Des profondeurs je crie vers toi (Sébastien Jullian )

Par Gabrielleviszs @ShadowOfAngels

Auteur : Sébastien Jullian

Éditions : Evidence Editions

Paru le : 17 septembre 2021

344 pages

Thème : Thriller

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon


Ma note : 18/20 

 Résumé 

  « Andy, un jeune garçon de dix ans, tente de tracer son chemin aux côtés de sa mère Sarah, et Mouchy, voisine complice qui veille sagement sur eux. Un beau tableau de famille, s’il n’y avait la présence de Fred, un beau-père alcoolique, drogué et narcissique, qui leur fait vivre un enfer. Un matin d’hiver, un drame se produit et Andy plonge dans un coma indécis.
C’est là que tout débute…
Y a-t-il un lien avec les affaires de Patrice et Esther, deux enfants qui ont vécu des expériences similaires il y a presque cinquante ans ? Qui est ce mystérieux voisin qui emménage dans une propriété énigmatique peu après cet accident ?
Si Dieu peut entendre nos prières, le Diable peut-il y répondre ?
»

 Ma chronique 

Je remercie Jennifer, ainsi que la maison d'éditions Evidence pour cette lecture.

  En 2010, Sarah fait ses courses avec son fils Andy dans un supermarché. Elle cherche quelqu'un qui pourrait sortir avec elle tout en se demandant qui pourrait bien faire l'affaire. Un peu de tendresse et d'amour, ce n'est pas trop demandé, si ? 9 ans plus tard, elle et son fils vivent un calvaire psychologique pour le dernier, et violent en plus pour la première. Fred qui montrait un bel homme est devenu un déchet humain, ne pouvant plus travailler. Alcoolique, drogué, il pense que la femme doit tout faire et rapporter de l'argent dans le foyer, vu qu'il ne peut plus rien faire. Le gamin, le sale gosse, la petite merde comme il aime l'appeler, n'est qu'un truc qui le gêne, mais grâce à lui il tient la mère dans sa maison. Un homme qui n'en porte que le nom, avilissant et détestant qu'on vienne fouiner dans sa vie. La voisine Mouchy est telle une grand-mère pour le petit Andy et voit ce qui se passe chez eux sans pouvoir intervenir. Elle voudrait, mais c'est compliqué et ferme souvent les yeux.     Des profondeurs, je crie vers toi, Seigneur ? C'est un appel au secours d'un petit garçon de dix ans qui a besoin qu'on l'aide, qu'on sorte sa maman de cet enfer et qu'elle l'emmène loin de là. Un combat qui semble perdu d'avance, lorsque l'on comprend que Fred a le bras long et qu'il est capable de tout, vraiment de tout pour rester en liberté. C'est plus qu'un cri, une prière pour celui qui veut croire en quelque chose de plus grand. Dieu ne répond pas, le Diable non plus et puis au final, il y a ce récit qui nous fait prendre conscience qu'il y a bien quelque chose. Cette touche de fantastique qui n'est peut-être qu'une illusion et qui ne fait ressortir que ce que l'Homme doit faire ressortir en ces moments pareils. Un récit qui fait froid dans le dos, des passages où les poils se hérissent tous seuls, lorsque les consciences se posent des questions. Être malsain ? Est-ce qu'il n'y aurait pas plutôt un moyen de trouver une solution sans cette peur qui prend aux tripes ?     C'est percutant de vérité, une histoire qui pourrait arriver si facilement, ce besoin de trouver quelqu'un pour les protéger et au final se retrouver en enfer sur Terre. L'Homme est manipulateur et manipulable. Du départ nous savons que cela sera triste et qu'il va falloir tenir le coup jusqu'au dénouement que nulle ne peut imaginer. Manipuler les gens, les mettre en porte-à-faux afin d'avoir un pouvoir sur eux, c'est la vie de Fred qui présente bien quand il le souhaite, mais c'est un autre personnage qui montre son vrai visage. Des parents qui le laissaient faire ce qu'il voulait, torture sur animaux, masturbation devant des fenêtres, beuveries, soirées arrosées de filles, je passe les nombreux détails qui allongent la liste des gens qui désirent le voir mort. La mauvaise entente avec la voisine Mouchy, le décès brutal des parents, Fred va devoir devenir un homme et arrêter toute sa jeunesse. Mais ça, c'est l'histoire que nous conte l'auteur. Andy nous dévoile certains passages par le biais de son journal intime, avec ses mots, des mots glaçants de justesse et bien trop adulte pour lui. Dix ans et déjà l'instinct protecteur envers sa mère, mais cela ne va pas se passer comme nous aimerions. Et Andy va devoir affronter sa propre vie, tout comme sa maman, Sarah.     Les événements se suivent et mettent en péril Fred de plus en plus. Entre ce nouveau voisin Gruber et la disparition de la voisine, les faits précédents, les recherches, notre personnage détesté se trouve en mauvaise posture et nous aimons cela ! Quand enfin il doit faire attention à tout, diminuer voire arrêter la drogue, le corps est en manque. Et un corps en manque, donne un esprit qui n'est pas plus sain, bien au contraire. Les pensées divaguent, les yeux ne voient plus comme il faudrait, les oreilles bourdonnent de mots qui n'existent pas. Fred est devenu ce qu'il aurait dû être, un véritable déchet humain qui ne mérite pas qu'on s'attarde sur lui. Le type même de l'Homme qui se croit fort, beau, grand et qui au final ne sera rien de plus qu'un morceau de viande avariée. Sarah et Andy ne sont pas les seuls à prendre cher, mais le Karma, la roue, peu importe, cela tourne un jour ou l'autre et à ce moment là, il faut avouer que c'est jouissif de le voir s'éteindre par peur. Ce même sentiment qu'il a provoqué chez tant de son entourage.     Ce fameux entourage qui ne cesse de se dire qu'il faut faire quelque chose, qu'il faut les sauver. Vous savez, ces petites voix que l'on a lorsque l'on voit quelque chose qui nous déplait et que nous y allons ? Là les secondaires résistent, par peur de mal faire, de ne pas savoir faire, parce que c'est mal de vouloir la mort d'un être vivant même s'il est comme il est ? C'est déstabilisant de comprendre que de nombreux personnages sont au courant et ne font rien. Ce n'est pas parce que Fred a des relations qu'il faut la fermer et c'est rageant, mais compréhensif. Et puis, nous avons plusieurs flashbacks, en 1972 et en 1960 où nous faisons la connaissance d'une petite Esther qui a vécu un drame horrible, mais a su s'en sortir... Enfin façon de parler, tout comme le petit Patrice, rescapé d'une sauvagerie sans nom. Ces deux êtres qui ont survécu à des choses inimaginables et dont nous nous demandons ce qu'ils font là, jusqu'à ce que nous comprenions ce pourquoi. Cette petite part de fantastique, mystique même ? nous laisse avec un questionnement. Dieu ou le Diable ? La raison ou la folie ? Chacun voit comme il le désire, chacun décide de ce qu'il veut comme réponses. Toujours est-il qu'il y a quelque chose à l’œuvre et cela risque de chambouler tout sur son passage.     En conclusion, c'est un récit qui fait froid dans le dos, montrant également que le Mal peut être détruit, pas sans dégâts, pas sans avoir été jusqu'au bout des choses, mais il peut y avoir un barrage à faire. Le mental, l'esprit, ou un phénomène autre va diriger ce doigt de la vengeance. Les diverses manipulations sont vraiment bien mises en évidence et le fait d'avoir pour témoin un petit garçon de 10 ans par moment donne envie d'entrer dans l'histoire. Le diction  l'Homme est un loup pour l'Homme est parfaitement adapté à cette lecture. Et il ne devrait pas oublier qu'un jour ou l'autre, le retour de bâton ou de crocs se fera coute que coute. J'allais oublier, certaines références bibliques, envers des créatures par exemplaire, sont subtilement mis dans le texte. J'ai vraiment passé un très bon moment de lecture !
   

 Extrait choisi :  

« Qui est réellement cet homme ?
Peu importe, il faut les tuer ! Ne leur laisser aucune chance. À bout portant dans la poitrine, pour laisser le moins de traces possible. Puis aller chercher la voiture, les enrouler dans la bâche, nettoyer les lieux, la voiture, les emmener au carrefour des Lilas et les laisser croupir au fond d’un trou pour l’éternité.
Ils sont portés disparus, l’idée de ne jamais les retrouver a déjà traversé l’esprit des autorités et des villageois. Hier matin, personne ne m’a vu partir en voiture, Christine a confirmé que j’étais bien à la ferme. Personne ne me soupçonnera. Devouge sait ce qui est arrivé par le passé, mais ne dira rien.
»