L'effet papillon (Emma Scott)

L'effet papillon (Emma Scott)

Auteur : Emma Scott

Éditions : Juno Publishing

Paru le : 28 octobre 2021

444 pages

Thème : Romance contemporaine

disponible sur le site de l'éditeur

et sur Amazon


Ma note : 17/20 

 Résumé 

  « À l’âge de quatorze ans, Zelda Rossi a été témoin de l’impensable, et a passé les dix dernières années à endurcir son cœur contre la culpabilité et le chagrin. Elle canalise sa douleur dans son art : un roman graphique dystopique où des justiciers voyagent dans le temps pour arrêter des crimes odieux – comme des enlèvements d’enfants – avant qu’ils ne se produisent. Zelda présente son roman à plusieurs grands éditeurs de bandes dessinées de New York, mais ses espoirs sont réduits à néant. Les circonstances la laissent perdue dans une ville qui lui est inconnue et, lors d’un embarrassant moment de faiblesse, elle rencontre un jeune homme réservé avec un passé qu’il ferait tout pour changer…

Beckett Copeland a passé deux ans en prison pour vol à main armée, et se bat aujourd’hui pour garder la tête hors de l’eau. Messager à vélo, il se déplace à toute vitesse dans New York, roulant toute la journée sans jamais s’arrêter nulle part, son casier judiciaire le retenant presque autant que la culpabilité de son crime.

Zelda et Beckett forment alors une alliance de survie à contrecœur et, entre leurs affrontements obstinés, ils commencent lentement à ressentir la chaleur qu’apporte le pardon, la guérison et peut-être même l’amour. Mais lorsque Zelda et Beckett se retrouvent face à leur passé, ils doivent choisir soit de s’accrocher à la culpabilité et aux regrets qui les lient, ou de lâcher prise et ouvrir leur cœur pour avoir une chance d’être heureux.

L’effet papillon est un roman qui révèle le pouvoir du pardon, et comment même les plus petites décisions du cœur peuvent, comme le battement d’ailes d’un papillon, avoir des effets qui se transforment en coups de vent, modifiant à jamais le cours d’une vie. »

 Ma chronique 

Je remercie la maison d'éditions Juno Publishing ainsi que Maïwenn pour cette lecture.

  Au vu du résumé, je ne vais pas trop m'attarder sur le récit, dans le sens où ce résumé donne déjà beaucoup, beaucoup de détails sur leurs propres vies. Zelda et Beckett n'ont pas eu une vie idéale, leur passé respectif est terrible, aussi bien dans la peur que dans les choix qu'ils ont pu faire. Les remords, les regrets, tous deux ne savent pas comment évacuer leur besoin de se pardonner à eux-même ce qu'ils ont fait ou n'ont pas fait. Car c'est là que le vrai problème persiste : ils n'arrivent pas à avancer, à trouver leur chemin de la rédemption pour vivre et non plus survivre comme ils le font. Zelda est torturée par la vision qu'elle a eu il y a des années et savoir qu'elle n'a pas réussi à bouger pour tenter le tout pour le tout la ronge de l'intérieur. Ses visions ne la quittent plus et aller chez ses parents qui le lui en veuillent pas est encore pire que tout. Elle voudrait qu'ils la dénigrent, qu'ils la laissent dans son coin, qu'elle pourrisse de l'intérieur pour ne plus exister, mais ce n'est pas ainsi que cela fonctionne.     Quant à Beckett, c'est une histoire d'un homme qui a fait le mauvais choix et qui le laisse dans une douleur imprononçable. Il sait qu'il a fait le mauvais choix, être présent là, au mauvais moment, au mauvais endroit lui tord les tripes. Il ne s'autorise pas la moindre miette de bonheur, travaille deux fois plus fort pour deux fois rien et ne cesse d'écrire. Il ne demande pas qu'on lui pardonne, il aimerait pouvoir se le donner, mais c'est impossible. Il survit, parce que Roy son agent de probation qui s'occupe bien de lui et dans le bon sens. 10 heures par jour sur son vélo à amener des courriers, du travail en tant que serveur dans un restaurant italien, Beckett ne regarde pas ses heures, il s'abrutit dans ses heures pour ne pas oublier, ça non, il ne peut pas, mais pour atténuer ses pensées au moment de dormir. L'auteur nous propose deux personnages meurtris qui vont se rencontrer alors que l'un comme l'autre aurait bien besoin d'aide.     Zelda doit modifier ses planches graphique, mais n'a pas de logement autre que l'auberge de jeunesse où on lui a volé une partie de ses affaires. Beckett ne sait pas comment il va faire pour pouvoir payer la totalité de son loyer. Il suffit d'une discussion dans un restaurant, d'un retour dans la nuit pour que Zelda comprenne que Beckett est plus qu'un serveur ; il est capable de donner ce qu'il a sans chercher à savoir s'il va pouvoir manger à sa faim. D'ailleurs je me suis demandée ce qu'il mangeait et surtout s'il avait le temps avant que Zelda ne débarque dans son 35m2. Je me suis attachée à eux deux et ne peux que comprendre ce qu'ils vivent. Nous avons tous une croix plus ou moins lourde à porter chaque jour et ce qu'ils vivent est à la fois fort et destructeur. Grâce aux planches de la demoiselle, ils vont se dévoiler petit à petit l'un à l'autre. Les secrets se montrent en plein jour, la noirceur devient un peu plus grise. Il faut du temps pour accepter l'aide d'un autre, surtout lorsque l'on a vécu longtemps seul. Cet échange va inexorablement les rapprocher, en douceur, avec cette envie d'aider l'autre à sa façon.     J'ai beaucoup aimé le fait que la romance, même si elle est présente ne prenne pas toute la place. Les émotions des protagonistes sont mis en avant, leurs failles, faiblesses, mais aussi leurs forces, parce qu'ils en ont. Ils ne le savent pas, mais ils se complètent. Ils apprennent à se connaître, à accepter de faire confiance, de se reposer sur l'autre. Leur entourage n'est pas en reste, avec Darlene qui est la meilleure amie de Beckett et qui a également son passé qui la tiraille, ou la famille de Zelda qui montre toute l'ampleur qu'un drame peut rendre fou ? Cette famille est soudée malgré tout, malgré les années. Un soutien infaillible qui fait mal à Zelda parce qu'elle ne s'en sent pas digne. Les personnages secondaires ont leur place dans ce récit avec de l'humour, de la folie, des attentions. Les thèmes sont douloureux, difficiles, pourtant on sent une certaine tendresse dans l'écriture qui adoucit les tensions et arrondit les angles.     C'est une histoire qui n'est pas simple, entre le fait de ne pas réussir à se pardonner, oublier de vivre, ne pas vouloir de bonheur, chercher un sens à ces planches pour soi et les autres... Les relations sont belles, émotives, nous donnant envie de les protéger, tous autant qu'ils sont. "Mother May I? est un symbole pour Zelda et ce qu'elle a vécu. Cette rage en elle de ne pas avoir su faire le pas à temps, elle va le transposer dans des personnages qui vont faire ce qu'elle n'a pas pu. Les doutes, le désespoir, tout cela va se retrouver balayé en plusieurs semaines, afin d'entrevoir un ciel plus bleu. La fin est un peu... comment dire, trop film de noël, trop parfait avec ce cadeau qui tombe dans les mains de Beckett, même si cela se voyait au vu de l'attachement qui était bien en place.     En conclusion, c'est une belle histoire (oui c'est moi qui dis cela) qui comporte des thèmes forts dont je n'ai cessé de parlé tout le long de ma chronique. Savoir se pardonner n'est pas simple, il faut réussir à passer au-dessus de nombreux événements qui chamboulent les vies, laissant des traces indélébiles. Des émotions fortes, des liens qui se font et qui se resserrent. J'ai passé un très bon moment de lecture avec ces personnages et cet effet papillon !  

 Extrait choisi :  

« Je sentis que nous sombrions tous les deux, comme si nous avions réussi à chasser les fantômes qui nous hantaient et que nous pouvions nous reposer maintenant. Une dernière idée traversa mon esprit.

— Zelda ? Pourquoi as-tu appelé cette agence le Projet Papillon ?

— C’est la théorie du chaos. Le battement d’ailes d’un papillon en Malaisie provoque un ouragan en Floride. J’adore cette idée. Même un tout petit événement peut avoir de grands effets. Les agents qui travaillent pour le Projet Papillon veulent faire disparaître les drames qui répandent la douleur en espérant que ça induira de meilleures choses. De la bienveillance, de la gentillesse, du bonheur. Enfin, tu vois, termina-t-elle.

— J’aime bien cette idée. Beaucoup, même.

— Moi aussi. Bonne nuit, Beckett.

— Bonne nuit, Zelda. J’attendis qu’elle sombre dans le sommeil. Je distinguais sa silhouette dans la pénombre, j’écoutais son souffle régulier. Quand elle fut profondément endormie, je me laissai aller moi aussi. »

L'effet papillon (Emma Scott)


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois