Avant que les ombres s’effacent de Louis-Philippe Dalembert

Avant que les ombres s’effacent de Louis-Philippe Dalembert

Avant que les ombres s’effacent, Louis-Philippe Dalembert, Sabine Wespieser éditeur, 2017, lu en poche, 278 pages.

Savez-vous que Haïti a accueilli sur son sol les Juifs qui le souhaitaient, en 1939, en leur octroyant la naturalisation immédiate ?

Et bien, j’ignore probablement encore de grands pans de l’Histoire, mais, grâce à Louis-Philippe Dalembert j’ai découvert l’existence de ce décret-loi en lisant ce roman… Et donc, je me sens bien moins bête en fermant le livre. Et ne serait-ce que pour cette raison, j’ai apprécié ma lecture.

Mais ce n’est pas la seule raison, heureusement…

Ruben Schwarzberg est né en Pologne, a émigré à Berlin avec sa famille, puis après un passage à Buchenwald, a vécu un peu à Paris pour finalement émigrer à Haïti. Quel parcours ! Et c’est celui-ci que nous narre l’auteur ou plutôt le médecin que Ruben est devenu, il est à la fin de sa longue vie semée d’embûches…

Ce roman est une magnifique fresque familiale, elle fourmille de personnages tous plus frétillants les uns que les autres, Johnny qui se fait passer pour un médecin à Buchenwald et dont la rencontre va être déterminante pour Ruben, madame Faubert (que je lisais sans cesse Flaubert) sa protectrice quand il sera à Paris et bien d’autres encore dont un poète haïtien…

Un sujet plombant me dites-vous ? Pas du tout. Tout le talent de Dalembert a été de nous relater cette vie incroyable avec une joyeuse liberté de ton, une gaieté dans les mots, une musique enjouée qui anime des phrases séduisantes. Certains passages sont même cocasses, comme lorsqu’il est arrêté par des policiers français et envoyé au camp d’Argenteuil.

On découvre un peuple généreux, cosmopolite.

« Ici, tout le monde vient d’ailleurs. Les racines des uns se sont emmêlées à celles des autres pour devenir un seul et même tronc. Aux multiples ramifications certes, mais un tronc unique. A vouloir les dénouer, on risque le dessèchement du tronc entier. »

Un bémol néanmoins, j’ai ressenti une petite lassitude aux trois quarts du livre… trop de dérision, pas assez de noirceur peut-être… ou trop de distance avec les personnages, je ne saurais le dire vraiment. Un roman fort plaisant mais pas un coup de cœur comme avec Mur Méditerranée.

Ce roman me permet de participer à une lecture commune avec Ingannmic et … dans le cadre du mois Latino-américain.

Avant que les ombres s’effacent de Louis-Philippe Dalembert

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