Les sept ou huit morts de Stella Fortuna de Juliet Grames – Editions Presses de la cité

Les sept ou huit morts de Stella Fortuna de Juliet Grames – Editions Presses de la citéRoman qui m'a été offert à Noël par mon fils, Les sept ou huit morts de Stella Fortuna est une véritable saga familiale qui sent bon l'Italie mais c'est aussi un trompe-l'œil, derrière un titre et des premières pages qui prêtent à sourire, se déroule un roman où le drame tient une grande part. Les sept ou huit morts de Stella Fortuna de Juliet Grames – Editions Presses de la cité

Si Stella Fortuna veut dire " bonne étoile ", alors la vie a un drôle de sens de l'humour. Car dans la famille Fortuna, tout le monde connaît l'histoire de la belle et insolente Stella, qui a refusé d'apprendre à cuisiner, a juré de ne jamais se marier, et a surtout échappé plus d'une fois à une mort certaine.
Depuis son enfance en Calabre, dans les années 1920, jusqu'à sa vie de femme en Amérique, son existence a été ponctuée de situations banales qui, mystérieusement, ont tourné au cauchemar. Stella a quand même été attaquée par une aubergine et éviscérée par des cochons, elle a failli périr noyée dans l'Atlantique et s'est pratiquement vidée de son sang. Pures coïncidences, oeuvre d'un fantôme ivre de vengeance ou manifestations du mauvais oeil ?

Une saga familiale ébouriffante, couvrant près d'un siècle et deux continents, où il est question de secrets, d'envoûtements et des liens du sang - et qui accomplit ce qu'aucune leçon sur l'immigration en Amérique ne pourrait faire en donnant chair à une femme que le temps et l'Histoire auraient ignorée.

Un roman absolument passionnant que j'ai vécu de l'intérieur, entre Italie et Etats-unis, entre pauvreté et rêve américain, la famille Fortuna m'a faite vibré de la première à la dernière page. Je termine ce roman avec une affection particulière pour Stella, bien entendu, mais aussi et pour sa soeur Tina et surtout pour leur mère Assunta, une femme incroyable qui force le respect. Attention la famille Fortuna est bien plus conséquente que les membres féminins que je viens de vous citer, le chef de famille Antonio est également au centre de cette histoire car il est le déclencheur, l'instigateur du devenir de Stella. Assunta a également mis des fils au monde, des enfants en " veux tu en voilà " tant que le corps féminin le permet. Une fresque haute en couleurs car Italienne du siècle précédent, des femmes qui ont vécu au coeur d'une époque et d'une société où la femme n'était que l'ombre de son mari après avoir été celle de son père, où elle ne pouvait choisir son destin, où son avenir était tracé par un père, chaperonné par des frères, puis décidé par un époux. Stella se voulait différente, elle souhaitait vivre ce que chacune d'entre nous est libre de choisir aujourd'hui, la liberté d'être celle que l'on souhaite. Juliet Grames crée un personnage que les lecteurs ne peuvent qu'aimer, même si quelquefois l'incompréhension et l'envie de secouer Stella nous effleurent, mais c'est d'une autre époque dont il s'agit, une période où la femme n'avait aucun avenir seule, elle finissait donc par suivre le mouvement imposé et le lecteur finit par le comprendre. On jongle ici entre des êtres attachants et inspirants et d'ignobles personnes dont la cruauté ne prendra son ampleur totale qu'au fil des pages. Pas de surprise, les gentils le restent et les méchants le sont encore, la vie n'est pas toujours faite de justice, mais les bonnes âmes parviennent parfois à racheter les horreurs de ce monde. Un superbe roman, une famille et une histoire telles qu'on aime en découvrir dans les romans, je n'ai aucune difficultés à imaginer une adaptation sur grand écran, il faudrait alors des acteurs triés sur le volet afin de capter l'essence même des personnages crées par l'auteure. On sourit, on pleure, on souffre et la colère affleure parfois à la surface, un roman tel que je les aime.

Mag


wallpaper-1019588
Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois