Témoin muet • Agatha Christie

Par Bénédicte

Éditions Le livre de poche, 2021 (283 pages)

Ma note : 17/20

Quatrième de couverture ...

Charles ? Un mauvais sujet. Thérèse ? Trop maquillée pour être honnête. Bella ? Une idiote. Bref, ni le neveu ni les nièces de miss Arundell ne trouvent grâce à ses yeux. Dommage ! Ils auraient tellement besoin de son soutien... financier, s'entend. Peut-être pourrait-on l'aider à quitter ce monde ?

La première phrase

" Miss Arundell mourut le 1er mai. Si sa maladie fut brève, son décès n'étonna guère à Market Basing, petite bourgade provinciale où elle vivait depuis l'âge de seize ans. "

Mon avis ...

Avec La maison du péril et Cinq petits cochons, Témoin muet (1937) fait désormais partie de mes Poirot préférés. La Reine du crime signe ici une enquête originale en donnant la parole à Bob, un fox-terrier. Accusé d'avoir laissé traîner sa balle, le voici soupçonné d'avoir causé la vilaine chute dans l'escalier de sa maîtresse, miss Emily Arundell. Mais la propriétaire de Littlegreen House en est sûre : il s'agissait ni plus ni moins d'une tentative de meurtre ! La vieille dame entreprend alors d'écrire à notre cher Hercule Poirot pour que l'on vole à son secours.

Miss Arundell souhaite léguer toute sa fortune à sa dame de compagnie, laissant sur le carreau ses neveux et nièces. Ces derniers lui en veulent terriblement, d'autant qu'ils comptaient tous sur un coup de pouce financier de la part de leur chère tante Emily (qu'ils ne pouvaient d'ailleurs pas encadrer).

J'ai à nouveau adoré ce roman de Dame Agatha. Nous retrouvons un Hercule Poirot en grande forme. Il ment (au grand ahurissement du capitaine Hastings), écoute aux portes pour finalement réussir à percer à jour cette sombre affaire de famille.

Car la famille est une nouvelle fois au premier plan. Charles, Theresa ou encore Bella forment des suspects parfaits : ils en voulaient tous à l'argent de leur tante. Les fiancés ou conjoints de ces derniers ne sont pas en reste. Quant à miss Lawson, la demoiselle de compagnie d'Emily, n'a-t-elle pas remporté le pactole en héritant de l'argent et de la maison familiale ? Oui, tous auraient pu faire le coup.

Pour la première fois, Hercule Poirot entre en scène au moment où un meurtre a déjà été commis (Agatha Christie reprendra l'idée quelques années plus tard, en 1942, avec Cinq petits cochons). Poirot se doit alors de regrouper tous les suspects, pour les interroger un à un et enquêter sur le lien que chacun entretenait avec la défunte.

Comme à son habitude, la romancière nous perd dans un jeu de fausses pistes, où l'incident de la balle du chien n'est qu'une première étape. J'ai beaucoup aimé mener l'enquête, et je me répète mais mes romans préférés sont quasiment toujours ceux où Hastings participe à l'intrigue. Le capitaine Hastings est un personnage que j'aime beaucoup, et j'ai ici adoré certains passages où Agatha Christie s'amuse à mettre en scène les différences de nos deux amis.

J'ai hâte de poursuivre mon tour d'horizon des enquêtes d'Hercule Poirot. Il me reste encore une vingtaine de romans à découvrir. J'appréhende déjà d'ouvrir le tout dernier, mais en attendant je me régale toujours autant.

Extraits ...

" - Voilà une vieille demoiselle très intelligente, remarqua Poirot.
- Même si elle n'a pas admiré votre moustache ?
- L'intelligence est une chose, répliqua Poirot froidement. Le bon goût en est une autre. "

" Eh bien ? dit Poirot. Vous êtes content ? Vous avez là, n'est-ce pas, une superbe broche avec vos initiales ?
- Un bijou des plus magnifiques, en effet.
- Bien sûr, elle ne brille pas, pas plus qu'elle ne reflète la lumière, mais vous admettrez tout de même qu'on peut la voir correctement d'assez loin ?
- Je n'en ai jamais douté.
- En effet. Le doute n'est pas votre point fort. Ce qui vous caractérise, c'est plutôt la foi du charbonnier. À présent, Hastings, soyez assez gentil pour ôter votre veste. "