Yûko Yuzuki : Le Loup d’Hiroshima

Yûko Yuzuki, Maurice Leblanc, Agatha Christie, Conan DoyleYūko Yuzuki, née en 1968, est une auteure japonaise de romans policiers, une douzaine à son actif. Grande connaisseuse de Maurice Leblanc et d'Agatha Christie, sa préférence va néanmoins à Conan Doyle. Roman paru en 2018 et premier traduit en français, Le Loup d’Hiroshima vient d’être réédité en poche.  

Hiroshima durant l’été 1988. Le commandant Ôgami et son jeune lieutenant fraichement arrivé Hioka, enquêtent sur la disparition d’un comptable lié à une entreprise mafieuse. Leurs investigations les mènent dans les sphères des gangs de yakusas où une guerre risque d’éclater entre deux clans.

Ôgami est un flic roublard aux méthodes peu orthodoxes mais qui lui permettent d’avoir ses entrées parmi les yakuzas, au grand dam de sa hiérarchie qui ne tolère pas ses écarts avec les règlements mais s’incline devant ses bons résultats. Hioka, lui le petit scarabée, débarque sur le terrain avec l’insouciance de sa jeunesse nourrie de ses connaissances théoriques. Une profonde amitié va les lier, le jeunot d’abord surpris et mal à l’aise avec les combines de son boss, engrange les ficelles du métier. Plus tard, une vieille affaire impliquant Ôgami et risquant de le faire tomber, un cas de conscience moral va décider de l’avenir de Hioka dans la police…

J’étais parti pour un polar classique or il se trouve que cette lecture me laisse perplexe car au fil des pages, je suis passé par divers états, l’attente de quelque chose qui ne venait pas, l’ennui presqu’au point d’abandonner le livre, l’étonnement de ne pas le faire et la surprise d’aller à terme, pépère, sans plus broncher.

L’amateur de sensations fortes sera déçu ici, pas de scènes de violence, pas de sexe, même pas de rebondissements pour fouetter la narration, rien que dalle ! Il y a des cadavres certes, mais c’est le minimum syndical du genre. D’où mon étonnement et début d’ennui. Pour ébaucher une piste de compréhension, n’oubliez pas que c’est un roman japonais, la patience orientale n’est pas qu’une vaine formule. Une fois cette idée en tête, ma lecture désormais apaisée, ne cherchant plus à trouver ici ce que j’ai l’habitude de lire dans les polars occidentaux, je me suis laissé guider jusqu’à l’épilogue qui lui, c’est avéré relativement surprenant.

L’écriture est dense, les explications abondent un peu trop, les détails sont nombreux ; des digressions instructives ( ?) sur la vie au Japon, sur les procédures de la police nippone ou sur le monde des yakusas ; tout cela crée des longueurs qu’on supportera mal si l’on attend de l’action, des coups de feu ou des rixes.  

Si ma modeste contribution vous a fait comprendre l’esprit du bouquin, tout en précisant qu’il n’est pas indispensable, vous pouvez vous y aventurer. Idéal pour ceux qui aimeraient lire des polars pas trop bêtes mais détestent la violence et le sexe affichés.


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Tous 2, le roman de Testu est philosophique et spirituel à la fois