes ces beautés ont néanmoins leur pendant et déjà l’auteur s’inquiète « seuls l’homme et les animaux qu’il domestique détruisent ces jardins » et ne cache pas son pessimisme « il se pourrait qu’à longue échéance les forêts soient détruites ».

Un très beau récit, devenu un classique du genre, mais que le lecteur moderne ne pourra réellement apprécier que s’il garde en mémoire qu’il a été écrit bien avant tous les autres qui lui ont succédés…


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