J’ai 14 ans et ce n’est pas une bonne nouvelle de Jo Witek

J’ai 14 ans et ce n’est pas une bonne nouvelle de Jo WitekJ'ai 14 ans et ce n'est pas une bonne nouvelle

Jo Witek

Actes sud junior

Février 2021

" [...] je suis convaincue que le monde m'appartient. J'ignore encore que je me trompe et que c'est moi qui depuis ma naissance, lui appartiens. "

Efi rentre du collège, heureuse, pour passer les deux mois de vacances chez ses parents dans leur village où l'électricité est précaire et l'accès à Internet impossible. Elle est insouciante, sûre d'être accueillie comme une princesse, elle qui va au collège, que ses parents destinent aux études. Elle va pouvoir retrouver ses amies, se baigner avec elles, vivre sa vie de jeune fille de 14 ans.

Mais non. Elle apprend qu'elle est nubile (terme qu'elle découvre) et sa vie va très vite devenir un cauchemar.

C'est ce qu'on appelle un livre indispensable, à faire lire à tous les jeunes, un livre pour comprendre ce que vivent les jeunes filles dans certains pays. Le lieu n'est pas identifié, c'est en Afrique mais ça pourrait être partout dans le monde. Partout où les hommes décident à la place des femmes, où les mères doivent élever leurs filles dans ce but précis, les marier le plus tôt possible, ce qui fera une bouche de moins à nourrir et nul besoin de payer des études.

Dans un style simple mais pas simpliste, plutôt dépouillé, Jo Witek aborde le thème du mariage forcé des jeunes filles. Ce livre est un cri, il bouleverse, il émeut. Les phrases claquent comme autant d'avertissements. Et l'on se rend compte que les filles ne sont pas les seules otages d'une tradition désuète, mais les garçons le sont aussi, eux qui se doivent de faire respecter ces coutumes ancestrales, qu'on élève dans un esprit de domination et de violence.

Présenté comme un témoignage, ce roman frappe fort et alerte.

" Il était une fois une collégienne mineure qu'on allait marier de force. Il était des millions de fois en réalité. Douze millions de fois dans le monde chaque année. Je le sais aujourd'hui parce que j'ai survécu. D'autres se sont suicidées, d'autres ont été sauvagement assassinées par leur père, leurs frères, leurs oncles ou leurs cousins. Des invisibles. Vivantes comme mortes. Qu'est-ce après tout que la vie d'une jeune fille ? "

" Nous, les femmes, ici n'avons qu'un seul rôle à jouer : obéir aux hommes et enfanter. "

Non, les femmes ne sont pas que des corps, objets de désir et façonnés pour faire des enfants !

Jo Witek incite à la révolte, à la réflexion, et avec talent.

" Dans le sang ou dans la non-violence, il n'y a pas d'autres façons de se libérer que de désobéir. "

Merci à Netgalley et aux éditions Actes Sud pour l'envoi de ce texte.

J’ai 14 ans et ce n’est pas une bonne nouvelle de Jo Witek

wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois