Les Noces de la Renarde par Floriane Soulas

Les Noces de la Renarde par Floriane SoulasEditions Scrineo

Quatrième de couv’ :

1461, Japon. Hikari vit dans les forêts peuplées de croyances et de dieux du Japon du 15ème siècle et s’intéresse de près au village installé au pied de la montagne… à ses risques et périls.

2016, Tokyo. Mina, qui a le pouvoir de voir les yokaï, esprits et monstres du folklore japonais, va se laisser entraîner dans une chasse au démon, en plein cœur de Tokyo. 

Deux univers qui se croisent et s’entremêlent, entre quête d’identité et désir d’émancipation.

Mon avis :

Après ma lecture de Rouille, je me suis lancée dans le second roman de Floriane Soulas :

  • L’intrigue :

On navigue entre le Japon du XVème siècle dans un petit village de montagne de la province d’Izumi et le Japon actuel dans le Tokyo effervescent que l’on connait, où deux héroïnes, Hikari et Mina vont se retrouver lier à travers les siècles entre le monde des Hommes et celui des Yokaïs.

Hikari est un esprit renard et la chasseresse de son clan. Lors du mariage d’une de ses soeurs, des humains ont été témoins de cette scène qui leur est interdite et sont condamnés à mort, Hikari sauve l’un des bûcheron, Jun, mais cela finit par se savoir. Pour réparer sa faute, elle doit tuer ce dernier ou elle sera exclue pour toujours du clan et perdra ses pouvoirs.

Mina est une jeune lycéenne qui passe pour bizarre. Elle voit sans cesse les fantômes et fait tout pour ne pas y faire attention, terrorisée par ce pouvoir dont elle voudrait se débarrasser. C’était sans compter une camarade de classe, Natsume, qui va au contraire la plonger dans ce monde magique, elle va devoir affronter sa nature et découvrir ses origines.

  • Les personnages :

Au XVe siècle, on suit Hikari une jeune kitsune, un esprit renard, qui est fascinée par les humains et les observe en secret. Elle vit dans la forêt avec ses soeurs et le clan s’inquiète de l’avancée des Hommes sur leur territoire qui parait inexorable. En tant que chasseresse, sa place est importante dans le groupe mais elle attise également la méfiance et la jalousie de la cheffe, Ino, qui sent le pouvoir de Hikari commencer à monter en puissance et tutoyer le sien. En parallèle, chez les humains nous suivons l’un des bûcherons, Jun, qui craint comme son chef de s’enfoncer aussi loin dans les bois mais la guerre est proche et les besoins sont grands pour ce matériau, pour se rassurer les bûcherons font des offrandes pour calmer les petits dieux de la Nature. L’une des jeunes filles du village a disparu et le père réclame des fouilles dans la forêt, malgré des lueurs étranges qui commencent à apparaitre la nuit. Un soir, les villageois réclament aux forestiers de faire leur devoir exhortés par le père en colère, cette nuit-là ils tombent sur un spectacle qu’ils n’auraient jamais dû voir, les noces de Rika, l’une des soeurs de Hikari. Celle-ci pense être la seule à s’apercevoir de la présence des hommes et aide Jun à les faire fuir, mais la vérité finie par éclater et le clan massacre ceux qui ont contemplé ce qui leur était interdit, tous sauf un, Jun a été sauvé par Hikari mais son secret est éventé. Ino tient là sa vengeance, la jeune kitsune doit tuer elle-même l’humain qu’elle a sauvé ou elle sera reniée par son clan.

En 2016, nous suivons la jeune Mina qui voit toutes sortes d’esprits et fait tout pour paraître ne s’apercevoir de rien, elle passe pour la fille bizarre du lycée, sans être véritablement harcelée, elle est mise à l’écart du groupe. Natsume, la déléguée de classe, l’a vu briller lors d’un incident survenu en sortie scolaire près des temples de Kyoto, elle n’a rien dit aux autres mais elle a l’air de savoir bien mieux que sa camarade de quoi il retourne, et pour cause, les membres la famille de Natsume ont tous un don qui leur permet de chasser les démons. Là où Mina ne faisait que survivre et prendre ce don pour une malédiction dont elle voudrait être débarrassée, Natsume l’envie car chez elle le don n’existe quasiment pas et elle fait honte à sa famille, elle réclame à Mina de l’aide pour lui permettre de développer le sien et en contrepartie elle l’aidera à trouver les origines du sien. Le père de notre jeune héroïne était orphelin et lui-même est mort quand Mina était petite, ne lui permettant pas de l’instruire sur leur spécificité. En parallèle, les yokaïs sont traqués par une force maléfique qui les vident de leur âme et Natsume va entrainer Mina dans l’enquête, ouvrant tout un monde insoupçonné par la jeune fille.

  • Le folklore japonais :

Dans ce roman on est totalement immergé dans la culture japonaise et sa spiritualité avec tout un vocabulaire spécifique disséminé tout au long de la lecture accompagné de notes de bas de page pour expliciter les termes employés permettant au lecteur de vivre au mieux le récit. Entre les deux temporalités on voit également l’évolution de la place de cette spiritualité dans la vie des gens. Au XVe siècle, les esprits étaient craints et respectés, les offrandes foisonnaient sur les autels un peu partout dans les bois, les plaines et les montagnes mais au XXIe siècle, avec l’apogée de la technologie et une Nature qui est de plus en plus domptée par la main de l’Homme, les esprits ont dû apprendre à vivre dans un monde radicalement transformé et qui ne leur appartient plus, obligés de se contenter d’espaces cachés où se retrouver entre eux. Avec Mina et Hikari on va rencontrer des yokaïs de toutes sortes, une Yuki-onna qui est une femme des neiges, la personnification de l’hiver et des tempêtes de neige, un Tanuki qui est un canidé ressemblant à un raton laveur, ils peuvent prendre plusieurs formes et sont symbole de chance et de prospérité, ou encore un Bakeneko qui est un chat fantôme qui pourrait ressusciter les morts, etc

En bref :

J’avis bien aimé le premier roman de l’autrice Rouille, et dans ce deuxième la narration est mieux maitrisée avec un final qui tient pleinement la route. J’ai aimé mon voyage au Japon immergée dans le monde des Yokaïs et autres esprits du folklore japonais.

D’autres avis chez : Dup, Choupaille, Symphonie, Amanda, Sometimes, Hélène.

Bonne lecture !


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois