L’heure des fous – Nicolas Lebel

L’heure des fous – Nicolas Lebel

L'heure des fous - Nicolas Lebel - Le Livre de Poche, Avril 2019.

Une intrigue intemporelle, des personnages inclassables, je suis tout d'abord restée assez sceptique face à ce récit auquel je ne m'attendais pas. Surprise donc mais finalement plutôt ravie de cette découverte!

L'équipe du capitaine Mehrlicht est sur le qui-vive : un SDF a été poignardé à mort sur une voie désaffectée près de la Gare de Lyon à Paris. Le commissaire Matiblout veut que l'affaire soit traitée vite fait bien fait, d'autant plus que des ouvriers témoins de l'agression prétendent que la victime a été tuée par trois autres SDF : le scénario d'un simple règlement de comptes entre vagabonds est privilégié... jusqu'à ce que soit révélée la véritable identité de la victime... Un jeu de piste qui va entrainer les enquêteurs au cœur du bois de Vincennes où vit en toute illégalité une communauté aux mœurs moyenâgeuses, sur les traces d'un journaliste et d'un étudiant en sociologie.

Moi qui pensais lire un thriller actuel, " classique ", il m'a fallu un temps d'adaptation avant d'apprécier ce roman policier décalé et improbable, surprenant et original, dont les personnages sont aussi fantasques qu'amusants... A commencer par le capitaine Mehrlicht, petit homme à l'allure de batracien dont la gouaille est inspirée par le cinéma de Blier ou d'Audiard (dont il est fan comme en témoigne les sonneries de son téléphone, répliques de célèbres films): à lui seul il vaut le détour, j'ai souri et ri à la plupart de ses réparties, même si certaines n'ont pas fait mouche. Aussi travaillés que ce personnage atypique, les fidèles lieutenants du capitaine mènent l'enquête : Dossantos est un justicier, fervent connaisseur du code pénal, décidé à faire régner la justice en toute circonstance, peu importe le prix; le lieutenant stagiaire François Ménard que Mehrlicht prend un malin plaisir à bizuter; et Sophie Latour, assignée aux flash mob, chez qui l'on découvre au détour d'une page une humanité insoupçonnée. Quelle imagination faut-il avoir pour inventer de tels personnages ! Ceux de Nicolas Lebel sont dignes de Fred Vargas ou de Benoît Philippon. Le petit hic est que, avec des personnages qui emportent tout sur leur passage, je me suis plus attachée à eux qu'à l'intrigue elle-même: difficile avec autant d'originalité et de richesse dans leur caractères de se concentrer sur cette intrigue, qui finalement m'a semblée secondaire, je pense être passée un peu à côté...

De nombreuses références littéraires et historiques jalonnent ce roman, puisque l'auteur retranspose au 21ème siècle une " Cour des Miracles " en plein Paris comme on en trouvait au 17ème siècle: ces zones de non-droits étaient le refuge de mendiants qui étrangement y perdaient leur handicap la nuit venue... J'ai trouvé l'utilisation de ce fait historique particulièrement originale dans une intrigue telle que celle-ci. Et finalement je lirai volontiers la suite de cette série consacrée à l'équipe du capitaine Mehrlicht!


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