Un long, si long après-midi de Inga Vesper

Par Isa S.



Éditeur : Éditions de la Martinière
Parution : 04/03/2022
Nombre de pages : 410Traduction : Thomas Leclere
Genre : littérature anglaise

L'auteure : 



Inga Vesper vit en Ecosse. Elle a longtemps travaillé comme aide-soignante, avant de se tourner vers le journalisme-reportage (en Syrie et en Tanzanie notamment). Un long, si long après-midi est son premier roman.
Quatrième de couverture : 
« Hier, j’ai embrassé mon mari pour la dernière fois. Il ne le sait pas, bien sûr. Pas encore. »
Dans sa cuisine baignée de soleil californien, Joyce rêve à sa fenêtre. Elle est blanche, elle est riche. Son horizon de femme au foyer, pourtant, s’arrête aux haies bien taillées de son jardin. Ruby, elle, travaille comme femme de ménage chez Joyce et rêve de changer de vie. Mais en 1959, la société américaine n’a rien à offrir à une jeune fille noire et pauvre. Quand Joyce disparaît, le vernis des faux-semblants du rêve américain se craquelle. La lutte pour l’égalité des femmes et des afro-américains n’en est qu’à ses débuts, mais ces deux héroïnes bouleversantes font déjà entendre leur cri. Celui d’un espoir brûlant de liberté.
Mon avis :
« - C'est toujours une histoire d'hommes. Ils guident leur existence, et elles n'en tirent aucune leçon. Elles se relèvent, remettent du rouge à lèvres et courent après le suivant. »
En cet été caniculaire de 1959, le paisible quartier résidentiel de Sunnylake va se réveiller d'une trop longue léthargie. Quand Ruby, la jeune bonne afro-américaine passe la porte de la jolie maison de banlieue de son employeuse, elle trouve la toujours rutilante cuisine maculée de sang et les deux jeunes enfants en pleurs, livrés à eux-mêmes. Mais où est donc passée la riche et tirée à quatre épingles Joyce ? Injustement soupçonnée et emprisonnée par la police, l'employée de maison est finalement relâchée par l'inspecteur chargé de l'enquête. Fraîchement débarqué de New York et mésestimé par sa hiérarchie en raison d'une faute professionnelle qu'il traîne comme un boulet, ce dernier est sommé de faire ses preuves en résolvant cette drôle d'affaire au plus vite. Aidé dans sa tâche par Ruby, qui en sait bien plus qu'il n'y paraît, l'inspecteur Blanke va découvrir en Sunnylakes un monde factice, mêlé de noirceur, d'hypocrisie et de contradictions, aux antipodes du tableau lisse et idyllique présenté en surface. Plus les apparences vont se lézarder et plus terrible sera l'implacable et cruelle vérité que va débroussailler et mettre à jour l'improbable duo d'enquêteurs…

Ode à la liberté et plaidoyer pour un monde plus juste, ce polar à consonance féministe est diablement efficace dans son genre. Avec en arrière plan la condition des femmes, des minorités ethniques et des pauvres dans l'Amérique des sixties en pleine guerre froide, l'auteure brosse un cinglant portrait de l'époque.On plonge dans les entrailles de cette féroce histoire avec un plaisir coupable. Les personnages principaux sont attachants et la narration rythmée par de nombreux rebondissements. J'ai avalé ces pages sans discontinuer, happée par la trame dynamique de cette histoire, malgré quelques invraisemblances qui n'ont pas ternies l'ensemble du récit. Si vous aimez les romans polyphoniques gorgés de suspense et l'atmosphère vintage et grinçante de la série Mad Men, vous devriez passer un excellent moment de lecture !


Merci aux éditions de la Martinière et à Babelio