Pharmakon - Olivier Bruneau (entre *** et ****)

Dans le cadre de l'opération Masse critique du site Babelio, j'ai choisi Pharmakon d'Olivier Bruneau pour deux raisons : 

1) son côté dystopique

2) sa maison d'édition, Le Tripode, dont la ligne éditoriale m'interpelle toujours (dans le bon sens, je précise). Cette maison sort des sentiers battus et médiatiques pour proposer d'autres univers, d'autres proses. Parfois cela me parle, parfois cela me sort par les yeux, mais toujours cela me surprend ou me dérange dans mes petites habitudes de mémère. Et franchement, cela me fait un bien fou !

Pharmakon ne déroge pas à cette règle !

Pharmakon - Olivier Bruneau (entre *** et ****)

Dans Pharmakon, on découvre un tireur d'élite, cobaye volontaire d'un traitement qui le tient éveillé continuellement. En mission sur un terrain miné, auprès de ses camarades, il apprend la surveillance à toute heure, des terroristes à débusquer dans des endroits isolés, surprenants, inattendus. Mais interrompre ainsi un cycle de vie (une vie sans sommeil) va quelque peu perturber notre bonhomme et déranger sa prise de recul.

Je dois dire que j'ai lu avec intérêt Pharmakon : je ne peux pas dire que j'y ai éprouvé un plaisir immense, mais un intérêt certain, cela oui , et pour plusieurs raisons :
1) On se doute que la situation va devenir explosive mais on ne sait pas quand.
2) On se rend compte qu'elle explose, mais on ne s'attendait pas complètement à cela (et là, je loue le travail assez intéressant sur les situations et les personnages secondaires de la part d'Olivier Bruneau... qui, lui, sait où il va, et il ne perd pas en chemin son objectif... contrairement à notre héros... mais revenons à nos moutons ... et on verra qu'ils ne servent pas ici à décompter le temps de l'insomnie... bon là, je m'égare).
3) La tension monte crescendo mais c'est supportable parce qu'Olivier Bruneau a l'art de jouer aux montagnes russes (ou afghanes ou autres), parce qu'il y décrit le quotidien d'une occupation et de la guerilla (celle de l'incertitude, celle du qui-vive) où le moindre grain de sable enraille une belle machine, où le manque affectif se fait sentir, où les humeurs joyeuses et les festins cachent de sombres desseins. 

Si j'ai été intéressée par l'intrigue, par le héros et ses acolytes imprévisibles, il m'a manqué la visualisation des scènes, il m'a manqué les descriptions des territoires, des lieux et c'est bien dommage surtout dans le désert qui se prête à l'évasion (dans tous les sens du terme). J'ai été happée par des dialogues percutants. Même la langue familière avec un français parlé doté d'erreurs syntaxiques ne m'a pas dérangée plus que cela, elle ne m'a en revanche pas charmée non plus.

Il n'empêche que Pharmakon s'achève par une pirouette spatio-temporelle déjà vue mais très maîtrisée, un clin d’œil du passé pour un avenir pas brillant... contrairement à l'auteur. Well done !

Éditions Le Tripode


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois