Le roman de la momie • Théophile Gautier

Par Bénédicte

Éditions L'école des loisirs, 1986 (123 pages)

Ma note : 13/20

Quatrième de couverture ...

Avec Le roman de la momie Théophile Gautier a inventé le roman archéologique - et surtout une forme de récit où la précision de la description compte davantage que l'anecdote. Les amours de Tahoser, Égyptienne de l'époque de Moïse, ne sont en effet qu'un prétexte à reconstitution à partir des documents de l'archéologie égyptienne. L'auteur porte visiblement moins d'intérêt à ses personnages et à leur passion qu'au décor - et le décor, inspiré des peintures égyptiennes, il le décrit avec la précision de qui cherche un effet de l'art, et non du romanesque. Par là, Théophile Gautier apparaît l'inspirateur d'un formalisme, dont le chef d'œuvre allait être, quatre ans plus tard, en 1862, la Salammbô de Gustave Flaubert.

La première phrase

" J'ai un pressentiment que nous trouverons dans la vallée de Biban-el-Molouk une tombe inviolée, disait à un jeune Anglais de haute mine un personnage beaucoup plus humble, en essuyant d'un gros mouchoir à carreaux bleus son front chauve, où perlaient des gouttes de sueur. "

Mon avis ...

J'ai commencé à lire Théophile Gautier à l'adolescence. De cet auteur, je garde en tête mon coup de cœur pour la nouvelle La cafetière ou encore les folles aventures du capitaine Fracasse (que je compte bien redécouvrir très vite). J'ai lu Le roman de la momie adolescente, et là... mystère, impossible de me rappeler de quoi que ce soit. Il aura fallu attendre la trentaine pour que je me replonge dans ce roman qui appartient au courant romantique, dans sa thématique comme dans sa forme. Cette édition est une version abrégée, mais je suis ravie de l'avoir dénichée cet été dans une brocante.

Je vous avoue avoir eu du mal à entrer dans le sujet. Si l'ambiance Égypte antique est envoûtante à souhait (j'étais ici une proie facile), je me suis un peu perdue dans la partie plus contemporaine, celle où Lord Evandale accompagné de Ruphius, égyptologue, découvrent la momie de la belle Tahoser. Trop de descriptions, trop de longueurs. Je ne souhaitais qu'une chose : en savoir plus sur Tahoser.

C'est heureusement ce qui est développé dans les deux derniers tiers du roman. Et là, tout gagne en intensité. Impossible de lâcher cette histoire. Je voulais absolument savoir ce qu'il adviendrait de notre héroïne, amoureuse déçue mais bien décidée à ne pas baisser les bras pour conquérir l'élu de son cœur, un certain Poëri.

Car le lecteur se trouve confronté à une histoire d'amour. Courant romantique oblige, la thématique du triangle amoureux est ici exploitée. Tahoser, fille d'un grand prêtre d'Égypte, n'a que seize ans lorsqu'elle tombe amoureuse d'un homme plus âgé qu'elle : Poëri. Or Poëri est promis à une autre (Ra'hel). Et Pharaon, qui a repéré la beauté de notre héroïne, la fait chercher dans toute l'Egypte.

J'ai réellement accroché à cette histoire. L'Orient est ici fantasmé, mais laisse transparaître une certaine magie. Quant à nos personnages, leurs sentiments se répondent et tiennent une grande place dans le livre.

Après un démarrage mitigé et une suite passionnante, là encore grosse déception. Je suis passée totalement à côté de ce final où Théophile Gautier puise de nombreuses références dans la Bible : les dix plaies d'Égypte ; la fuite des Hébreux ou encore le passage de la mer Rouge. J'ai été très surprise tant je ne m'attendais pas à ce que le roman prenne une telle direction.

Je n'ai donc pas été totalement emballée. De Théophile Gautier, si vous aimez retrouver la thématique de l'Égypte, je vous conseille la nouvelle Le pied de momie dont je garde un bon souvenir. J'aurai peut-être plus de chance lorsque je relirai Le capitaine Fracasse.

Extraits ...

" - Et si j'en aimais un autre ?"
Pharaon mordit violemment sa lèvre inférieure ; puis il se calma et dit d'une voix lente et profonde :
"Quand tu auras vécu dans ce palais, au milieu de ce splendeurs, entourée de l'atmosphère de mon amour, tu oublieras tout. Ta vie passée semblera un rêve ; la femme aimée d'un roi ne se souvient plus des hommes. Va, viens, accoutume-toi, commande, fais, défais ; je te donne l'Égypte. Si le monde ne te suffit pas, je conquerrai des planètes, je détrônerai les dieux. Tu es celle que j'aime. Tahoser, la fille de Pétamounoph, n'existe plus." "