Le Dieu vampire (Jean-Christophe Chaumette)

 

Le Dieu vampire (Jean-Christophe Chaumette)

Auteur : Jean-Christophe Chaumette

Éditions : Evidence

Paru le : 02 septembre 2020

402 pages

Thème : Fantastique

disponible sur le site de l'éditeur

et sur amazon

Ma note : 16/20 

 Résumé 

« Noël 1476 : l’armée de Vlad III est écrasée par les Ottomans, et le voïvode de Valachie, surnommé « l’empaleur » ou « Draculea », trouve la mort dans la bataille. De nos jours : des archéologues exhument la tombe de Gengis Khan et découvrent un mystérieux ovoïde. Ces deux événements revêtent une importance capitale pour les membres de l’ordre du Dragon. Ce qu’ils ont failli perdre au XVe siècle, ce qui vient d’être retrouvé en Mongolie, représente pour eux puissance, longévité et extase. L’espoir de restaurer leur splendeur passée déchaîne leur fureur. Sophie Hoang, une des scientifiques qui ont ouvert le mausolée de l’empereur mongol, devra affronter ceux que les légendes, depuis les débuts de l’humanité, ont appelés vampires. »  

 Ma chronique 

 

Et un autre livre de ma HAL, un ! Je suis heureuse de taper dans mes livres par moment et il faut dire que j'en ai beaucoup qui m'attendent. Le Dieu Vampire est un récit de Jean-Christophe Chaumette, un auteur que je lis depuis quelque temps et j'aime beaucoup à la fois son style et son imagination. Ici, il s'agit d'un fantastique, certes, mais pas de vampire comme il est fait question dans des histoires de ce type. Le vampire qui s'abreuve à la gorge de ses proies n'existent pas en ces termes, pourtant, l'auteur nous embarque dans un récit ancien qui vient à nous sous ce terme : un être qui a besoin de s'abreuver de la souffrance et de la douleur des autres, de se repaître de son sang pour se sentir mieux. C'est un vampire qui n'a peur de rien, car il nous côtoie chaque jour et chaque heure de notre vie : l'être humain. Cela pourrait s'apparenter à une secte sanguinaire, mais c'est bien plus que cela. Il suffit d'ouvrir son esprit pour comprendre et suivre les pas de Sophie Hoang pour en avoir plus qu'un aperçu.

  Vlad Tepes, celui par qui tout est venu, ou presque, car il n'est qu'une infime partie de l'histoire, est un homme qui était considéré comme un monstre, un être cruel assoiffé de sang. D'où son vampirisme mis en place et le fait qu'il a permis de créer les vampires de l'imaginaire. Cet être avait en lui un pouvoir, celui de n'avoir aucune humanité et de faire souffrir ceux qui se mettent en travers de son passage. Une histoire que l'on ne raconte pas aux petits enfants le soir avant de les mettre à se coucher. Quelque chose à disparu en même temps que la vie de ce Vlad et ce quelque chose a dormi durant de très longues années. Bien des siècles après, Gaspard 5 fait la rencontre avec un objet qui va changer sa vie en l'arrêtant rapidement. La caméra sur son dos montre à Sophie et les autres compagnons de cette expédition en Mongolie qu'il y a bien une "salle" privée en dessous de leurs pieds et qu'il doit s'agir de ce qu'ils recherchent tous.     L'effervescence est à son comble, les objets sont emmenés un par un, bien après des péripéties pour y accéder et un carnage sera le premier pas vers des drames plus imposants. Sophie est intriguée par cet ovoïde qui a, semble-t-il tué son rat sans savoir comment. Elle a beau être vétérinaire et assistante, elle n'en est pas moins intelligente et férue d'histoires. Sans être archéologue, elle a de bonnes connaissances et ne s'arrêtent pas à ce qu'elle voit : elle cherche, fouine, travaille sans relâche pour comprendre ce qu'est cet objet qui semble animé. Un œuf fabriqué ? Un objet qui vient d'où ? Et si... C'était autre chose ? Mais quoi ? Une véritable traque se met en place afin de comprendre pour elle. Tandis que d'un autre côté, nous avons un homme qui, enfermé dans un institut, a plusieurs personnalités, dont celle d'un ange ? Le psychiatre donne un nom à cette entité, mais quel est le rapport entre un objet vieux de... centaines d'années si ce n'est plus et un homme qui semble fou ?     L'auteur nous emmène dans les tréfonds de l'âme humaine, apportant ainsi une noirceur insoupçonnée. Qu'est-ce qui peut aller au-delà du pouvoir ? Le sang ? L'envie meurtrière ? Et si tout n'était pas uniquement du fait de l'homme ? Cet objet n'est pas le seul et il semble attirer tout ce qu'il y a de plus néfaste en l'Homme, car vouloir ressentir la souffrance de l'autre, ainsi que gouter son sang n'est pas "normal" pour notre monde. Chacun des personnages évolue à sa manière entourant ce culte voué à une puissance supérieure. Si Sophie se retrouve auprès de ceux qui en sont les membres sans le savoir, le fils du psychiatre, Christian se retrouve embarqué dans l'histoire par plusieurs faits, dont celle de la mort inexpliquée de son père. Christian est paraplégique des suites d'un accident, pour autant il n'est pas dénué de capacités surprenantes. C'est sur ce point que j'ai un peu tiqué, comment est-il si doué avec certaines de ces armes ? Je peux comprendre que Maria Jesus, alias Buffy puisse lui montrer certains points, mais pour le reste, il faut tout de même un peu de pratique, non ? Autrement le duo composé de cette vieille femme et d'un handicapé est surprenant et indique qu'il suffit d'y croire pour réussir à atteindre son but. Même en y laissant des plumes.     Les personnages sont travaillés, aussi bien les "méchants" qui ne s'arrêtent pas à un moment d'humanité qu'ils n'ont plus depuis qu'ils ont gouté à la puissance de leur culte. Ion Radescu en est l'un des fidèles les plus fervents et surtout le plus drogué. Ce manque qu'il subit, cette jouissance qu'il ressent alors qu'un meurtre est commis le rend encore plus effrayant, tout autant que les maitres et autres membres de ce culte particulièrement malsain. J'ai beaucoup apprécié également le père de Sophie, Hoang Li qui apporte de nombreux éléments sur le sujet des dragons, des vampires et surtout sur ce dont Sophie a besoin de savoir. Certains personnages ne font que passer et apportent de nombreux éléments pour ceux qui restent. Au-delà du fantastique, il y a cette part de thriller qui nous emmène dans un monde que nous aimerions n'avoir qu'en livre. Une quête de pouvoir immense qui se joue entre plusieurs protagonistes dont certains ne pensent même pas pouvoir imaginer. L'envie de croire en quelque chose de plus grand est à la portée de tous, mais y adhérer et comprendre les enjeux n'est plus un jeu, il s'agit de survie.     Certaines scènes sont violentes, mais courtes. Le sang coule à profusion sans pour autant amener des envies de vomir. C'est presque avec une certaine fascination que j'ai suivi les actes de chacun afin d'en savoir plus et de suivre le fonctionnement de certains d'entre eux. Je n'avais pas vraiment d'idée sur le final, avant l'épilogue qui nous amène à une nouvelle voie. Ce final qui nous amène dans une bataille grandiose où le Mal se doit d'être éliminé. Mais est-ce que cela sera vraiment le cas ? La façon dont Christian découvre ce que Sophie a reçu est fascinant et être à sa place, même avec ce qui se produit, fait malgré tout envie. Se rendre compte que nous sommes tout petit face à cette immensité qui n'est qu'une goutte d'eau dans la mer. C'est à la fois philosophique et psychologique comme récit, se poser les bonnes questions et ne pas s'arrêter à son nombril. La plume est plus profonde, plus recherchée également comparé à d'autres livres que j'ai déjà lu de cet auteur. Il vaut mieux ne pas louper un mot au risque de se perdre en chemin, plus que les membres sanguinaires.     En conclusion, il s'agit d'un récit qui débouche sur un panel de questions sur la vie d'une manière générale. Des personnages travaillés, un enchevêtrement de quêtes où le sang et la douleur sont mise en lumière. Le mythe du vampire revisité, un culte qui est prêt à tout pour réveiller un Dieu, un suspense qui maintien éveillé, ne cherchez plus si vous désirez un récit où se mêle des croyances et le fantastique dans la même main.  

 Extrait choisi :  

« Christian ne ressentait aucune attirance pour le paranormal. Il aimait l'univers précis et solide des mathématiques, l'esprit de la logique. Tout ce qui appartenait au domaine du flou, de l'hypothétique, le révulsait. Mais il se sentait dans l'obligation de découvrir ce qui était arrivé à son père. Et pour cela, il devait vérifier si l'étrange intérêt de Dieter Mrazek pour une secte sanguinaire assimilée par un vieux moine orthodoxe aux légendaires vampires n'était pas la cause de son assassinat.
Après avoir compulsé quelques ouvrages et regardé plusieurs films qui l'avaient passablement ennuyé, il avait tenté d'obtenir des renseignements grâce à Internet. Il avait découvert avec une stupéfaction mêlée de dégoût que non seulement des hurluberlus éprouvaient pour les buveurs de sang une obsession pathologique, mais que certains se prenaient pour des vampires. »

Le Dieu vampire (Jean-Christophe Chaumette)


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