Le Linceul des âmes (Eva Marin)

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : Eva Marin

Éditions : Evidence

Paru le : 20 novembre 2020

338 pages

Thème : Thriller

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon

J'ai adoré ! 

 Résumé 

  « Suite à un choc émotionnel, l'existence d'Ely devenue Rosa après un changement d’identité nécessaire à sa survie, est soignée dans un couvent où elle s’accroche à un tissu très particulier.
Sa vie, qui ne tient qu’à un fil, bascule alors dans la folie d’une vengeance froide qui se déroulera entre Perpignan et Barcelone, pendant que ses souvenirs la ramèneront irrémédiablement vers un passé où religion et secte ne font qu’un.
Méfiez-vous des apparences trompeuses, gardez toujours un œil ouvert et surtout… n’ouvrez pas vos portes !
»  

 Ma chronique 

Un livre qui attend dans ma biblio depuis des mois et enfin je m'en occupe. C'est d'abord la couverture qui m'a intrigué, puis le résumé qui m'ont fait acheter ce récit. Un auteur que je ne connais pas et le trio de tête est bien en place. Ely est devenue Rosa par la force des événements. Même pas 20 ans et une vie horrible que nous ne souhaitons à personne. Ce n'est pas tant l'appartenance de sa famille en tant que témoins de Jéhovah, car cela aurait pu être n'importe quel autre organisme qui joue avec les gens (les sectes sont nombreuses et la faiblesse des gens est trop importante pour eux) il s'agit de la manière dont sa famille s'est occupée d'elle. Je passerais les détails qui sont terrifiants de méchanceté, malhonnêteté et par-dessus tout des gens qui sont proches de vous et qui n'hésitent pas à vous soumettre à leur perversité. La violence est une coutume dans sa famille et lorsqu'à 10 ans vous en pouvez plus dormir sereinement de peur de voir entrer le monstre de la maison, ou a 16 ans obligée de fuguer pour éviter les coups d'un autre, votre vie ne peut pas ressembler à un monde de bisounours. Il vous faut survivre et continuer d'avancer tout en changeant d'identité. C'est ce qui s'est produit avec Ely-Rosa, qui a réussi malgré tout à avoir un petit peu de bonheur avant de tout recommencer.

  La vengeance est un plat qui se mange froid et si les actes qu'elle effectue sont tout aussi horrible, qui peut lui jeter la fameuse première pierre ? La psychiatrie est un monde qui n'est pas fiable partout. Des médecins véreux, il y en aura toujours et tant que le silence est roi, nul ne pourra un jour en terminer avec les expériences. Des souris de laboratoire à la grandeur humaine ! Ce récit est difficile et je souhaite de tout cœur qu'une grosse partie ne soit pas du passé de l'auteure. Mais même un petit peu, un 10ème, que dis-je même une infime parcelle de ce qu'il y a entre ces lignes ne devraient pas exister. Alors comment imaginer survivre à tout cela ? En gardant la vengeance, la haine dans son cœur, en continuant à vivre et surtout en allant jusqu'au bout. Peu doivent en être capable et celui ou celle comme Rosa qui s'est retrouvée entre de si nombreuses griffes qu'elle a un courage indéniable et une volonté de fer. Fuir pour rester en vie, mais lorsque cela ne suffit plus, il faut un plan d'attaque. Et la goutte d'eau qui a fait déborder le vase est là, dès le départ, lorsqu'elle demande de l'aide à une soeur qui est trop impliquée la jetant entre de mauvaises mains, une fois de plus. Une énième fois où la confiance n'existe plus et n'a probablement jamais existé. Comment un personnage est capable de tant de méchanceté ? La nature humaine est si particulière et certains devraient vraiment ne plus exister, car même des soins ne seraient pas compétents pour les remettre sur le droit chemin.
    Le pardon n'existe pas. Le Mal absolu est bien au-delà d'un simple homme, il s'agit d'un packaging qui vous offre un avenir tout sauf radieux. Comment s'en sortir sans aide extérieure ? C'est là qu'intervient d'autres hommes et femmes qui sont capables d'y mettre un terme, si tout va bien. Bien entendu il n'y a pas de gloire à tuer un homme, ou à en perdre malgré tout ce qui a pu être traversés. Les épreuves sont terribles, sournoises. La vie de Ely qui ne tenait qu'à un fil est tout aussi fragile que celle de Rosa. Car si en tant que Ely elle a subit, la nouvelle jeune femme qui revient n'a plus rien à voir avec l'ancienne. Les sacrifices sont déjà nombreux, elle n'est plus à un près. La lumière est sa force et sera bénéfique pour l'aider dans cette quête de vengeance et de sauvetage. Car elle n'est pas la seule. Les souris de laboratoire, vous vous souvenez ? Ce n'est pas parce que sa famille est complètement folle et a le bras plus long que le pape, qu'elle est la seule à subir ces tortures mentales et physiques. Le récit est souvent vu par le regard de Rosa, mais nous avons parfois celui des autres, ceux qui gravitent autour d'elle. Nous ne pouvons pas ne pas rester à ses côtés pour lui insuffler une force nouvelle à chaque coup porté. La perte d'un être cher est parfois le déclencheur, mais ce qui va aller bien au-delà de la vengeance, c'est ce qu'elle reçoit en plein cœur de cette petite confrérie de sœur qui va lui apporter ce dont elle a besoin.
  Gravitant entre le passé et le présent, nous suivons ses traces entre une enfance martyrisée et un début d'adulte vengeur. Nous ne pouvons qu'être horrifiés par ces événements et des questions ne cessent de se poser. Comment ont-ils réussi à asseoir leur pouvoir aussi fort ? Par la peur et ça nous le comprenons très bien entre les pages. La peur de celui qui tient les rênes, de celui qui fait souffrir, de ce qu'il y aura au-delà de la mort et de cette vie qui pourrait devenir la votre si vous ne faites pas ce qu'ils disent. Les esprits sont parfois faibles et d'autres aiment entendre des mots doux à leurs oreilles pour aller mieux. Le crochet est lancé et une fois ferrée, il est difficile pour la proie de s'en défaire, comme Amélia nous le prouve. Le machiavélisme de ce personnage qui tient toute la machine entre ses doigts est si fort qu'il se croit tout puissant, capable de tout faire. Violer, tuer, piller, soumettre hommes et femmes, avide d'argent et de pouvoir. C'est là que nous comprenons que rien ne peut le faire changer d'avis, il est trop malfaisant, un véritable diable sur terre. Il est facile pour lui de faire le vide autour des gens qu'il veut, des amis hauts placés, des mensonges et voila comment Rosa a vécu durant toute sa vie. Et puis il y a ce linceul qui va la suivre et l'aider dans sa quête de vengeance...
    Cette haine, cette vengeance, ces coups portés, ces trahisons sont d'autant plus fortes qu'elles sont faites par de la famille, père, mère, beau-père, frère, sœur... Mais une petite lumière éclaire le chemin de la bonté et si Rosa ne l'emprunte pas de suite, elle arrive à avoir des instants de bonheur, fugace, mais ô combien important pour elle, pour tenir le coup et nous aussi par la même occasion. Ils sont fragiles, incertains, mais ils existent et c'est ce qui la maintient en vie, par le biais des autres, de ceux qui ont la bonté de croire en quelque chose de Bien. Aider son prochain n'est pas un vain mot entre ces lignes, il faut se battre pour y parvenir, quitte à tout perdre. LA dualité entre le Bien et le Mal prend tout son sens, comme le ying et le yang, il y a du bon en chacun même mauvais et il y a du mauvais en tous même bon. Si certains arrivent à se contenir, ce n'est pas le cas de la plupart des personnages que nous côtoyons et qui semblent trop vrais à nos yeux. Il y a forcément du faux dans le texte, tout ne peut pas être la réalité subit par l'auteur, et pourtant cela fait mal de savoir que cela arrive de toute manière. Les sectes, la religion, tout n'est pas forcément bon, tout n'est pas noir, les nuances sont impénétrables. C'est un récit qui m'a donné du mal, pas à le lire, loin de là, je voulais un certain type de fin et je l'ai eu, non. Lorsque j'indique du mal, c'est après la fin de la lecture. Une fois le livre posé, les images tourbillonnent, le passé, le présent, ce que j'ai déjà vécu (rien de tout cela), mais qui m'a rappelé cet ami que je n'ai pas vu depuis longtemps, parce qu'il était témoin de Jéhovah et moi non, qui avait à l'époque une belle vie bien loin de tout cela et c'est tant mieux. Chaque groupe quel qu'il soit à une part de bienveillance, il suffit d'avoir le bon responsable à la tête du groupe, ce qui n'était absolument pas le cas pour Rosa.     Il n'est pas passé loin du coup de cœur, certains moments sont étranges, surtout certains dialogues où je ne comprenais pas ce qu'elle voulait dire tout comme le fait que des passages étaient de son point de vue, mais elle était "inconsciente" ? J'ai pas trop pigé le truc, mais cela m'a un peu coupé dans le récit. Toujours est-il que cela n'entache absolument pas ce récit qui ne cesse de surprendre, tant par les personnages qui ne se dévoilent pas et dont nous comprenons la noirceur trop tard, que par le fait que le Bien arrive toujours à trouver son chemin, même parsemé d'embûches profondes. Ely-Rosa est le personnage principal et beaucoup d'autres gravitent dans son sillage dont je ne parlerais pas. Il faut les découvrir avec leurs propres blessures, leurs secrets et leurs espoirs, car c'est de cela qu'il s'agit pour certains : sortir de cet enfer et faire en sorte que plus personne n'y retourne. La plume de l'auteur est incisive, elle pique par les actes commis, par les pensées froides qui entourent Rosa.     En conclusion, c'est un récit qui est poignant, cruel, apportant malgré tout une petite lueur d'espoir à ceux qui ne croient plus en rien. La noirceur de l'être humain est si grand qu'il est capable de tout dévorer sur son passage et tant qu'il reste un seul être capable de se dresser devant ce type de folie il est permis de croire que le Mal peut être éradiqué. Un livre à ne pas mettre entre toutes les mains, mais je garde le mien précieusement !


 Extrait choisi :  

« Le soleil toucha mes yeux, je me retournai, mais c'était trop tard, j'étais réveillée. J'avais oublié de fermer le volet en rentrant. En regardant le réveil, je m'aperçus que ce n'était pas si tôt que ça. Il était midi.
Mon cœur était rempli de rancune, mes rêves commençaient à peser et ma haine augmentait de jour en jour. Des souvenirs que j'avais oubliés depuis trop longtemps me revenaient en pleine gueule. Mon sang bouillait. J'avais des sentiments un peu à part après avoir vécu des choses qu'on ne pouvait même pas nommer à un âge où j'aurais dû être au cinéma entre copines.
Cependant il fallait que quelqu'un s'en occupe ! Si je ne le faisais pas, qui le ferais ?
On était vendredi, le jour où Doc n°2 allait faire du mal à quelqu'un et de préférence à une jeune fille. Il avait dû trouver une nouvelle prostituée grâce à ses acolytes cachés dans les sous-sols.
C'était plus facile, qui s'inquièterait d'une insignifiante fille de joie ?
»