Tara Duncan, tome 9 : Contre la reine noire - Sophie Audouin-Mamikonian

Tara Duncan, tome 9 : Contre la reine noire - Sophie Audouin-MamikonianTara Duncan9, Sophie Audouin-Mamikonian

Contre la Reine Noire

 Editeur : XO

Nombre de pages : 465

Résumé : À la stupéfaction générale, Tara refuse catégoriquement de devenir impératrice d’Omois, alors que sa tante, Lisbeth, annonce qu’elle abdique en sa faveur. Et la stupeur devient terreur quand Tara s’incarne en… Reine Noire ! Démoniaque, prête à tout pour accéder au pouvoir, elle était tapie au fond de Tara depuis que celle-ci a utilisé la magie dans les Limbes, et attendait son heure… Tara est obligée de fuir AutreMonde, car on veut la mettre aux arrêts afin de bloquer la Reine Noire. Il lui faut aller sur Terre, arrêter Magister. Elle sait aussi que, tôt ou tard, elle devra affronter celle qui vit en elle …

- Un petit extrait -

« Une voix très calme, celle de Cal, s'éleva :

- Tara ?

- Oh, là, là !

- Ça t'ennuierait de rallumer le soleil ?

Il y eut un silence pesant.

- Ra... rallumer le soleil ?

- Oui, tu sais, le gros truc brillant qui donne chaleur et lumière, au-dessus de nous. Enfin, qui en donnait jusqu'au moment où tu l'as éteint. »

- Mon avis sur le livre -

 Je ne le redirais sans doute jamais assez : j’aime les longues (voire même les interminables) sagas. Plus il y a de tomes, plus je me régale … Mais il faut malgré tout reconnaitre qu’il y a quelques menus désagréments quand on se lance dans une longue (ou une interminable saga). Il y a, bien évidemment, le fait de devoir attendre la sortie de chaque tome, ce qui donne le sentiment que nous ne connaitrons jamais le fin mot de l’histoire. Il y a également le fait qu’il faille réserver une étagère de bibliothèque entière pour cette seule saga, ce qui est un véritable casse-tête quand on n’a pas beaucoup de place. Il y a aussi la question du budget : celui-ci n’est pas extensible, et il faut parfois choisir entre la suite d’une saga en cours ou bien une totale découverte. Mais il y a également un désagrément bien moins souvent évoqué, sans doute parce qu’il touche essentiellement ceux qui aiment relire ces longues (voire interminables) sagas (car la plupart trouvent que c’est déjà difficile d’en venir à bout, alors la simple idée de les relire leur donne des boutons) : le fait de mélanger les tomes. De ne plus savoir si telle scène super cool se situe au tome 2 ou au tome 10. De ne plus se souvenir si tel événement a lieu avant ou après tel autre. Alors bien sûr, il « suffit » de tout relire pour se remettre les idées en place … mais parfois, on a juste besoin de s’assurer qu’on ne l’a pas rêvé, ce fameux passage qui nous turlupine, et c’est un peu frustrant de devoir tout relire pour satisfaire ce besoin ! Mais bon, l’avantage, c’est que quand on le retrouve enfin … on le savoure encore plus !

Certainement pas. Non. Sans façon. Surtout pas. Hors de question. Tara est absolument catégorique : elle refuse catégoriquement de devenir Impératrice d’Omois à la place de sa tante, qui vient d’abdiquer en sa faveur. Et Lisbeth aura beau dire ou hurler tout ce qu’elle voudra, cela n’y changera absolument rien : tout au plus, elle accepte d’être … Impératrice-bis, même si ce n’est pas un titre très académique. Résignée, Lisbeth accepte donc de rester sur le trône jusqu’à ce que sa nièce estime avoir acquis à ses côtés les compétences nécessaires pour diriger le plus grand Empire humain d’AutreMonde. Mais Tara étant Tara, cette situation ne dure pas bien longtemps : une fois de plus piégée par son ennemi de toujours (qui n’a rien trouvé de mieux que de tomber follement amoureux de sa mère et qui est prêt à tout pour ramener cette dernière à la vie, y compris déclencher une seconde invasion fantôme), la jeune sortcelière se transforme au beau milieu d’un conseil des Ministres en terrifiante et démoniaque Reine Noire, assoiffée de sang et de pouvoir. Après une longue lutte intérieure, Tara parvient à reprendre le contrôle de son/leur corps, mais se voit contrainte de fuir sur Terre, sa tête une nouvelle fois mise à prix. Bien plus douce et innocente que son alter ego sanguinaire, Tara doit malgré tout se rendre à l’évidence : si elle veut vivre une vie normale (et même vivre tout court), elle doit affronter Magister et l’éliminer. Définitivement. Avant qu’il ne parvienne à ses fins. Mais Tara étant Tara, rien ne va se passer comme prévu …

A vrai dire, je ne sais pas vraiment quoi penser de cet opus : je l’ai dévoré, assurément, et il comporte un des arcs narratifs que je préfère dans toute la saga (et que je désespérais de retrouver, au bout de neuf tomes sans le voir arriver) … mais justement, je ne peux m’empêcher de penser que cet arc narratif prend beaucoup trop de place comparé à l’intrigue principale, qui stagne quelque peu, et qu’il manque quelque peu d’originalité, l’Impératrice Maléfique et la Reine Noire représentant pour ainsi dire le même archétype de menace. Je ne dis pas que ce tome ne pose aucun jalon pour la suite de l’histoire (au point qu’on doit faire plusieurs retours en arrière pour s’assurer qu’il y a bien un petit quelque chose à retenir pour la suite, car c’est vaguement évoqué dans une petite ligne perdue au milieu de tout le reste) … mais ces jalons sont soit beaucoup trop rapidement posés, soit au contraire beaucoup trop lourdement assenés (j’aime beaucoup Cal, vraiment beaucoup, mais là, quand même, celui qui ne comprend pas ce que Sophie essaye de mettre en place est vraiment un imbécile fini tant ça crève les yeux : aucune subtilité dans ce « revirement », et c’est un peu dommage car elle nous avait habitué à des indices bien plus discrets jusqu’à présent). Et du coup, l’ensemble ressemble plus à une énorme digression qui ne fait pas vraiment avancer l’Intrigue avec un grand I, comme si l’autrice avait un gros trou à combler pour nous offrir les douze tomes promis, et même si la dite digression est fort sympathique à lire … ça n’en reste pas moins un peu dérangeant.

Mais voilà, ce « petit détail » (qui occupe tout de même les trois bons quarts du livre) ne m’a clairement pas empêchée de beaucoup apprécier ce tome … qui m’a plus d’une fois fait rire aux éclats. La situation a beau être des plus dramatiques et visiblement sans issue, Sophie a vraiment réussi à y glisser des dizaines et des dizaines de passages cocasses à souhait. La plupart du temps, justement, lorsque la tension se fait un petit peu trop importante : rien de mieux qu’un bon petit fou rire pour soulager la pression et éviter que la cocotte-minute (ou le cœur du lecteur) n’explose. Entre l’ironie mordante du narrateur, l’humour non moins décapant des notes de bas de page, et certains dialogues qui ne dénoteraient pas dans les plus grandes pièces comiques, difficile de ne pas se laisser dérider ! Et c’est justement ce que j’aime le plus dans cette saga : elle donne le moral, elle met de bonne humeur. Elle nous aide à oublier l’espace de quelques centaines de pages tous nos soucis, nos inquiétudes, nos peurs, nos doutes : on rigole un bon coup, et on se sent soudainement un peu plus léger. Et donc plus forts pour retourner affronter la vie et toutes ses misères. Alors oui, je ne peux pas nier que c’est parfois un peu gros, que Tara et ses compagnons s’en sortent par moment un peu trop facilement et rapidement, qu’il y a toujours un heureux hasard ou une nouvelle découverte pour leur donner un coup de pouce … mais j’ai envie de dire : et alors ? C’est le cas dans beaucoup de romans de fantasy, voire même de science-fiction, et on n’en fait pas tout un plat à chaque fois ! Ce qui est différent ici, c’est que Sophie l’assume pleinement, et s’en amuse même dans la narration …

En bref, vous l’aurez bien compris, même si je dois reconnaitre que l’arc narratif de ce tome est loin d’être essentielle pour l’intrigue générale de la saga, j’ai tout de même passé un excellent moment de lecture aux côtés de Tara et tous ses amis ! Même si c’est parfois un peu lourdaud car rabâché plusieurs fois sans la moindre subtilité, j’ai apprécié les nombreux revirements dans les relations entre les personnages : ils grandissent, indéniablement, et je trouve ça bien qu’ils ne restent pas focalisés sur leurs premiers amours (parce que non, le prince charmant n’existe pas, même sur AutreMonde, et les âmes sœurs non plus). Et même si certaines situations sont un tantinet surréalistes, ce sont elles qui donnent tout le piment à cette saga : Sophie n’écrit pas pour un public sérieux, mais indiscutablement pour un public qui a envie de passer du bon temps. Et elle y arrive parfaitement bien : c’est typiquement le genre de récit sans prise de tête, un tantinet déjanté sur les bords, qui se termine toujours bien (même s’il y a certains passages particulièrement tragiques, déchirants, terribles), et je reste intimement convaincue qu’on a parfois tous besoin de ce genre de lecture. Même et surtout quand on estime qu’on « vaut mieux que ça », qu’on doit absolument toujours lire « de la littérature de grande qualité », parce qu’on a tous besoin de se souvenir que la lecture … c’est avant tout un plaisir, et que rigoler un bon coup face à une situation rationnellement improbable, ça fait du bien !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois