Les sept Morts d’Evelyn Hardcastle de Stuart Turton

Par Livresque78

Attention : Objet Littéraire Non Identifié ! J'ai gagné ce roman sur Instagram et je l'ai lu à l'occasion d'une lecture commune sur Instagram aussi. Il avait attisé ma curiosité depuis un moment et je dois dire que je n'ai pas été déçue de l'aventure. A la frontière du roman policier, du roman fantastique, du roman à clés et du roman d'époque, Les Sept Morts d'Evelyn Hardcastle est tout simplement indéfinissable.

Voici la quatrième de couverture : Ce soir à 23 heures, Evelyn Hardcastle va être assassinée.
Qui, dans cette luxueuse demeure anglaise, a intérêt à la tuer ?
Aiden Bishop a quelques heures pour trouver l'identité de l'assassin et empêcher le meurtre.
Tant qu'il n'est pas parvenu à ses fins, il est condamné à revivre sans cesse la même journée.
Celle de la mort d'Evelyn Hardcastle.

Du roman d'époque celui de Stuart Turton a l'ambiance : le manoir, les voitures à chevaux, les bals, les parties de chasse, les mariages arrangés... On se croirait dans Downtown Abbey ou chez Jane Austen. Des sociétés corsetées où règne une étiquette stricte mais où l'hypocrisie est la pièce maîtresse.

La quatrième de couverture est assez explicite quant aux liens du roman avec le genre policier. Certains chroniqueurs ont parlé d'Agatha Christie, et je les rejoins volontiers, bien que j'aie ressenti, personnellement, l'influence très forte du jeu Cluedo : on sait qui va être tué, on doit savoir où, pourquoi et par qui.

Pourquoi un roman fantastique ? Chaque matin, notre narrateur se réveille dans la peau d'un autre hôte du manoir Hardacastle. Il apprend assez tôt quels corps il va habiter ensuite et il se retrouve tour à tour banquier, médecin, policier, artiste, tout autant que couard, obèse, impulsif ou réfléchi. Autour de lui, ceux qui mènent la danse sont invisibles, ils ont des sous-fifres, appelés le médecin de peste et le valet de pied, tous menaçants, certains amis, certains ennemis.

Roman à clés enfin, car il faudra connaître la fin du roman pour comprendre comment Aiden Bishop (qui ne sait d'ailleurs pas, au début, qui il est en réalité) s'est retrouvé là, à jouer ce rôle et comment il va en sortir. Chaque personnage qui lui sert de corps dénature peu à peu son " moi " profond, il lui faudra se battre, mais il ne sait même plus pour quoi.

Un univers glaçant pour un huis-clos surnaturel, seule la maîtrise de la psychologie des personnages parviendra à mettre un terme à cette lugubre répétition. J'ai beaucoup aimé me perdre dans les méandres de ces différents secrets, de ces diverses personnalités. Je ne vous cache pas qu'il faut toutefois s'accrocher. Chaque personne apprend et sème son lot d'indices, il faut être attentif à tout, tout mettre en ordre pour comprendre. Je ne suis d'ailleurs pas certaine que quiconque puisse deviner avant la fin l'étendue de la toile d'araignée des Hardcastle. Le meurtre est le point d'ancrage, mais ce sont de nombreux homicides qui viennent compliquer la tâche d'Aiden. Heureusement gravite autour de lui Anna, une jeune femme perdue, elle aussi, mais qui tient à l'aider à comprendre. Et Anna elle-même aura finalement ses secrets...

Si le troisième quart du livre peut sembler lassant à certains, je ne l'ai, pour ma part, pas ressenti ainsi. Aiden Bishop commence à estimer l'ampleur de l'enquête et s'ajoute à celle-ci sa quête personnelle, d'identité et de souvenirs. Ce qui devient confus dans la narration me semble mimer la confusion dans laquelle le personnage vit, et j'ai trouvé que c'était finalement l'une des forces de ce roman.

En bref, c'est un texte d'une grande originalité et une enquête riche et complexe qui m'a vraiment passionnée d'un bout à l'autre. Vous connaissez ? Qu'en avez-vous pensé ?

Priscilla