Le Labyrinthe des femmes – Coline Gatel

Le Labyrinthe des femmes – Coline Gatel

Le Labyrinthe des femmes - Coline Gatel - Editions Préludes - 05 Mai 2021.

Je ne suis pas une habituée des thrillers historiques, mais je dois dire que j'ai passé un bon moment de lecture avec Le Labyrinthe des femmes. Cette deuxième enquête de l'équipe formée par le Professeur Lacassagne succède aux Suppliciées du Rhône, qui a obtenu le Prix du Roman KOBO by Fnac- Préludes- Le Point. Ce roman peut très bien se lire indépendamment du premier, que je n'ai d'ailleurs pas lu, toutefois des références y sont faites et il me semble dommage pour la psychologie fort développée des personnages de ne pas lire les deux romans.

1898 - Lyon : l'éminent Professeur Lacassagne, père de l'anthropologie criminelle, rassemble son équipe, précédemment entachée de quelques scandales, pour résoudre une affaire sordide : des cadavres de femmes sont retrouvés dans un charnier sous une église en rénovation du quartier de La Croix Rousse. A quelques pas de là, le corps d'un nouveau-né est repêché dans le Rhône... Alors que les membres de l'équipe vivent chacun des moments forts de leur vie personnelle, ces deux affaires vont leur donner du fil à retordre. Félicien Perrier, fils spirituel du professeur sort d'une cure de désintoxication et entretient une relation avec le psychothérapeute Sigmund Freud. Son collègue et adversaire, également légiste, Bernard Lécuyer, pose un regard acerbe et conservateur sur une société en pleine évolution. Irina, la journaliste, quant à elle, se fait volontairement internée dans un asile pour pouvoir témoigner des conditions inhumaines qui y sont réservées aux femmes.

Ce livre ne manque pas d'intérêts : c'est tout d'abord un voyage dans le temps, brillamment mené. J'ai eu le plaisir de retrouver une écriture surannée qui m'a rappelé mes lectures adolescentes : E.A Poe, Maurice Leblanc, Conan Doyle. Je me suis retrouvée propulsée dans ce Lyon crasseux de la fin du 19ème siècle, j'avais l'impression d'entendre les sabots sur les rues pavées, de sentir les odeurs, parfois nauséabondes (le mot est faible) de la morgue, d'entendre les discussions des badauds. Pour en arriver à ce résultat, je n'ose imaginer le travail de l'auteure: les informations scrupuleusement récoltées sur la vie quotidienne, les différences de classes, le traitement réservé aux femmes dans un asile, etc...

Le vocabulaire d'époque notamment dans les dialogues est abondant et toujours expliqué. Le résultat m'a semblé réaliste même si j'ai parfois eu du mal à suivre le fil de l'enquête. L'auteure possède une habileté à créer le suspense de façon à mettre le lecteur sur les dents... Certaines scènes, dans la première partie sont particulièrement éprouvantes et attisent l'intérêt du lecteur. J'ai appris beaucoup de choses sur cette époque, notamment sur la condition des femmes, qu'elles soient mariées ou non, et qui pouvaient pour un rien être jetées à l'asile... Rien que pour ces portraits, je vous conseille ce roman. J'ai songé durant ma lecture à la Rose de Franck Bouysse dans . Egalement aux pauvres internées du Bal des Folles de Victoria Mas. Ce livre est un vertueux témoignage de la condition féminine au 19ème siècle.

J'ai frôlé le coup de cœur, à un chouia, en cause le rythme qui ralentit un peu en milieu de roman, mais c'est peu de chose par rapport à l'intérêt proposé par les thématiques de cette intrigue. Je remercie les Editions Préludes et Net Galley pour leur confiance renouvelée.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois